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3 mars 2019

Le musée Unterlinden de Colmar et « La Piscine » de Roubaix

Edouard DABROWSKI

"La Piscine" à Roubaix

Les anciens bains municipaux de Colmar

Vous voulez être candidat à la mairie de Colmar ? Avec une belle unanimité, les fins connaisseurs de la politique locale vous conseilleront de ne pas attaquer trop frontalement l'actuel locataire, arguant du fait que (presque) tous les Colmariens ont, au moins une fois dans leur vie, voté pour lui. Pour ne pas froisser l'électorat conservateur, il faudrait tresser des couronnes à Gilbert Meyer, dire qu' « il a beaucoup fait pour l'embellissement de la ville » et que sa gestion financière aurait déjà dû paraître dans le Guinness des records.

Eh bien parlons de l'embellissement ! Ce sont les grands architectes, entrepreneurs, bâtisseurs du passé qui ont fait de Colmar ce qu'elle est, un joyau de la Renaissance et ce pour quoi elle attire les touristes. Encore heureux que GM ait effectué quelques travaux par-ci, par-là, grâce à la cagnotte que son prédécesseur lui a laissée, c'est la moindre des choses en presque un quart de siècle qu'il est à la tête de la ville. Non, il ne l'a pas embellie, il l'a transformée petit à petit en parc d'attractions pour touristes, avec sa dernière trouvaille, le mapping, projection d'images animées kitchissimes sur des façades historiques, soi-disant pour les valoriser, une plaisanterie à 2,5 millions d'euros.

Mais que ne ferait-on pour les touristes...

La propagande municipale et son corollaire, le lavage de cerveau, fonctionnant à plein régime, s'extasier sans se poser de questions devant les réalisations du maire devient chez bon nombre de nos concitoyens la règle. L'extension du musée Unterlinden en est un bel exemple.

En vrac, quelques non-sens qui sautent aux yeux : l'édicule à l'architecture improbable, véritable verrue dans le paysage, occultant la façade néo-baroque des anciens bains municipaux ; le choix du « tout minéral », aberration écologique, imposé par l'architecte, allant jusqu'à interdire toute trace de verdure ; la suppression de tout ce qui pouvait rappeler la vocation du bâtiment, les bains municipaux, d'un intérêt patrimonial réel.

Du coup, la comparaison avec le musée « La Piscine » de Roubaix (une ville sinistrée où le taux de pauvreté est l'un des plus élevés de France) prend tout son sens. « La Piscine » attire entre 200.000 et 250.000 visiteurs par an, selon les années, alors que le musée Unterlinden, en perte de vitesse, est repassé sous la barre des 200.000 visiteurs en 2018. Nous sommes loin de l'euphorie de 2016 quand Thierry Cahn, le président de la société Schongauer qui gère le musée rêvait d'en faire « le musée le plus fréquenté de France » :

2 mars 2019

Un gilet jaune pour Gilberte*
(*surnom de la statue de la Liberté)

Dessin de Phil / DNA

Les Gilets jaunes du Grand Est projettent d'habiller symboliquement la statue de la Liberté, aujourd'hui, en début d'après-midi, à l'aide d'une grue et d'une nacelle. Que penserait son créateur, Auguste Bartholdi, de cette récupération ?

28 février 2019

Retour sur le dernier conseil municipal

Vote du budget : La parole à l'opposition

Frédéric Hilbert :

- Le quotidien des Colmariens n'est pas assez pris en compte. Pour financer vos projets, nous avons un budget de fonctionnement qui est à l'os, d'après les propos que vous aviez tenu l'an dernier, c'est bien le résultat de votre gestion depuis de nombreuses années.

- Les associations qui manquent de locaux, des infrastructures qui manquent d'entretien, des feuilles mortes qui sont ramassées très tardivement, mais bon, tout va bien puisque les lumières de Noël ont été posées à temps.

- Quand vous dites que le parking de la Montagne Verte c'est un poumon vert, moi je veux bien un poumon vert ; on attire encore plus de voitures au centre-ville et on dit, parce qu'on met quelques bacs à fleurs sur le dessus, que c'est un poumon vert ?

Tristan Denéchaud :

Pour ma part, c'est la même chose que pour mes collègues, on n'est pas d'accord avec la philosophie générale (...), on a comme toujours un investissement, un fonctionnement à l'os qui est comprimé au maximum. Quand vous êtes fier de dire, voilà, le fonctionnement est comprimé, il n'augmente pas, cela veut dire que derrière, c'est un service aux Colmariens qui n'augmente pas. On peut toujours faire des économies, mieux s'organiser, etc. Mais jusqu'à un certain point. Là, sur 5 ou 10 ans, on a un fonctionnement qui ne bouge pas, cela veut clairement dire que le service se dégrade et je pense que la majorité des Colmariens le constate tous les jours, notamment ceux qui ont le plus recours aux services.
On compare à Strasbourg, on compare à Mulhouse, mais tout le monde ici peut comparer les services qui sont offerts à Colmar et ceux qui sont proposés à Strasbourg ou à Mulhouse. À Mulhouse, s'il faut parler des transports, c'est 2 lignes de tram, à Strasbourg c'est 5 lignes.
Je ne prends [en exemple] que les transports, mais dans tous les domaines c'est pareil, dans la culture, dans le social, dans l'investissement pour les écoles, le fonctionnement... (...) Vous prenez des différences annuelles par habitant (...) moi, je prends des différences mensuelles parce que ça parle un peu plus aux gens. La différence entre Colmar et Strasbourg, en terme de fiscalité, 12 euros par mois et par habitant. Différence par rapport à Mulhouse, 4,58 euros par mois.
Est-ce que pour 4,58 euros, pour 12 euros par mois, respectivement, on n'a pas un service qui est infiniment meilleur et infiniment plus complet à Mulhouse et à Strasbourg ?
C'est un choix, c'est le choix que vous avez fait, les électeurs se sont en majorité, disons en majorité des exprimés, portés sur votre philosophie. Clairement, je pense que les collègues partagent, ce n'est pas la nôtre, ce n'est pas la mienne en tout cas.
Il y a des choses qui viennent un petit peu tout gâcher, comme le changement des définitions mathématiques. Vous nous avez redéfini une moyenne. Alors maintenant, une moyenne c'est : on prend la valeur la plus basse, la valeur la plus haute, on la coupe en deux et puis c'est ça une moyenne. Non. La moyenne, c'est toutes les valeurs divisées par le nombre de valeurs. Sinon, le salaire moyen en France avoisinerait les 1 million d'euros, et malheureusement ce n'est pas le cas...
Morte, la gauche colmarienne ?

Dessin de Phil (détail)

Oui, Bernard Rodenstein l'a dit sans ambages dans sa récente vidéo (DNA). Selon lui, le fossoyeur en serait Gilbert Meyer himself qui, « à force de vouloir écarter tous ceux qui ont d'autres idées que lui, a fini par tuer tout ce qui est opposition à Colmar ».

Faut-il pour autant en déduire que les "valeurs" de gauche ont disparu elles aussi du paysage politique colmarien ? C'est aller un peu vite en besogne. Certes le parti socialiste, principale incarnation de la gauche est en miettes, tant au plan local que national, mais il est impensable que lesdites valeurs se soient volatilisées, ce serait inquiétant pour la démocratie.

Avec ses collègues élus de l'opposition, MM. Hilbert et Denéchaud, Victorine Valentin a bien du mérite à avancer ses idées humanistes face à un personnage qui se dit démocrate mais qui ne sait ni écouter ni dialoguer et reste muré dans ses certitudes.

Extrait des échanges lors du dernier conseil municipal :

V. VALENTIN : Nous constatons sans surprise que le maniement de la calculette et l'alignement des euros font toujours autant votre bonheur. Mais font-ils le bonheur des Colmariens ?

G. MEYER : Je vous dirai c'est ma science préférée, Madame Valentin.

V. VALENTIN : Nous n'en doutons pas. Mais est-ce que cela fait le bonheur des Colmariens ? C'est ça la question. Vos options budgétaires ont-elles, depuis 2014, permis d'améliorer la qualité et le cadre de vie des Colmariens ? C'est la seule question qui doit prévaloir au moment des choix budgétaires. Et c'est la seule à laquelle il va falloir répondre lors des prochaines élections municipales.
J'espère que les Colmariens iront voter nombreux car moi je vais rappeler un seul chiffre. En 2014, vous avez été élu par un gros quart des électeurs seulement. Ce n'est pas un plébiscite. En 2020, si malgré tous les mécontentements et toutes les insatisfactions dont les Colmariens nous font part et qui ont considérablement augmenté ces derniers temps, ils vous renouvellent leur confiance, à vous ou à votre substitut, cela voudra dire qu'il vous donnent quitus de votre action. De notre côté, nous estimons que votre choix de développement économique presque exclusivement basé sur le tourisme ne répond pas aux besoins réels des Colmariens. Et que l'offre des services à la population est en dessous en qualité et en nombre de ce qui pourrait être fait avec le budget et les moyens qui vous sont alloués.

Y. HEMEDINGER : À Colmar, depuis maintenant plus de 20 ans, nous avons fait en sorte que la finance soit au service des êtres humains qui composent la ville, et pas l'inverse (sic).

V. VALENTIN [s'adressant au maire] : Je sais bien que la démocratie [pour vous] c'est « cause toujours ». C'est sans doute la raison pour laquelle vous avez mélangé toutes nos interventions [de l'opposition] dans votre réponse. Ce que je voulais dire simplement (...) vous avez été élu sur un programme, nous n'avons pas mené ce programme, nous en avons présenté un autre, nous croyons toujours dans les vertus d'un certain nombre de nos propositions qui ne peuvent pas voir le jour puisque c'est vous qui avez la majorité et ce sont ces propositions-là que par fidélité, comme vous à votre programme, nous continuons à défendre. (...).
Le budget n'est pas voté parce que la calculette, elle a calculé juste. Le budget est voté - ou non - en fonction de la philosophie et de la vision qu'il porte. Et nous ne partageons pas les vôtres.

23 février 2019

Réflexion sur la mobilité urbaine



Le 5 février, colmarinfo publiait deux vidéos consacrées à Pontevedra, une ville en Galice, où l'usage de la voiture a été drastiquement limité au profit des piétons.

À son tour, France 2 a diffusé dans son journal du jeudi 21 février un reportage sur le même sujet.


21 février 2019

 Vivien GARNIER 

Contribution des loueurs de meublés : le tourisme, prétexte pour renflouer les caisses ?

Un article des DNA de ce jour met en lumière une des méthodes du systèmes Meyer : la contribution volontaire quasi forcée des loueurs de meublés. Ces derniers ont reçu récemment un sympathique courrier du maire les invitant fortement à payer une contribution, comme les commerçants et les exposants du marché de Noël. Je suppose que cette nouvelle taxe - appelons un chat un chat - officiellement destinée à financer la sécurité du marché de Noël, servira certainement à d'autres fins. Vu les coûts pharaoniques des travaux de la place de la Montagne Verte, on cherche partout, même sous les tapis, de l'argent. Le maire, bon gestionnaire, non content d'avoir augmenté le tarif du stationnement, d'avoir placé le montant de l'amende de stationnement très haut (malgré une promesse...), voilà qu'il souhaite faire participer les loueurs de meublés. Ces derniers reversent déjà la taxe de séjour (5% du montant de la nuitée... tout de même !) et voilà qu'en plus, ils doivent payer une taxe sécurité. De qui se moque-t-on, une fois encore ? Non content de favoriser le tourisme à outrance au point de transformer notre ville en une sorte de Disneyland, il faut en plus que les contributions soient presque obligatoires ? Monsieur le Maire, ne confondez pas Colmar avec Europa Park. Bientôt, il faudra s'acquitter d'un péage pour entrer dans la ville ? L'étape suivante, ce sera quoi ? La contribution volontaire obligatoire (!) des Colmariens dans leur totalité pour financer les marchés de Noël et les parkings ? Vous ne pouvez pas décemment vous féliciter de votre fiscalité stable et basse (à voir...) et prélever ça et là divers impôts déguisés. C'est un procédé plus que discutable, tant pour la bonne conscience que sur la façon de faire. Il serait peut-être temps de comprendre que la ville étouffe sous le poids des vos longues années passée à la barre. Vos successeurs réussiront. Encore faut-il leur faire confiance, ce dont je doute que vous soyez capable, même avec ceux de votre propre camp. Il faut savoir s'arrêter. Colmar ne vous appartient pas. Le trop est l'ennemi du bien... Attention à ne pas vouloir faire trop, si vous voulez que les Colmariens gardent un bon souvenir de vous. Et rendez-vous en 2020 !