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9 mai 2020

Vous avez dit masque ?

Fabien Nierengarten

On ne parle plus que de lui. Il sera la star absolue du début de la fin du confinement. On le demande, on le réclame, on le revendique, on le veut, on l'exige, on se l'arrache. Dans quelques heures, le fameux "masque" sera élevé au rang de précieux sésame, de passeport obligatoire pour un peu plus de liberté, celle de se déplacer et celle de travailler. Autant de droits fondamentaux devenus presque exceptionnels par la faute d'une merde microscopique qui nous empoisonne la vie depuis plusieurs semaines.
 

Le masque, justement, parlons-en. On en voit partout depuis quelques jours. De toutes les couleurs, de toutes les matières, de tous les motifs, de toutes les formes, portés de toutes les façons par toutes les générations. Comme un marathonien qui teste ses chaussures de course avant les JO, beaucoup ont décidé de tester ce "machin" avant l'heure, et même d'en faire un nouvel accessoire de mode. Version "Hey chéri, t'as vu mon nouveau masque, il est assorti à mes nouvelles chaussures !!" - "Oh p'tain chérie, il te va comme un gant ! Vite, vite, un petit selfie pour l'envoyer aux potes. En message masqué, évidemment, histoire de garder le suspense jusqu'à notre prochaine soirée resto avec eux. Sans doute aux alentours de Noël".

Non mais franchement, sans rire, vous avez déjà vu la dégaine qu'on a avec ces capotes anti-virus sur la tronche ?? Certains d'entre nous ressemblent aux bandits qui, dans les westerns de notre enfance, s'amusaient à attaquer les diligences. D'autres ont plutôt le look d'Hannibal Lecter équipé de sa muselière dans "Le silence des agneaux". Conclusion : au mieux, on est juste ridicule, au pire, on est carrément effrayant. Bref, voilà de belles rencontres en perspective dans les prochaines semaines...

Le plus triste dans toute cette histoire déjà pas drôle, c'est qu'on va tous être privés pendant longtemps de quelque chose de très important. Un p'tit rien qui a été décrit par les plus grands écrivains, chanté par les plus grands interprètes, dépeint par les plus grands artistes, sublimé par les plus grands poètes. Un atout charme qui peut égayer une journée quand on le croise dans la rue, ou faire perdre tous ses moyens quand il s'invite sur un visage aimé.

Oui, chers amis, ces satanés masques, tout en nous protégeant du méchant Covid-19, nous priveront du plaisir irremplaçable d'un joli sourire, plus belle expression du bonheur de partager ensemble un peu de temps. Oui, ces saloperies de masques nous ôteront une part de notre humanité, et je les déteste rien que pour ça.

Espérons que tout cela en vaille au moins la peine. Et qu'un jour, après ce fichu bal masqué, rien ne pourra nous empêcher de danser, danser, danser sans s'arrêter, et de faire ce qui nous plaît, nous plaît, car tout sera de nouveau permis. Décalécatan, décalécatan, ohé, ohé...



LP/Philippe Lavieille

6 mai 2020

« Le monde après le coronavirus sera le même, en un peu pire. »

Lettre de Michel Houellebecq à France Inter


Michel Houellebecq - DPA/ABACA


Il faut bien l’avouer : la plupart des mails échangés ces dernières semaines avaient pour premier objectif de vérifier que l’interlocuteur n’était pas mort, ni en passe de l’être. Mais, cette vérification faite, on essayait quand même de dire des choses intéressantes, ce qui n’était pas facile, parce que cette épidémie réussissait la prouesse d’être à la fois angoissante et ennuyeuse. Un virus banal, apparenté de manière peu prestigieuse à d’obscurs virus grippaux, aux conditions de survie mal connues, aux caractéristiques floues, tantôt bénin tantôt mortel, même pas sexuellement transmissible : en somme, un virus sans qualités. Cette épidémie avait beau faire quelques milliers de morts tous les jours dans le monde, elle n’en produisait pas moins la curieuse impression d’être un non-événement. D’ailleurs, mes estimables confrères (certains, quand même, sont estimables) n’en parlaient pas tellement, ils préféraient aborder la question du confinement ; et j’aimerais ici ajouter ma contribution à certaines de leurs observations. Frédéric Beigbeder (de Guéthary, Pyrénées-Atlantiques). Un écrivain de toute façon ça ne voit pas grand monde, ça vit en ermite avec ses livres, le confinement ne change pas grand-chose. Tout à fait d’accord, Frédéric, question vie sociale ça ne change à peu près rien. Seulement, il y a un point que tu oublies de considérer (sans doute parce que, vivant à la campagne, tu es moins victime de l’interdit) : un écrivain, ça a besoin de marcher. Ce confinement me paraît l’occasion idéale de trancher une vieille querelle Flaubert-Nietzsche. Quelque part (j’ai oublié où), Flaubert affirme qu’on ne pense et n’écrit bien qu’assis. Protestations et moqueries de Nietzsche (j’ai également oublié où), qui va jusqu’à le traiter de nihiliste (ça se passe donc à l’époque où il avait déjà commencé à employer le mot à tort et à travers) : lui-même a conçu tous ses ouvrages en marchant, tout ce qui n’est pas conçu dans la marche est nul, d’ailleurs il a toujours été un danseur dionysiaque, etc. Peu suspect de sympathie exagérée pour Nietzsche, je dois cependant reconnaître qu’en l’occurrence, c’est plutôt lui qui a raison. Essayer d’écrire si l’on n’a pas la possibilité, dans la journée, de se livrer à plusieurs heures de marche à un rythme soutenu, est fortement à déconseiller : la tension nerveuse accumulée ne parvient pas à se dissoudre, les pensées et les images continuent de tourner douloureusement dans la pauvre tête de l’auteur, qui devient rapidement irritable, voire fou.

La seule chose qui compte vraiment est le rythme mécanique, machinal de la marche, qui n’a pas pour première raison d’être de faire apparaître des idées neuves (encore que cela puisse, dans un second temps, se produire), mais de calmer les conflits induits par le choc des idées nées à la table de travail (et c’est là que Flaubert n’a pas absolument tort) ; quand il nous parle de ses conceptions élaborées sur les pentes rocheuses de l’arrière-pays niçois, dans les prairies de l’Engadine etc., Nietzsche divague un peu : sauf lorsqu’on écrit un guide touristique, les paysages traversés ont moins d’importance que le paysage intérieur. Catherine Millet (normalement plutôt parisienne, mais se trouvant par chance à Estagel, Pyrénées-Orientales, au moment où l’ordre d’immobilisation est tombé). La situation présente lui fait fâcheusement penser à la partie « anticipation » d’un de mes livres, La possibilité d’une île. Alors là je me suis dit que c’était bien, quand même, d’avoir des lecteurs. Parce que je n’avais pas pensé à faire le rapprochement, alors que c’est tout à fait limpide. D’ailleurs, si j’y repense, c’est exactement ce que j’avais en tête à l’époque, concernant l’extinction de l’humanité. Rien d’un film à grand spectacle. Quelque chose d’assez morne. Des individus vivant isolés dans leurs cellules, sans contact physique avec leurs semblables, juste quelques échanges par ordinateur, allant décroissant.Emmanuel Carrère (Paris-Royan ; il semble avoir trouvé un motif valable pour se déplacer). Des livres intéressants naîtront-ils, inspirés par cette période ? Il se le demande. Je me le demande aussi. Je me suis vraiment posé la question, mais au fond je ne crois pas. Sur la peste on a eu beaucoup de choses, au fil des siècles, la peste a beaucoup intéressé les écrivains. Là, j’ai des doutes. Déjà, je ne crois pas une demi-seconde aux déclarations du genre « rien ne sera plus jamais comme avant ». Au contraire, tout restera exactement pareil. Le déroulement de cette épidémie est même remarquablement normal. L’Occident n’est pas pour l’éternité, de droit divin, la zone la plus riche et la plus développée du monde ; c’est fini, tout ça, depuis quelque temps déjà, ça n’a rien d’un scoop. Si on examine, même, dans le détail, la France s’en sort un peu mieux que l’Espagne et que l’Italie, mais moins bien que l’Allemagne ; là non plus, ça n’a rien d’une grosse surprise.

Le coronavirus, au contraire, devrait avoir pour principal résultat d’accélérer certaines mutations en cours. Depuis pas mal d’années, l’ensemble des évolutions technologiques, qu’elles soient mineures (la vidéo à la demande, le paiement sans contact) ou majeures (le télétravail, les achats par Internet, les réseaux sociaux) ont eu pour principale conséquence (pour principal objectif ?) de diminuer les contacts matériels, et surtout humains. L’épidémie de coronavirus offre une magnifique raison d’être à cette tendance lourde : une certaine obsolescence qui semble frapper les relations humaines. Ce qui me fait penser à une comparaison lumineuse que j’ai relevée dans un texte anti-PMA rédigé par un groupe d’activistes appelés « Les chimpanzés du futur » (j’ai découvert ces gens sur Internet ; je n’ai jamais dit qu’Internet n’avait que des inconvénients). Donc, je les cite :
« D’ici peu, faire des enfants soi-même, gratuitement et au hasard, semblera aussi incongru que de faire de l’auto-stop sans plateforme web. »
Le covoiturage, la colocation, on a les utopies qu’on mérite, enfin passons. Il serait tout aussi faux d’affirmer que nous avons redécouvert le tragique, la mort, la finitude, etc.

La tendance depuis plus d’un demi-siècle maintenant, bien décrite par Philippe Ariès, aura été de dissimuler la mort, autant que possible ; eh bien, jamais la mort n’aura été aussi discrète qu’en ces dernières semaines. Les gens meurent seuls dans leurs chambres d’hôpital ou d’EHPAD, on les enterre aussitôt (ou on les incinère ? l’incinération est davantage dans l’esprit du temps), sans convier personne, en secret. Morts sans qu’on en ait le moindre témoignage, les victimes se résument à une unité dans la statistique des morts quotidiennes, et l’angoisse qui se répand dans la population à mesure que le total augmente a quelque chose d’étrangement abstrait. Un autre chiffre aura pris beaucoup d’importance en ces semaines, celui de l’âge des malades. Jusqu’à quand convient-il de les réanimer et de les soigner ? 70, 75, 80 ans ? Cela dépend, apparemment, de la région du monde où l’on vit ; mais jamais en tout cas on n’avait exprimé avec une aussi tranquille impudeur le fait que la vie de tous n’a pas la même valeur ; qu’à partir d’un certain âge (70, 75, 80 ans ?), c’est un peu comme si l’on était déjà mort. Toutes ces tendances, je l’ai dit, existaient déjà avant le coronavirus ; elles n’ont fait que se manifester avec une évidence nouvelle. Nous ne nous réveillerons pas, après le confinement, dans un nouveau monde ; ce sera le même, en un peu pire.


Michel HOUELLEBECQ


Phil
 

Déconfinement en Alsace : J-5


L'après-crise du coronavirus : ils ne lâcheront rien

Frédéric Lordon
Le Monde diplomatique - 5 mai 2020

[...] par quel miracle quoi que ce soit devrait-il changer d’ici cinquante nouvelles années ?

EXTRAITS :

[...] la réponse est très simple : parce qu’il y a « du monde » en face. Certes, un tout petit monde, mais très resserré, très coordonné, et très déterminé — à ne rien changer du tout. Le délié du doigt fourré avec lequel les patrons de Total, de la BNP et de tant d’autres ont envoyé le gouvernement se faire voir chez Plumeau à propos des dividendes de l’année gagnerait, par exemple, être pris en considération — s’il étonne encore quiconque. Voilà ce que ces gens se permettent au cœur de l’épidémie. On imagine « après ».

On aura sans doute — on a déjà — l’occasion de rire beaucoup avec les « contreparties » des aides d’État qui ne manqueront pas de tomber, et bien épaisses. La condition de non-fricotage dans les paradis fiscaux, bien sûr c’était pour rire — elle a d’ailleurs vécu ce que vivent les amendements, l’espace d’un matin. Celle de correction environnementale minimale a dû susciter une hilarité plus grande si c’était possible — et puis quoi encore ?

Cependant, tout bien considéré, Roux de Bézieux, lui, n’est pas de ceux qui ne veulent rien changer : par exemple les 35 heures et les congés payés, il est très partisan du changement, « et que ça saute ! » Tout le monde se la raconte en technicolor avec la démondialisation et la relocalisation des chaînes de valeur. Mais c’est une fable pour enfants en bas âge. Que le gouvernement décide pour l’avenir de s’épargner les humiliations d’aujourd’hui et rapatrie masques, respirateurs plus quelques médicaments, sans doute. Que les entreprises pèsent le risque géopolitique (elles le faisaient déjà) ou, maintenant, géosanitaire là où elles ont leurs billes de sous-traitance, probablement aussi. Mais s’imaginer que le capital sous pouvoir actionnarial renoncera à des coûts salariaux de 100 $ / mois au Vietnam (la Chine, c’est devenu i-na-bor-dable !), et bientôt de 20 $ en Afrique qui piaffe à la porte de la mondialisation, c’est se raconter des histoires en couleurs. Le comble étant bien sûr de se figurer que les nullités criminelles au pouvoir pourraient manifester la moindre velléité de faire changer quoi ce soit. Macron jure qu’il va « se réinventer », ça doit bien être la troisième fois, et célèbre aussitôt sa réinvention en passant un costume trois pièces de banquier et des boutons de manchette nacrés pour nous raconter sa fête « des travailleurs et des travailleuses ».

Ceux qui s’imaginent qu’« après, tout sera différent » doivent croire très fort aux pouvoirs de la fée Clochette. Parce que les tendances spontanément à l’œuvre nous avertissent plutôt que, sauf action de déraillement organisé, « après » sera pareil en pire.

[...] il se passe une vérification. La vérification d’une certaine impossibilité. L’impossibilité, c’est celle opposée par le capital qui, en quarante ans, a tellement conquis, tellement pris l’habitude d’exiger et d’obtenir, tellement régné sans partage, et surtout installé si profondément les structures de son règne –- la financiarisation, le libre-échange, les délocalisations –- qu’il n’existe pas pour lui la moindre raison sérieuse d’abandonner quoi que ce soit. Et en effet : quand on a si méthodiquement installé les conditions de son emprise, par quelle sorte de miracle humaniste renoncerait-on à l’exercer ? Tant la concurrence instituée à l’échelle internationale par l’OMC et l’UE que le primat de la valeur actionnariale imposé dans les marchés de titres déréglementés déterminent les courses successives vers l’Europe centrale, la Chine, le Vietnam, l’Afrique. Les délocalisations ne sont que l’exercice de ces possibilités, la satisfaction joyeuse des impératifs institués de la compétitivité et de la rentabilité. Et aussi la sanction exemplaire des corps sociaux qui refusent de s’ajuster autant qu’il le faudrait. Vous vous accrochez à votre code du travail, à votre SMIC et à votre protection sociale ? Chaque fois que vous résisterez, nous vous briserons un peu plus. Puisque, par les latitudes de mouvement que nous nous sommes aménagées, nous en avons les moyens.

L'article dans son intégralité 

https://blog.mondediplo.net/ils-ne-lacheront-rien


3 mai 2020

Yannick Lefrançois
[DNA Stasbourg]



L'OBS : Le « monde d’après » est repoussé à plus tard

Pascal Riché - 30/4/2020

Au début du confinement, l’on se prenait à imaginer un monde plus écologique, plus solidaire. Puis est venue la crise économique, et le « vieux monde » a repris le dessus. Les pressions s’accroissent pour que soient retardées les déjà trop timides mesures engagées avant la crise afin de lutter contre le changement climatique et la pollution :

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2 mai 2020

Espoir : un appel aux dons exceptionnel pour surmonter la crise

« Avec l’arrêt de l’activité de ramassage, de tri, de réparation et mise en vente suite à la crise sanitaire, les associations Emmaüs et Espoir se retrouvent en grande difficulté financière. Tous font appel à des dons exceptionnels pour surmonter cette crise. »
(Thierry Gachon)

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https://www.lalsace.fr/social/2020/05/02/video-espoir-un-appel-aux-dons-exceptionnel-pour-surmonter-la-crise




1 mai 2020

Coronavirus : tous les assureurs ne jouent pas le jeu

Benoît Nicolas

Pertes d'exploitation

La guerre menée par les assureurs contre le CRÉDIT MUTUEL est scandaleuse !
Certaines entreprises prudentes ont fait le choix de souscrire des assurances très coûteuses.
Il s'agit de se prémunir des risques liés à un arrêt de leur activité.
C'est une assurance très coûteuse et facultative.
Pourquoi payer autant ?
Pour préserver l'emploi.
Pour garantir la pérennité de gros investissements risqués par nature.
Pour ne pas faire faillite si l'activité s'arrête.
Aujourd'hui, une guerre dégueulasse est menée.
Par qui ?
Axa, Allianz et autres entreprises générales d'assurance.
Contre qui ?
Les ACM (Assurances du Crédit Mutuel) filiale du Crédit-Mutuel / CIC qui a décidé de mettre 200 millions sur la table.
Une « prime de relance mutualiste » promise à ses quelques 30 000 clients professionnels.
Cette prime, comprise entre 1 500 et 20 000 €, est destinée à couvrir une partie des pertes d’exploitation subies par ses clients depuis la crise du coronavirus.
En dehors de toute garantie !
Les autres refusent de faire pareil.
En nous expliquant que cela risquerait de menacer leur équilibre financier.
Bien sûr !
Rester sur son tas de millions d'euros collectés sans aider personne et nous regarder crever la gueule ouverte.
En espérant que AXA, ALLIANZ et autres viennent à notre enterrement, nous étions tout de même vos clients.
Là encore l'Allemagne montre l'exemple.
En Bavière, sous la pression des politiques, les assureurs dont Allianz ont accepté de prendre en charge 15 % des pertes d'exploitation.
En France, on ne ferait pas pareil ?
Personne ne pourra le comprendre !
Ce qui est certain ?
Certains vont gagner des clients et d'autres vont en perdre.
Moi, si j'étais les souscripteurs, je n'hésiterais pas en tout cas !
À partager pour les y contraindre.
Qu'en pensez-vous ?

Phil


Tout devient virtuel !


30 avril 2020

L’organigramme de l’ARS (Agence Régionale de Santé) Grand Est

« Les agences régionales de santé sont chargées du pilotage régional du système de santé. Elles définissent et mettent en œuvre la politique de santé en région, au plus près des besoins de la population. »

Malgré ses effectifs pléthoriques et coûteux, l'ARS s'est montrée incapable de gérer correctement la crise du coronavirus.

Le Général de Gaulle parlait des « comités Théodule » !

À noter : le directeur de l'ARS Grand Est, Christophe Lannelongue, a été limogé suite au tollé suscité par ses propos sur le CHU de Nancy : il a affirmé en pleine épidémie du coronavirus qu'il n'y avait pas de raison d'interrompre les suppressions de postes et de lits qui y étaient prévues.

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https://drive.google.com/file/d/1z9n0LyjEEWusAqFBu7IAH_AQ_gsC2jmj/view

29 avril 2020

À Venise, l’espoir renaît et demain se dessine

Chronique vénitienne d'Arièle Butaux (suite)

Je vous écris de Venise où l’espoir renaît. Au 41e jour de confinement, ce n’est pas encore l’euphorie mais la maladie régresse, les mesures de sécurité s’assouplissent et il nous est enfin permis de marcher le nez au vent — pourvu qu’il soit masqué ! — pour profiter un peu de Venise au repos, vide comme jamais plus nous ne la verrons, poignante comme un sourire après les larmes.

Les glycines ont fleuri tandis que nous étions reclus et privés de printemps. Nous voici convalescents, émerveillés et prudents, émus de pouvoir prendre quelques chemins de traverse entre deux sorties de première nécessité. Au compte-goutte, nous retrouvons le goût des choses, émus de voir rouvrir une librairie, une papeterie. Leurs vitrines de nouveau visibles sont la preuve de leur survie. Mais l’immense majorité des rideaux de fer demeurent fermés. On s’arrête devant certains comme au chevet d’un malade, craignant qu’ils ne se relèvent pas. Une pâtisserie où, par tous les temps, on prenait chaque matin son café. Un restaurant où l’on était comme à la maison. L’échoppe d’un artisan où se partageait l’amour des belles choses bien faites.

Et puis il y a toutes ces devantures occultées, derrière lesquelles nous ne savons même plus ce qu’il y avait avant ! Des rues entières de façades borgnes vouées autrefois à l’inutile, la pacotille, le « souvenir » made in China, les sucreries industrielles, le vêtement jetable fabriqué par des esclaves parce que lorsqu’on paye une robe cinq euros il y a forcément, quelque part, quelqu’un qui n’a pas été payé pour la fabriquer… Ces magasins ne s’adressent pas aux Vénitiens. Ils ont essaimé pour satisfaire un tourisme voué à disparaître, celui qui consommait Venise comme une attraction, indifférent à son histoire et à son âme.

Pour les Vénitiens, pour les amoureux de la Sérénissime dont chaque séjour est un bienfait pour la ville, on espère que survivront les quelques commerces traditionnels que la spéculation sur les loyers n’avait pas déjà vaincus.

En attendant, on finit par s’habituer à circuler sans se faire bousculer, à ne plus être importuné par la pollution visuelle et sonore de boutiques absurdes, on se demande comment on a pu supporter cela avant et, surtout, comment ce sera demain. Pour l’heure, les Vénitiens toujours ingénieux s’adaptent aux contraintes dont leur histoire n’a jamais été avare…

Sous mon balcon, des barques à rames traditionnelles glissent sur l’eau paisible du canal et assurent des livraisons de légumes bio cultivés dans la lagune. Consommer local, sans pollution, à kilomètre zéro…

Et si, en revenant à ces fondamentaux, Venise était déjà en train d’écrire le monde de demain ?