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31 mars 2020

"Sachez, Monsieur le Président, que nous ne laisserons plus nous voler notre vie..." - Annie Ernaux

Cergy, le 30 mars 2020

Monsieur le Président,

« Je vous fais une lettre/ Que vous lirez peut-être/ Si vous avez le temps ». À vous qui êtes féru de littérature, cette entrée en matière évoque sans doute quelque chose. C’est le début de la chanson de Boris Vian Le déserteur, écrite en 1954, entre la guerre d’Indochine et celle d’Algérie. Aujourd’hui, quoique vous le proclamiez, nous ne sommes pas en guerre, l’ennemi ici n’est pas humain, pas notre semblable, il n’a ni pensée ni volonté de nuire, ignore les frontières et les différences sociales, se reproduit à l’aveugle en sautant d’un individu à un autre. Les armes, puisque vous tenez à ce lexique guerrier, ce sont les lits d’hôpital, les respirateurs, les masques et les tests, c’est le nombre de médecins, de scientifiques, de soignants. Or, depuis que vous dirigez la France, vous êtes resté sourd aux cris d’alarme du monde de la santé et ce qu’on pouvait lire sur la banderole d’une manif en novembre dernier - L’État compte ses sous, on comptera les morts - résonne tragiquement aujourd’hui. Mais vous avez préféré écouter ceux qui prônent le désengagement de l’État, préconisant l’optimisation des ressources, la régulation des flux, tout ce jargon technocratique dépourvu de chair qui noie le poisson de la réalité. Mais regardez, ce sont les services publics qui, en ce moment, assurent majoritairement le fonctionnement du pays : les hôpitaux, l’Éducation nationale et ses milliers de professeurs, d’instituteurs si mal payés, EDF, la Poste, le métro et la SNCF. Et ceux dont, naguère, vous avez dit qu’ils n’étaient rien, sont maintenant tout, eux qui continuent de vider les poubelles, de taper les produits aux caisses, de livrer des pizzas, de garantir cette vie aussi indispensable que l’intellectuelle, la vie matérielle.

Choix étrange que le mot « résilience », signifiant reconstruction après un traumatisme. Nous n’en sommes pas là. Prenez garde, Monsieur le Président, aux effets de ce temps de confinement, de bouleversement du cours des choses. C’est un temps propice aux remises en cause. Un temps pour désirer un nouveau monde. Pas le vôtre ! Pas celui où les décideurs et financiers reprennent déjà sans pudeur l’antienne du « travailler plus », jusqu’à 60 heures par semaine. Nous sommes nombreux à ne plus vouloir d’un monde dont l’épidémie révèle les inégalités criantes, nombreux à vouloir au contraire un monde où les besoins essentiels, se nourrir sainement, se soigner, se loger, s’éduquer, se cultiver, soient garantis à tous, un monde dont les solidarités actuelles montrent, justement, la possibilité. Sachez, Monsieur le Président, que nous ne laisserons plus nous voler notre vie, nous n’avons qu’elle, et « rien ne vaut la vie » - chanson, encore, d’Alain Souchon. Ni bâillonner durablement nos libertés démocratiques, aujourd’hui restreintes, liberté qui permet à ma lettre – contrairement à celle de Boris Vian, interdite de radio – d’être lue ce matin sur les ondes d’une radio nationale.

Annie Ernaux



(Lettre lue par Augustin Trapenard)
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30 mars 2020

Coronavirus

Jean-Luc Mélenchon a publié sur Twitter un ancien discours qu’il avait tenu en avril 2017 dans le cadre des élections présidentielles. Le patron de La France Insoumise prédisait déjà un “krach sanitaire”.

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29 mars 2020

LE MONDE QUI MARCHAIT SUR LA TÊTE EST EN TRAIN DE REMETTRE SES IDÉES À L’ENDROIT [par Coline Serreau]




Le gouvernement gère l'épidémie comme il peut… mais les postures guerrières sont souvent inefficaces en face des forces de la nature. Les virus sont des êtres puissants, capables de modifier notre génome, traitons-les sinon avec respect, du moins avec modestie.

Apprenons à survivre parmi eux, à s'en protéger en faisant vivre l'espèce humaine dans des conditions sanitaires optimales qui renforcent son immunité et lui donnent le pouvoir d'affronter sans dommage les microbes et virus dont nous sommes de toute façon entourés massivement, car nous vivons dans la grande soupe cosmique où tout le monde doit avoir sa place. La guerre contre les virus sera toujours perdue, mais l'équilibre entre nos vies et la leur peut être gagné si nous renforçons notre système immunitaire par un mode de vie non mortifère.

Dans cette crise, ce qui est stupéfiant c’est la rapidité avec laquelle l'intelligence collective et populaire se manifeste.

En quelques jours, les Français ont établi des rites de remerciement massivement suivis, un des plus beaux gestes politiques que la France ait connus et qui prolonge les grèves contre la réforme des retraites et l'action des gilets jaunes en criant haut et fort qui et quoi sont importants dans nos vies.

Dans notre pays, ceux qui assurent les fonctions essentielles, celles qui font tenir debout une société sont sous-payés, méprisés. Les aides-soignantes, les infirmières et infirmiers, les médecins qui travaillent dans les hôpitaux publics, le personnel des écoles, les instituteurs, les professeurs, les chercheurs, touchent des salaires de misère tandis que des jeunes crétins arrogants sont payés des millions d'euros par mois pour mettre un ballon dans un filet.

Dans notre monde le mot paysan est une insulte, mais des gens qui se nomment "exploitants agricoles" reçoivent des centaines de milliers d'euros pour faire mourir notre terre, nos corps et notre environnement tandis que l'industrie chimique prospère.

Et voilà que le petit virus remet les pendules à l'heure, voilà qu'aux fenêtres, un peuple confiné hurle son respect, son amour, sa reconnaissance pour les vrais soldats de notre époque, ceux qui sont prêts à donner leur vie pour sauver la nôtre alors que depuis des décennies les gouvernements successifs se sont acharnés à démanteler nos systèmes de santé et d'éducation, alors que les lobbies règnent en maîtres et arrosent les politiques avec le fric de la corruption.

Nous manquons d'argent pour équiper nos hôpitaux, mais bon sang, prenons l'argent où il se trouve, que les GAFA payent leurs impôts, qu'ils reversent à la société au minimum la moitié de leurs revenus. Car après tout, comment l'ont-ils gagné cet argent ? Ils l'ont gagné parce qu'il y a des peuples qui forment des nations, équipées de rues, d'autoroutes, de trains, d'égouts, d'électricité, d'eau courante, d'écoles, d'hôpitaux, de stades, et j'en passe, parce que la collectivité a payé tout cela de ses deniers, et c’est grâce à toutes ces infrastructures que ces entreprises peuvent faire des profits. Donc ils doivent payer leurs impôts et rendre aux peuples ce qui leur est dû.

Il faudra probablement aussi revoir la question de la dette qui nous ruine en enrichissant les marchés financiers. Au cours des siècles passés les rois de France ont très régulièrement décidé d'annuler la dette publique, de remettre les compteurs à zéro.

Je ne vois pas comment à la sortie de cette crise, quand les comptes en banque des petites gens seront vides, quand les entreprises ne pourront plus payer leurs employés qui ne pourront plus payer les loyers, l'électricité, le gaz, la nourriture, comment le gouvernement pourra continuer à gaspiller 90% de son budget à rembourser une dette qui ne profite qu'aux banquiers.

J'espère que le peuple se lèvera et réclamera son dû, à savoir exigera que la richesse de la France, produite par le peuple soit redistribuée au peuple et non pas à la finance internationale. Et si les autres pays font aussi défaut de leur dette envers nous, il faudra relocaliser, produire de nouveau chez nous, se contenter de nos ressources, qui sont immenses, et détricoter une partie de la mondialisation qui n'a fait que nous appauvrir.

Et le peuple l'a si bien compris qu'il crie tous les soirs son respect pour ceux qui soignent, pour la fonction soignante, celle des mères, des femmes et des hommes qui font passer l'humain avant le fric.

Ne nous y trompons pas, il n'y aura pas de retour en arrière après cette crise.

Parce que malgré cette souffrance, malgré ces deuils terribles qui frappent tant de familles, malgré ce confinement dont les plus pauvres d'entre nous payent le plus lourd tribut, à savoir les jeunes, les personnes âgées isolées ou confinées dans les EHPAD, les familles nombreuses, coincés qu'ils sont en ville, souvent dans de toutes petites surfaces, malgré tout cela, le monde qui marchait sur la tête est en train de remettre ses idées à l'endroit.

Où sont les vraies valeurs ? Qu'est-ce qui est important dans nos vies ?

Vivre virtuellement ? Manger des produits issus d'une terre martyrisée et qui empoisonnent nos corps ?

Enrichir par notre travail ceux qui se prennent des bonus faramineux en gérant les licenciements ?

Encaisser la violence sociale de ceux qui n'ont eu de cesse d'appauvrir le système de soin et nous donnent maintenant des leçons de solidarité ?

Subir une médecine uniquement occupée à soigner les symptômes sans se soucier de prévention, qui bourre les gens de médicaments qui les tuent autant ou plus qu'ils ne les soignent ? Une médecine aux ordres des laboratoires pharmaceutiques ?

Alors que la seule médicine valable, c’est celle qui s'occupe de l'environnement sain des humains, qui proscrit tous les poisons, même s'ils rapportent gros. Pourquoi croyez-vous que ce virus qui atteint les poumons prospère si bien ? Parce que nos poumons sont malades de la pollution et que leur faiblesse offre un magnifique garde-manger aux virus.

En agriculture, plus on cultive intensivement sur des dizaines d'hectares des plantes transformées génétiquement ou hybrides dans des terres malades, plus les prédateurs, ou pestes, les attaquent et s'en régalent, et plus il faut les arroser de pesticides pour qu'elles survivent, c’est un cercle vicieux qui ne peut mener qu'à des catastrophes.

Mais ne vous faites pas d'illusions, on traite les humains les plus humbles de la même façon que les plantes et les animaux martyrisés.

Dans les grandes métropoles du monde entier, plus les gens sont entassés, mal nourris, respirent un air vicié qui affaiblit leurs poumons, plus les virus et autres "pestes" seront à l'aise et attaqueront leur point faible : leur système respiratoire.

Cette épidémie, si l'on a l'intelligence d'en analyser l'origine et la manière de la contrer par la prévention plutôt que par le seul vaccin, pourrait faire comprendre aux politiques et surtout aux populations que seuls une alimentation et un environnement sains permettront de se défendre efficacement et à long terme contre les virus.

Le confinement a aussi des conséquences mentales et sociétales importantes pour nous tous, soudain un certain nombre de choses que nous pensions vitales se révèlent futiles. Acheter toutes sortes d'objets, de vêtements, est impossible et cette impossibilité devient un bonus : d'abord en achetant moins on devient riches.

Et comme on ne perd plus de temps en transports harassants et polluants, soudain on comprend combien ces transports nous détruisaient, combien l'entassement nous rendait agressifs, combien la haine et la méfiance dont on se blindait pour se préserver un vague espace vital, nous faisait du mal.

On prend le temps de cuisiner au lieu de se gaver de junk-food, on se parle, on s'envoie des messages qui rivalisent de créativité et d'humour.

Le télétravail se développe à toute vitesse, il permettra plus tard à un nombre croissant de gens de vivre et de travailler à la campagne, les mégapoles pourront se désengorger.

Pour ce qui est de la culture, les peuples nous enseignent des leçons magnifiques : la culture n'est ni un vecteur de vente, ni une usine à profits, ni la propriété d'une élite qui affirme sa supériorité, la culture est ce qui nous rassemble, nous console, nous permet de vivre et de partager nos émotions avec les autres humains.

Quoi de pire qu'un confinement pour communiquer ? Et pourtant les Italiens chantent aux balcons, on a vu des policiers offrir des sérénades à des villageois pour les réconforter, à Paris des rues entières organisent des concerts du soir, des lectures de poèmes, des manifestations de gratitude, c’est cela la vraie culture, la belle, la grande culture dont le monde a besoin, juste des voix qui chantent pour juguler la solitude.

C’est le contraire de la culture des officines gouvernementales qui ne se sont jamais préoccupées d'assouvir les besoins des populations, de leur offrir ce dont elles ont réellement besoin pour vivre, mais n'ont eu de cesse de conforter les élites, de mépriser toute manifestation culturelle qui plairait au bas peuple.

En ce sens, l'annulation du festival de Cannes est une super bonne nouvelle.

Après l'explosion en plein vol des Césars manipulés depuis des années par une maffia au fonctionnement opaque et antidémocratique, après les scandales des abus sexuels dans le cinéma, dont seulement une infime partie a été dévoilée, le festival de Cannes va lui aussi devoir faire des révisions déchirantes et se réinventer. Ce festival de Cannes qui déconne, ou festival des connes complices d'un système rongé par la phallocratie, par la corruption de l'industrie du luxe, où l'on expose complaisamment de la chair fraîche piquée sur des échasses, pauvres femmes porte-manteaux manipulées par les marques, humiliées, angoissées à l’idée de ne pas assez plaire aux vieillards aux bras desquels elles sont accrochées comme des trophées, ce festival, mais venez-y en jeans troués et en baskets les filles, car c’est votre talent, vos qualités d'artiste qu'il faut y célébrer et non pas faire la course à qui sera la plus à poil, la plus pute !

Si les manifestations si généreuses, si émouvantes des peuples confinés pouvaient avoir une influence sur le futur de la culture ce serait un beau rêve !

Pour terminer, je voudrais adresser une parole de compassion aux nombreux malades et à leurs proches, et leur dire que du fin fond de nos maisons ou appartements, enfermés que nous sommes, nous ne cessons de penser à eux et de leur souhaiter de se rétablir. Je ne suis pas croyante, les prières m'ont toujours fait rire, mais voilà que je me prends à prier pour que tous ces gens guérissent. Cette prière ne remplacera jamais les soins de l'hôpital, le dévouement héroïque des soignants et une politique sanitaire digne de ce nom, mais c’est tout ce que je peux faire, alors je le fais, en espérant que les ondes transporteront mon message, nos messages, d'amour et d'espoir à ceux qui en ont besoin.

28 mars 2020

En cette période de crise

Les problèmes des boulangers sont croissants…
Alors que les bouchers veulent défendre leur beefsteak,
Les éleveurs de volailles se font plumer,
Les éleveurs de chiens et les vétérinaires sont aux abois,
Les pêcheurs haussent le ton !
Et bien sûr, les éleveurs de porcs sont dans la merde,
Tandis que les céréaliers sont sur la paille.
Les brasseurs sont sous pression,
Les viticulteurs trinquent.
Les électriciens résistent.
Pour les couvreurs, c’est la tuile
Et certains plombiers prennent carrément la fuite.
Dans l’industrie automobile, les salariés débrayent,
Dans l’espoir que la direction fasse marche arrière.
Chez EDF, les syndicats sont sous tension,
Mais la direction ne semble pas au courant.
Les cheminots voudraient garder leur train de vie,
Mais la crise est arrivée sans crier gare,
Alors… les veilleurs de nuits, eux, vivent au jour le jour.
Pendant que les pédicures travaillent d’arrache-pied.
Les croupiers jouent le tout pour le tout,
Les dessinateurs font grise mine,
Les militaires partent en retraite,
Les imprimeurs dépriment
Et les météorologistes sont en dépression.
Les pharmaciens se dorent la pilule ;
Les vendeurs de gel hydroalcoolique se frottent les mains ;
Pour se rassurer, les carreleurs prennent un joint ;
Les apiculteurs ont le bourdon ;
Le moral des dentistes est plombé ;
Les gérants de camping sont dans l'attente ;
Les ébénistes essaient de meubler leur temps comme ils peuvent ;
Les géomètres prennent leur distance ;
Mais rarement les banquiers perdent au change.

Coronavirus et confinement : le témoignage d'une photographe

En vérité je ne supporte pas du tout le confinement. C'est une atteinte à la liberté qui me semble grave. On traite tout le monde comme des idiots qui ne savent pas s'auto-protéger et respecter les bonnes règles pour protéger les autres. Bien sûr il y a eu quelques regroupements débiles de fêtards ... Mais de là à punir tout le monde ... Cela m'est insupportable. Je m'échappe d'ailleurs régulièrement dans la forêt proche, faisant fi de la barrière et des décrets préfectoraux qui y sont affichés, et ceci pour plusieurs heures, parfois assise sur un mirador à écouter les oiseaux et à méditer, parfois à traverser la végétation en-dehors des sentiers pour ne pas rencontrer d'éventuels gendarmes à vélo ... Je ne trouve pas la forêt plus contagieuse qu'un supermarché, au contraire ! On essaie de nous parquer dans des lieux ouverts où ils peuvent mieux nous surveiller et nous matraquer de PV. Ce confinement m'a appris à devenir roublarde à l'égard de la maréchaussée. Ceci dit, je plains sincèrement les citadins qui n'ont même plus le loisir de déambuler dans un parc. C'est dans les logements exigus, dans les immeubles surpeuplés que les risques de contamination sont maximaux. Je plaide pour des sorties (au moins 1 ou 2 fois par semaine) en forêt, en montagne pourquoi pas, au bord de l'eau, pour ceux qui en éprouvent le besoin. La santé mentale est tout aussi importante qu'une éventuelle infection virale que l'on peut largement éviter grâce à une hygiène rigoureuse ! Notre Alsace est si vaste qu'on peut trouver une petite place au soleil et au grand air sans promiscuité !

M.S. 28/3/2020 03:21

CORONAVIRUS

« C’EST DE PIRE EN PIRE »

REPORTAGE AU CŒUR DES URGENCES DE COLMAR
[PHOTOS-TÉMOIGNAGES]

Par charentelibre.fr, publié le 27 mars 2020 à 13h03
« C’est de pire en pire » : chef des urgences de l’hôpital de Colmar, Yannick Gottwalles alerte sur la situation « dramatique » de son service « proche de la rupture ».

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26 mars 2020

[Coronavirus]

Des initiatives citoyennes fleurissent un peu partout afin de venir en aide aux personnes en grande difficulté, suite à l'épidémie. En premier lieu, le personnel soignant, lui-même en grande souffrance.

Ainsi, Pascal Weill, le charismatique tenancier du Café des Marchands a créé la page Facebook "Solidarité envers ceux qui nous aident et nous protègent" regroupant déjà plusieurs milliers de membres.

Entraide et solidarité sont les maîtres-mots du groupe.

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https://www.facebook.com/groups/942902832809636/



19 mars 2020

Venise, une métaphore de notre monde

Arièle Butaux

« Je vous écris d’une ville coupée du monde. Nous vivons ici dans une parfaite solitude qui n’est pas le vide. Nous prêtons chaque jour un peu moins attention à ce que nous ne pouvons plus faire car Venise, en ces jours singuliers, nous ramène à l’essentiel. La nature a repris le dessus. L’eau des canaux est redevenue claire et poissonneuse. Des milliers d’oiseaux se sont installés en ville et le ciel, limpide, n’est plus éraflé par le passage des avions. Dans les rues, à l’heure de la spesa, les Vénitiens sont de nouveau chez eux, entre eux. Ils observent les distances, se parlent de loin mais il semble que se ressoude ces jours-ci une communauté bienveillante que l’on avait crue à jamais diluée dans le vacarme des déferlements touristiques. Le tourisme, beaucoup l’ont voulu, ont cru en vivre, ont tout misé sur lui jusqu’à ce que la manne se retourne contre eux, leur échappe pour passer entre des mains plus cupides et plus grandes, faisant de leur paradis un enfer.
Venise, en ces jours singuliers, m’apparaît comme une métaphore de notre monde. Nous étions embarqués dans un train furieux que nous ne pouvions plus arrêter alors que nous étions si nombreux à crever de ne pouvoir en descendre ! À vouloir autre chose que toutes les merveilles qu’elle avait déjà à leur offrir, les hommes étaient en train de détruire Venise. À confondre l’essentiel et le futile, à ne plus savoir regarder la beauté du monde, l’humanité était en train de courir à sa perte. Je fais le pari que, lorsque nous pourrons de nouveau sortir de nos maisons, aucun Vénitien ne souhaitera retrouver la Venise d’avant. Et j’espère de tout mon cœur que, lorsque le danger sera passé, nous serons nombreux sur cette Terre à refuser de réduire nos existences à des fuites en avant. Nous sommes ce soir des millions à ignorer quand nous retrouverons notre liberté de mouvement. Soyons des millions à prendre la liberté de rêver un autre monde. Nous avons devant nous des semaines, peut-être des mois pour réfléchir à ce qui compte vraiment, à ce qui nous rend heureux.

La nuit tombe sur la Sérénissime. Le silence est absolu. Cela suffit pour l’instant à mon bonheur. Andrà tutto bene. »

Photo Edouard Dabrowski

16 mars 2020

13/3/2020

Nous sommes un certain nombre de gens de gauche, ayant participé à diverses listes aux dernières élections municipales.
Nous nous sommes interrogés sur un soutien à une liste ou une autre. Nous nous sommes aperçus que plusieurs listes étaient soutenues par des anciens colistiers.
Aussi, plutôt que de faire un choix qui ne conviendra qu'à quelques uns, nous préférons livrer une analyse sur l'état de la gauche à Colmar lors de ces municipales.


État de la Gauche à Colmar

Suite à la quasi disparition du parti socialiste et autres tendances sociales-démocrates tant au niveau national que local, on peut se demander où vont se situer ses électeurs traditionnels orphelins. Ce pôle politique était le principal opposant à Gilbert Meyer lors de certaines élections, par exemple derrière Serge Rosenblieh, puis a peu à peu disparu, victime de son éclatement des tendances et au succès des confrontations internes des listes de droite (Wagner, Klinkert, Burger, Straumann, etc…).

À ce jour, on observe un regroupement de la gauche protestataire et radicale (PCF, CGT) avec les populistes (LFI, Gilets jaunes). Ce groupe n’a pas pu se fédérer avec les sociaux démocrates (qu’il vomit car ils ont soutenu un gouvernement de la France contesté), ni avec les Verts (accusés d’être sectaires et manipulateurs, imposant leur programme et leur leader). Ce groupe n’a pas vocation à gouverner, il conteste même le fait d’être élu, le fait de prendre des décisions, d’avoir des leaders, le fonctionnement des institutions.

Les Verts qui pensaient avoir un boulevard devant eux, du fait de l’absence (dans un premier temps) d’autres listes de gauche, et du fait du succès des écologistes aux européennes, ont d’ores et déjà échoué, car ils ont été incapables d’initier le moindre rassemblement. Par ailleurs, même s’ils pensent toujours être les seuls à détenir la vérité et les compétences en matière écologique, ils doivent faire face à un changement dans le paysage politique : effectivement, les préoccupations environnementales, climatiques, écologiques sont devenues centrales et sorties des seuls milieux qui prétendaient les accaparer. Le pragmatisme de certains permet d'arriver à des solutions que le sectarisme ne peut obtenir seul.

Si cette tendance est nationale, le particularisme local tient aussi compte des relations déplorables entre Frédéric Hilbert et les autres tendances de gauche depuis de nombreuses années et lors des deux dernières élections municipales. À titre d’exemple, à peine élu en 2008 sur une liste d’union de gauche, il a tout de suite exclu de travailler avec ses colistiers d’autres tendances, malgré le mandat donné par ses électeurs pour un travail en commun. Cette tendance s’est confirmée pour les municipales de 2014 et le travail au conseil municipal, puis dans les discussions préparatoires aux municipales 2020.

Le parti socialiste a éclaté entre les macronistes, les aubrystes, les frondeurs, les déçus et n’est plus en état de présenter une liste cohérente. Les adhérents historiques, qui portaient les valeurs de solidarité, de pragmatisme et de progrès social, sont vieillissants et sont présents dans le militantisme associatif. Ils auraient pu « naturellement » se tourner vers une alliance ou un soutien du parti dont ils ont été proches, les Verts, mais le « particularisme local » fait que certains sont allés vers la liste Ouverture Citoyenne, d’autres vers Tristan Denéchaud, quelques-uns se sont perdus chez Straumann, l’ancien secrétaire de section est sur la liste de Henri Stoll à Kaysersberg, apparemment aucun n’a rejoint Frédéric Hilbert. Est-ce à dire qu’ils ne partagent pas les préoccupations écologiques ?

Il faudra sans doute attendre d’autres élections, et peut-être le renouvellement de certains cadres, pour permettre l’émergence d’un groupe permettant l’alternative aux listes de droite. En attendant, les citoyens colmariens sont vraisemblablement désireux d’un changement de gouvernance et ceux qui sont élus seront porteurs de l’espérance de tous.

12 mars 2020

SAS : réponses au questionnaire

[SAS] Comme Tiefenbach Environnement, l'association Dynamisme et Qualité de Vie des Citoyens du Quartier Nord de Colmar avait adressé une lettre ouverte aux élus de Colmar Agglomération par le biais des messageries des mairies concernées, ainsi qu'aux différents candidats aux élections municipales de Colmar.

Le sujet : se positionner par rapport à l'installation d'une structure pénitentiaire de type SAS sur la friche des anciens abattoirs et envisager d'autres options pour ce terrain.

Nous n'avons eu aucun retour d'élus des autres communes que ceux de Colmar et lors de la réunion de Colmar Agglo le 13 février dernier, ils ont tous voté affirmativement à la cession du terrain de l'ancienne friche au Ministère de la Justice, y compris les élus de Colmar (sauf M. Hilbert et M. Denéchaud qui avait également la procuration de Mme Valentin).

Pour les candidats aux élections municipales de Colmar, nous avons pu rencontrer madame Villemin, et messieurs Denéchaud et Hilbert, participer à deux réunions en mairie invités par monsieur Meyer et eu un échange téléphonique avec monsieur Straumann. Nous n'avons eu aucun retour des deux autres listes.

Messieurs Denéchaud et Hilbert nous ont également répondu par écrit et se sont opposés à la cession du terrain lors du vote du 13 février dernier. Le premier envisage une zone mixte constituée d'habitations, d'une zone tertiaire, en y délocalisant pourquoi pas une partie des services municipaux (mais pas la partie Colmar agglo). M. Hilbert ne pense pas que nous devrions craindre une hausse de l'insécurité. En revanche, il voit à la place de la SAS des espaces verts et souhaiterait revaloriser le quartier.

M. Meyer nous a accueillis lors de deux réunions afin de nous présenter le projet en l'état (à l'une des réunions l'APIJ, Agence pour l'Immobilier de la Justice, était présente). Il est toujours resté campé sur le choix de ce terrain, expliquant lors du vote de Colmar Agglo "que la plus belle fille du Monde ne pouvait proposer que ce qu'elle a". Il a cependant apporté des garanties pour améliorer les abords du quartier (trottoirs, rues...).

Mme Villemin tout comme M. Straumann mettent en avant l'intérêt que la SAS (Structure d'Accompagnement à la Sortie) soit implantée à Colmar afin que la ville reste un pôle judiciaire. Mme Villemin explique qu'il sera difficile de modifier les choses. Cependant, tous deux ont avancé que s'ils étaient élus comme premier magistrat de la ville, ils se renseigneraient tout de même sur la possibilité de proposer un autre terrain à l'APIJ, dans la mesure du possible.