[Patrimoine]
LA RUE DES MARCHANDS ET LE FER ROUGE, volet 1 La rue des Marchands est citée dès le XIVe siècle, sous le nom de Schädelgasse (rue des crânes), certainement dû à la proximité d’une chapelle ossuaire à l’emplacement du Corps de Garde.
En 1783, elle prend son nom actuel, traversant d’Ouest en Est le cœur de la ville, elle fait partie des plus anciennes rues de Colmar. On y trouve plusieurs bâtiments emblématiques, témoins prestigieux de l’histoire de la ville. Aujourd’hui, nous vous invitons à traverser cinq siècles avec le numéro 27, qui abrite aujourd’hui une magnifique brasserie, le Fer Rouge.
Le bâtiment arrière est construit en 1470, le bâtiment qui fait l’angle avec la Grand’Rue en 1486, ainsi qu’une extension en 1515. Ces bâtiments abritent des locaux professionnels au rez-de-chaussée, du stockage en cave et grenier, et des habitations en étage. La rue des Marchands se situe au cœur d’un secteur constituant le poumon économique et commerçant de la ville à la fin du Moyen Âge, la construction de ces bâtiments est donc certainement en relation avec les activités du Koïfhus, nous sommes ici à l’intérieur du périmètre fortifié dès la moitié du XIIIe siècle.
On est proche de l’église St Martin et de l’ancien couvent des Augustins (début XIVe siècle) et l’activité commerciale et marchande se trouve dans ce secteur. On trouve, au XIVe et XVe siècles, le marché aux draps, les étals des boulangers et des bouchers, le marché aux poissons, le grenier à grains, plusieurs moulins (d’où le nom de Mühlbach pour le cours d’eau tout proche)... de plus, les bâtiments font partie d’un « îlot », anciennement appelé Salzkasten (coffres à sel ) entre 1362 et 1480. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’îlot est composé de six maisons.
Le Fer Rouge en quelques dates :
• 1840 : Salon de coiffeur / parfumeur au 52 Grand’Rue
• 1893 : Destruction des trois maisons au sud de l’îlot
• 1895 : J-C Chomat ouvre au 27, rue des Marchands, une fabrique de fleurs en perles.
• 1895 : Ouverture du café « Zum grünen Wald » au 52, Grand’Rue
• 1927 : Reprise du café qui devient café de la Victoire par Camille Deybach
• 1947 : Paul Gassmann devient propriétaire Grand’Rue et ouvre un restaurant, le Fer Rouge qui s’étend au 1er étage.
• 1961 : Paul Gassmann achète l’immeuble à l’arrière et (presque) mitoyen, au 27, qui appartient à la ville.
• 1962 : Transformation intérieure, percée des murs mitoyens, agrandissement du restaurant au rez-de-chaussée, installation de la cuisine et des sanitaires en étage. Exploitation de l’épicerie Sadal côté rue des Marchands.
Le Fer Rouge doit son nom au passage de la ligne rouge du tram, on appelle alors communément ce moyen de transport : le Fer.
On trouve encore aujourd’hui des vestiges des fixations des câbles du « Fer » sur la façade côté Grand’Rue.
• 1971 : Paul Gassmann est malade et transmet la succession de son restaurant à la famille Fulgraff, des amis qui pratiquent une cuisine alsacienne et bourgeoise comme lui. Ils ont perdu leur restaurant dans un terrible incendie en décembre 1962, le restaurant du Musée rue Kléber.
Plus tard, leur fils Patrick exploite l’auberge jusqu’en novembre 2006, c’est à ce moment-là un restaurant étoilé qui ferme ses portes.
La suite bientôt : l’histoire d’une rénovation réussie, une véritable métamorphose.
ASPC
Crédit photos : collection privée
Merci également à Alain
L’entrée de la rue des Marchands en 1962, à gauche en premier plan , le Fer Rouge
En 1915, les deux bâtiments sont séparés par une petite impasse, qui permet l’évacuation des eaux usées vers les rigoles. La fabrique de fleurs en perles, ouverte en 1895 par J-C Chomat est toujours en fonction, plumes et fleurs fines en accessoires de mode, fleurs et bonbons d’oranger, parures de mariées, couronnes de première communion...
Dans les années 1930, au centre la bijouterie de Mr Baer dont la statue en forme d’ours, en clin d’œil à son nom, est toujours visible aujourd’hui. Il est à noter que le bâtiment mitoyen à gauche a été sérieusement transformé depuis (arcades), cf photo suivante de 1947.
En 1947, la famille Gassmann donne un nouveau souffle à ce lieu incontournable en agrandissant le restaurant à l’étage et en exploitant la nouvelle épicerie SADAL
Le président de la République Georges Pompidou en visite officielle à Colmar (27 juin 1970).