Originale, remarquable, extraordinaire, telle fut la performance de trois artistes exerçant dans des domaines aussi différents que musique, danse et peinture, qui ont mis leur talent en commun pour une réussite totale d'un spectacle "total" donné hier soir à la Piscine du musée Unterlinden.
Le violoniste Théotime Langlois de Swarte fit résonner son instrument – sans interruption, en se déplaçant pendant les cinquante minutes de la prestation – dans ce sommet du répertoire violonistique que sont les sonates et partitas de Jean-Sébastien Bach, où le violon devient par moments polyphonique. Un son magnifique, d'une pureté incroyable, que l'on pourrait presque qualifier de divin s'envolait vers la voûte de la Piscine.
La musique accompagna la naissance d'un tableau, ou plus exactement servit de fil conducteur à sa réalisation par Silvère Jarrosson, à l'honneur actuellement au musée Unterlinden. Partant d'une toile vierge, le plasticien créa son œuvre sous les yeux du public, le faisant participer ainsi à la genèse de l'œuvre, ce dont beaucoup d'artistes s'abstiennent, soit parce qu'ils ne peuvent travailler que dans l'isolement, soit parce qu'ils aiment entretenir le mystère entourant la création, ou encore pour protéger leur "secret de fabrication"..., une mesquinerie totalement étrangère à ce grand artiste qu'est Silvère Jarrosson.
Le danseur Marin Delavaud avait la lourde tâche de suivre les sollicitations musicales, répondant par des figures virevoltantes aux mouvements rapides de l'archet, et de faire le lien avec l'élaboration de "l'œuvre" afin de raconter une histoire que chacun était libre de percevoir et d'accommoder à sa guise. Il est évident que sans la danse, l'impact du spectacle sur le public n'aurait pas été le même.
Enfin, il est important de le souligner, ce qui paraissait être une improvisation fort réussie était l'œuvre du chorégraphe Bruno Bouché, le quatrième mousquetaire en quelque sorte.