Je crois avoir compris que Colmar se posait la question du maintien ou non du festival de musique 2022 au vu de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine. La réponse me paraît évidente : non. Au moins ça, en signe de solidarité. V. Gergiev, éminent chef d’orchestre proche de V. Poutine et du Kremlin, est déjà exclu de maintes scènes internationales sauf à prendre publiquement position contre la guerre. V. Spivakov avait approuvé l’annexion de la Crimée. On comprend bien que dans une dictature, une vraie, des artistes se montrent conciliants avec le pouvoir pour favoriser leur carrière, on n’est pas obligé de leur dérouler le tapis rouge. Au temps de l’URSS, certains avaient pris le risque de la fuite et de l’exil.
Depuis deux ans des musiciens de valeur, de petits et grands ensembles, des solistes de talent en France et ailleurs n’ont pu se produire en public à cause des mesures sanitaires et vivent très difficilement de leur art.
Je ne doute pas qu’ils seraient prêts à prendre la relève au pied levé, à venir à Colmar. Cela ferait souffler un vent de jeunesse sur un festival devenu assez plan-plan avec une programmation tout aussi plan-plan d’un morne consensus.
Photo DNA |
Bernard Rodenstein
Le scandale serait absolu si Spivakov demeurait l’invité de Colmar pour ce festival. Surtout après la manifestation en faveur de l’Ukraine autour de la statue de la Liberté. Les accointances poutiniennes du chef d’orchestre sont de notoriété publique. La décence voudrait qu’il renonce de lui-même à venir. De nombreux artistes et musiciens russes osent prendre leurs distances avec le dictateur. Au prix de leur liberté et de leur vie. Leur courage serait bafoué par le maintien du festival de cet affidé du régime.
Eric Straumann