Georges Ratkoff à la médiathèque de Colmar
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12 décembre 2021
Méli-mélo
⬦ Le “en même temps” macronien
« On constate peut-être un début de ralentissement de l’épidémie. Mais il y a toujours une augmentation et elle est forte. »Gabriel Attal, porte-parole LREM, 7/12/2021
⬦ Ils n'ont qu’à nous injecter directement 1 litre de leur truc et on en aura fini...
⬦ On peut s’amuser longtemps avec l’alphabet grec. C’est rigolo, le variant Delta ne varie plus. Un variant invariable. Avant c’était les variants fantômes, maintenant le variant qui ne varie plus.
⬦ Serait-ce un variant d'ajustement ?
⬦ Qu'ils ne parlent plus de vaccins. Ils ne sont plus crédibles. La médecine c'est la prévention et le soin. Comment en sommes-nous arrivés là ?
⬦ Vu la tête du monsieur, il semble qu’il ne suce pas que de la glace. Donc, quand il parle de 4ème dose, il doit faire référence à l’apéro.
⬦ Bientôt la trêve des cons-pfizer !
⬦ Un nez qui coule, un mal de tête...
Ça pourrait bien être Omicron, nouveau nom pour le rhume !
Ça pourrait bien être Omicron, nouveau nom pour le rhume !
⬦ La coercition, la menace, les chiffres truqués, la peur... et l'efficacité visiblement très discutable des "vaccins" Covid... Même les plus "dociles" se prennent à douter.
Et dire que le coût de toute cette mascarade aurait pu renflouer les hôpitaux.
Mascarade
DC
⬦ Le masque est un objet contraphobique et un outil de domination psychologique.
Une sorte de BURQA mais pour tout le monde.
JFH
⬦ Et ça cache le double menton !
CC
⬦ Pour une population infantilisée on peut aussi le voir comme un "doudou" ou comme un "grigri" pour les superstitieux... bref tout sauf une barrière contre les virus qui n'en ont rien à foutre...
JF
⬦ Dans la rue ou au ski lol je suis d'accord : faut vraiment que nos dirigeants soient crétins pour imposer le masque !
FN
⬦ Le masque est un bonheur dans les transports en commun. On n'est plus soumis aux toux intempestives des gens qui nous crachent dessus, ni à l'haleine fétide de certains (qui ont dû en prendre conscience, du coup).
HDG
⬦ Le seul problème que je vois au masque, dont la protectivité efficationnelle ne saurait être remise en question, est l'inconfort relatif sous la douche.
RN
⬦ Et dire qu’on consomme trop de bouteilles plastique (qu’on recycle le plus souvent) mais 1600 milliards de masques en polypropylène (chiffre 2020), pas de problème...
DG
⬦ Il faut porter le masque même chez soi pour protéger les plantes vertes.
JL
⬦ Moi il m'arrange le masque en ce moment... manque des dents...
MA
11 décembre 2021
Juste abject !
Kelly Scott
On a obligé cette petite fille à se faire vacciner et là on lui fait croire qu’elle est une brave petite fille exemplaire...
Aucun enfant à ce jour en France n’est décédé du covid.
On fait croire aussi aux enfants qu’ils sont dangereux pour papy et mamie.
Des parents témoignent, leurs plus petits qui commencent à apprendre le langage n’ont pas beaucoup de vocabulaire mais savent dire : coronavirus, masque, piqûre.
Quel monde on impose à ces enfants, un présent et un avenir sombre et anxiogène. Je les plains et leurs parents avec.
Réveillez-vous ! Le covid est une maladie « presque » comme une autre qu’il faut combattre, soigner et essayer de maîtriser. Il y a toujours eu des virus.
Si l’hôpital est à l’agonie et le manque de lits récurrent, le virus n’y est pour rien. Austérité budgétaire pour les soignants et explosion des dépenses pour les postes administratifs.
Sans vouloir le banaliser, il faut apprendre à vivre avec ce virus, avec la maladie, avec la mort, il en a toujours été ainsi.
Matin midi et soir la propagande agit, les médias sont complices, des médecins deviennent de véritables stars des plateaux, des juges, des inquisiteurs.
Ce matin Véran a dit : cadeau de Noël
+ 20 millions de doses !!!
Depuis des mois on nous assène des ordres, des règles, des interdictions, des restrictions que nos gouvernants eux-mêmes ne respectent pas.
Les annonces et les mesures sont quotidiennes et contradictoires.
Un journal canadien explique comment annoncer à un proche non vacciné qu’il ne sera pas invité à Noël !
Les non-vaccinés sont devenus des parias, des criminels, des inconscients.
Les gens s’opposent, la délation règne, on se bat dans la rue pour un masque pas porté correctement, les agents SNCF et autres deviennent des kapos. On baisse la tête, on se soumet, on courbe l’échine.
Stop à ce grand délire ! Nous n’avons plus le droit de décider pour nous-mêmes, le droit de critiquer, de nous opposer.
On va bientôt nous imposer 4 doses en quelques mois, un traitement qui ne marche pas et qui n’est pas au point.
Un traitement, ne parlons pas de vaccin, un vaccin ce n’est pas ça !
Traitement qui fait gagner des milliards aux élites.
On voit ces put... de masques partout ! Dans les océans, sur le bord des routes, en forêt, en montagne. Marre marre marre de tout ce cirque !
Jean-Pierre Luminet
Pour celles et ceux qui se réjouissent que Valérie Pécresse soit candidate à la Présidence la République Française, et qui en parallèle pensent défendre (du moins sur Facebook) quelques valeurs de notre identité culturelle, voici le début d’une lettre que lui adresse, sous la plume de son secrétaire général Albert Salon, le Haut Conseil international de la Langue française et de la Francophonie (dont j’ai l'honneur de faire partie) :
« Madame la Présidente
Parmi les candidats à l’Élysée en 2022, vous n’êtes certainement pas la plus favorable au maintien et à l’épanouissement de la langue française en France et de la coopération internationale francophone. Ainsi, dès 2008, vous avez été lauréate du prix de la Carpette anglaise, décerné par nos associations pour le français et la Francophonie. Entre bien d’autres signes de désintérêt, voire d’hostilité à notre cause, et de choix délibéré, voire acharné, de la langue du maître, vous avez traité par le mépris nos diverses démarches tendant à vous amener à abandonner cette honteuse appellation « pass navigo easy », et à choisir une dénomination française, » etc.
Ceci, vous me direz, n’est qu’un détail par rapport au reste. Adoubée par l’oligarchie mondialiste au même titre que Macron, Pécresse s’est en effet déclarée une inconditionnelle du pass sanitaire, de la vaccination obligatoire et des mesures de rétorsion déjà pratiquées en Autriche (l’autre candidat LR qu’elle a battu entre deux bises, Ciotti, appelait quant à lui de ses vœux des Guantanamo à la française).
Décidément, de Charybde en Scylla, l’Odyssée de la France file bien promptement vers le gouffre. Et on voit mal une suite d’interventions divines qui, comme dans l’histoire des Argonautes, permettraient à notre pays de franchir sain et sauf le périlleux passage de mai 2022.
PS : J’adore l’expression « Carpette anglaise »
Pour celles et ceux qui se réjouissent que Valérie Pécresse soit candidate à la Présidence la République Française, et qui en parallèle pensent défendre (du moins sur Facebook) quelques valeurs de notre identité culturelle, voici le début d’une lettre que lui adresse, sous la plume de son secrétaire général Albert Salon, le Haut Conseil international de la Langue française et de la Francophonie (dont j’ai l'honneur de faire partie) :
« Madame la Présidente
Parmi les candidats à l’Élysée en 2022, vous n’êtes certainement pas la plus favorable au maintien et à l’épanouissement de la langue française en France et de la coopération internationale francophone. Ainsi, dès 2008, vous avez été lauréate du prix de la Carpette anglaise, décerné par nos associations pour le français et la Francophonie. Entre bien d’autres signes de désintérêt, voire d’hostilité à notre cause, et de choix délibéré, voire acharné, de la langue du maître, vous avez traité par le mépris nos diverses démarches tendant à vous amener à abandonner cette honteuse appellation « pass navigo easy », et à choisir une dénomination française, » etc.
Ceci, vous me direz, n’est qu’un détail par rapport au reste. Adoubée par l’oligarchie mondialiste au même titre que Macron, Pécresse s’est en effet déclarée une inconditionnelle du pass sanitaire, de la vaccination obligatoire et des mesures de rétorsion déjà pratiquées en Autriche (l’autre candidat LR qu’elle a battu entre deux bises, Ciotti, appelait quant à lui de ses vœux des Guantanamo à la française).
Décidément, de Charybde en Scylla, l’Odyssée de la France file bien promptement vers le gouffre. Et on voit mal une suite d’interventions divines qui, comme dans l’histoire des Argonautes, permettraient à notre pays de franchir sain et sauf le périlleux passage de mai 2022.
PS : J’adore l’expression « Carpette anglaise »
10 décembre 2021
Celia Izoard (Reporterre)
Envie de partager votre vie entière avec un groupe privé, partenaire du gouvernement ? C’est l’idée du « portefeuille d’identité numérique », sur les rails en Europe. Selon notre chroniqueuse, avec ce contrôle étouffant, la liberté disparaît.
Celia Izoard, journaliste, coauteure de La Liberté dans le coma : Essai sur l’identification électronique et les motifs de s’y opposer (Groupe Marcuse, La Lenteur, réed. 2019). Elle a retraduit et préfacé 1984, de George Orwell (Agone, 2021). Elle est aussi chroniqueuse pour Reporterre.
Lucie, jeune étudiante, sort de son lit. Au petit-déjeuner, sur son smartphone, un message du gouvernement lui signale qu’elle doit faire son rappel de vaccination. Arrivée à la fac où elle va passer un partiel, elle positionne le smartphone face à son visage pour activer la reconnaissance biométrique, ce qui génère un QR code que l’examinatrice souriante flashe pour l’identifier. Un peu plus tard, consultation chez le médecin : du même geste fluide, Lucie scanne son visage et lui tend un QR code qu’il reconnaît avec son écran avant d’ouvrir son dossier médical. Puis, dans le taxi qui la ramène chez elle, elle commande un passeport, là aussi en s’identifiant par reconnaissance faciale, puis loue une voiture en Australie en prévision d’un voyage. Le soir venu, à la porte d’un bar où elle rejoint ses amis, elle tend aimablement son smartphone au vigile qui flashe un QR code prouvant qu’elle a l’âge d’entrer.
Vous venez de voir une publicité du groupe Thalès pour son Digital Identity Wallet : un « portefeuille d’identité numérique », c’est-à-dire une sorte de passe sanitaire étendu à toutes les démarches de la vie quotidienne, assorti d’un dispositif de reconnaissance biométrique pour empêcher la fraude. On pourrait y voir une version du film Bienvenue à Gattaca [1] auquel il ne manquerait que le profilage génétique ; un cauchemar totalitaire dans lequel toute relation de confiance et de solidarité est rendue impossible par des procédures de validation contrôlées par une administration écrasante. Eh bien, pas du tout.
Le Digital Identity Wallet est « le meilleur ami de Lucie », nous dit Thalès, car c’est un outil de liberté qui protège sa vie privée. Il « offre aux citoyens un contrôle total sur leurs données personnelles, avec la liberté de décider quelles informations ils partagent, quand et avec qui ils souhaitent les partager ». Par exemple, à l’entrée du bar, Lucie a pu générer un QR code qui ne révèle que son âge, et aucune autre information personnelle. En d’autres termes, elle partage sa vie entière avec le groupe Thalès et ses partenaires (dont le gouvernement), mais elle ne lâchera rien au vigile.
QR code : toujours sous l’œil de l’État
Ce produit qui nous concerne tous très intimement a valu à Thalès le prix 2019 de « l’entreprise de l’année » par le cabinet Frost & Sullivan, qui relève avec appréciation l’une de ses originalités : « En cas de suspension d’un droit de l’individu pour quelque raison que ce soit, le gouvernement peut l’invalider en temps réel sur la plateforme » [2]. On peut donc désactiver à distance les moyens de paiement, la couverture santé ou le permis de conduire d’un citoyen. Une fonctionnalité dans l’air du temps : la même mesure était préconisée par les sénateurs de la commission prospective en juin 2021 dans la description de leur futur dispositif de crise sanitaire où, « dans un cas extrême, les données médicales d’un individu positif pourraient être croisées avec ses données de géolocalisation, et en cas de violation de sa quarantaine, conduire à une information des forces de l’ordre, ou, par exemple, à une désactivation de ses moyens de paiement. » [3]
Le portefeuille d’identité numérique sur les rails en Europe
On pense à d’autres cas extrêmes : par exemple pour neutraliser les militants susceptibles de se déplacer le jour d’une action pour le climat ou d’un appel à la grève. C’est d’autant plus facilement imaginable qu’en mai 2021, Thalès a fusionné avec l’entreprise Atos pour créer Athea, le champion européen du traitement de données massives et de l’intelligence artificielle pour les secteurs de la défense, du renseignement et de la sécurité intérieure.
Par pure coïncidence, il se trouve qu’en juin 2021, la Commission européenne a acté par la voix de Thierry Breton, commissaire au Marché intérieur, la création d’un Digital Identity Wallet pour tous les Européens. D’ici septembre 2022, les États membres devront en avoir établi les procédures techniques pour lancer des expériences pilotes. Non seulement cette création porte le même nom que le produit de Thalès, mais elle repose, tout aussi étrangement, sur le même argumentaire : « Le portefeuille d’identité numérique permettra aux citoyens de choisir quelles informations d’identité ils partagent avec des tiers, et d’en garder le contrôle [4]. »
Pour l’illustrer, la Commission a choisi un exemple : « Myra fait la queue devant une boîte de nuit et le vigile lui demande ses papiers. Au lieu de présenter sa carte d’identité, elle utilise son portefeuille d’identité numérique européen. Comme Myra peut choisir d’utiliser son portefeuille uniquement pour confirmer son âge, elle n’a pas eu besoin de partager d’autres informations personnelles avec le vigile. » Tiens ! Ça ne vous rappelle pas la soirée de l’autre fois, au bar, avec Lucie ?
Le fait que Thierry Breton ait quitté son poste de PDG du groupe Atos en 2019 pour devenir commissaire européen n’a probablement aucun rapport avec cette troublante coïncidence. On ne voit pas pourquoi il aurait avantagé ni Atos ni Thalès, principal groupe industriel français de sécurité. Et rien de tout ceci ne rappelle la récente enquête de Mediapart dans laquelle on apprend qu’une taupe de Thalès aurait infiltré l’ONU avec la complicité du gouvernement français pour orienter et décrocher les marchés d’équipement électronique des missions de l’organisation internationale.
Mais ce n’est peut-être pas le plus important. L’important est que nous soyons en train d’oublier ce que signifie la liberté. Une armée d’analystes et de communicants au service des grandes entreprises et des administrations s’y emploie chaque jour, en nous persuadant que la liberté est un sujet très technique qui concerne les modalités de stockage de nos données personnelles, et que dans ce domaine, Thalès est plus sûr que Facebook.
Scanner son visage pour aller au bar
Tout comme le « sentiment de la nature » perdure alors que la biodiversité s’effondre, le « sentiment de liberté » demeure, on peut l’éprouver entre deux portiques, mais cela n’enlève rien au fait que la liberté elle-même soit en train de disparaître. Après quelques mois, Lucie ne prête probablement plus attention au fait d’avoir dû scanner son visage pour aller au bar, elle pense à la soirée avec les amis. Elle ne voit pas les nouvelles bornes d’identification, pas plus que nous ne voyons les antennes relais quand nous traversons le paysage. Nous oublions que le monde pourrait être très différent, et qu’il l’a été. Il y a trente ans, presque personne n’avait de téléphone portable. « J’ai vécu à une époque, écrit George Bernanos en 1944 [5] où n’importe quel honnête homme pouvait faire le tour du monde avec une simple
⇒ https://reporterre.net/Bientot-le-portefeuille-d-identite-numerique-un-cauchemar-totalitaire?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne
Bientôt le « portefeuille d’identité numérique », un cauchemar totalitaire
Envie de partager votre vie entière avec un groupe privé, partenaire du gouvernement ? C’est l’idée du « portefeuille d’identité numérique », sur les rails en Europe. Selon notre chroniqueuse, avec ce contrôle étouffant, la liberté disparaît.
Celia Izoard, journaliste, coauteure de La Liberté dans le coma : Essai sur l’identification électronique et les motifs de s’y opposer (Groupe Marcuse, La Lenteur, réed. 2019). Elle a retraduit et préfacé 1984, de George Orwell (Agone, 2021). Elle est aussi chroniqueuse pour Reporterre.
Lucie, jeune étudiante, sort de son lit. Au petit-déjeuner, sur son smartphone, un message du gouvernement lui signale qu’elle doit faire son rappel de vaccination. Arrivée à la fac où elle va passer un partiel, elle positionne le smartphone face à son visage pour activer la reconnaissance biométrique, ce qui génère un QR code que l’examinatrice souriante flashe pour l’identifier. Un peu plus tard, consultation chez le médecin : du même geste fluide, Lucie scanne son visage et lui tend un QR code qu’il reconnaît avec son écran avant d’ouvrir son dossier médical. Puis, dans le taxi qui la ramène chez elle, elle commande un passeport, là aussi en s’identifiant par reconnaissance faciale, puis loue une voiture en Australie en prévision d’un voyage. Le soir venu, à la porte d’un bar où elle rejoint ses amis, elle tend aimablement son smartphone au vigile qui flashe un QR code prouvant qu’elle a l’âge d’entrer.
Vous venez de voir une publicité du groupe Thalès pour son Digital Identity Wallet : un « portefeuille d’identité numérique », c’est-à-dire une sorte de passe sanitaire étendu à toutes les démarches de la vie quotidienne, assorti d’un dispositif de reconnaissance biométrique pour empêcher la fraude. On pourrait y voir une version du film Bienvenue à Gattaca [1] auquel il ne manquerait que le profilage génétique ; un cauchemar totalitaire dans lequel toute relation de confiance et de solidarité est rendue impossible par des procédures de validation contrôlées par une administration écrasante. Eh bien, pas du tout.
Le Digital Identity Wallet est « le meilleur ami de Lucie », nous dit Thalès, car c’est un outil de liberté qui protège sa vie privée. Il « offre aux citoyens un contrôle total sur leurs données personnelles, avec la liberté de décider quelles informations ils partagent, quand et avec qui ils souhaitent les partager ». Par exemple, à l’entrée du bar, Lucie a pu générer un QR code qui ne révèle que son âge, et aucune autre information personnelle. En d’autres termes, elle partage sa vie entière avec le groupe Thalès et ses partenaires (dont le gouvernement), mais elle ne lâchera rien au vigile.
QR code : toujours sous l’œil de l’État
Ce produit qui nous concerne tous très intimement a valu à Thalès le prix 2019 de « l’entreprise de l’année » par le cabinet Frost & Sullivan, qui relève avec appréciation l’une de ses originalités : « En cas de suspension d’un droit de l’individu pour quelque raison que ce soit, le gouvernement peut l’invalider en temps réel sur la plateforme » [2]. On peut donc désactiver à distance les moyens de paiement, la couverture santé ou le permis de conduire d’un citoyen. Une fonctionnalité dans l’air du temps : la même mesure était préconisée par les sénateurs de la commission prospective en juin 2021 dans la description de leur futur dispositif de crise sanitaire où, « dans un cas extrême, les données médicales d’un individu positif pourraient être croisées avec ses données de géolocalisation, et en cas de violation de sa quarantaine, conduire à une information des forces de l’ordre, ou, par exemple, à une désactivation de ses moyens de paiement. » [3]
Le portefeuille d’identité numérique sur les rails en Europe
On pense à d’autres cas extrêmes : par exemple pour neutraliser les militants susceptibles de se déplacer le jour d’une action pour le climat ou d’un appel à la grève. C’est d’autant plus facilement imaginable qu’en mai 2021, Thalès a fusionné avec l’entreprise Atos pour créer Athea, le champion européen du traitement de données massives et de l’intelligence artificielle pour les secteurs de la défense, du renseignement et de la sécurité intérieure.
Par pure coïncidence, il se trouve qu’en juin 2021, la Commission européenne a acté par la voix de Thierry Breton, commissaire au Marché intérieur, la création d’un Digital Identity Wallet pour tous les Européens. D’ici septembre 2022, les États membres devront en avoir établi les procédures techniques pour lancer des expériences pilotes. Non seulement cette création porte le même nom que le produit de Thalès, mais elle repose, tout aussi étrangement, sur le même argumentaire : « Le portefeuille d’identité numérique permettra aux citoyens de choisir quelles informations d’identité ils partagent avec des tiers, et d’en garder le contrôle [4]. »
Pour l’illustrer, la Commission a choisi un exemple : « Myra fait la queue devant une boîte de nuit et le vigile lui demande ses papiers. Au lieu de présenter sa carte d’identité, elle utilise son portefeuille d’identité numérique européen. Comme Myra peut choisir d’utiliser son portefeuille uniquement pour confirmer son âge, elle n’a pas eu besoin de partager d’autres informations personnelles avec le vigile. » Tiens ! Ça ne vous rappelle pas la soirée de l’autre fois, au bar, avec Lucie ?
Le fait que Thierry Breton ait quitté son poste de PDG du groupe Atos en 2019 pour devenir commissaire européen n’a probablement aucun rapport avec cette troublante coïncidence. On ne voit pas pourquoi il aurait avantagé ni Atos ni Thalès, principal groupe industriel français de sécurité. Et rien de tout ceci ne rappelle la récente enquête de Mediapart dans laquelle on apprend qu’une taupe de Thalès aurait infiltré l’ONU avec la complicité du gouvernement français pour orienter et décrocher les marchés d’équipement électronique des missions de l’organisation internationale.
Mais ce n’est peut-être pas le plus important. L’important est que nous soyons en train d’oublier ce que signifie la liberté. Une armée d’analystes et de communicants au service des grandes entreprises et des administrations s’y emploie chaque jour, en nous persuadant que la liberté est un sujet très technique qui concerne les modalités de stockage de nos données personnelles, et que dans ce domaine, Thalès est plus sûr que Facebook.
Scanner son visage pour aller au bar
Tout comme le « sentiment de la nature » perdure alors que la biodiversité s’effondre, le « sentiment de liberté » demeure, on peut l’éprouver entre deux portiques, mais cela n’enlève rien au fait que la liberté elle-même soit en train de disparaître. Après quelques mois, Lucie ne prête probablement plus attention au fait d’avoir dû scanner son visage pour aller au bar, elle pense à la soirée avec les amis. Elle ne voit pas les nouvelles bornes d’identification, pas plus que nous ne voyons les antennes relais quand nous traversons le paysage. Nous oublions que le monde pourrait être très différent, et qu’il l’a été. Il y a trente ans, presque personne n’avait de téléphone portable. « J’ai vécu à une époque, écrit George Bernanos en 1944 [5] où n’importe quel honnête homme pouvait faire le tour du monde avec une simple
carte de visite dans son portefeuille. »
Comment lutter contre ce verrouillage de nos vies ? Combattre autant que possible l’informatisation des activités humaines. Flickr / CC BY-SA 2.0 / Cory Doctorow
Dans un an ou deux, quand dégainer un passe sera devenu un geste instinctif, on y adjoindra sans doute un portefeuille d’identité numérique biométrique pour parfaire le contrôle.
Comment lutter contre ce verrouillage de nos vies ? D’abord, combattre autant que possible l’informatisation des activités humaines, qui débouche nécessairement sur l’identification électronique. Créer des espaces alternatifs qui s’y soustraient (pour s’entraîner à la liberté). Quant à moi, le passe sanitaire m’a convaincue de ne plus avoir de smartphone. C’est une manière à la fois dérisoire et utile de ralentir la machine. Thalès, pour défendre son Digital Identity Wallet, argue que « 90 % des utilisateurs ont leur smartphone à portée de la main à tout moment ». Ce chiffre ne correspond pas au taux d’équipement en France, qui est de 84 %. En tous cas, il deviendrait beaucoup plus compliqué pour l’État et les entreprises d’imposer la biométrie, les QR code et tout ce qui s’ensuit si un bon quart de la population ne disposait pas de cet objet.
Dans un an ou deux, quand dégainer un passe sera devenu un geste instinctif, on y adjoindra sans doute un portefeuille d’identité numérique biométrique pour parfaire le contrôle.
Comment lutter contre ce verrouillage de nos vies ? D’abord, combattre autant que possible l’informatisation des activités humaines, qui débouche nécessairement sur l’identification électronique. Créer des espaces alternatifs qui s’y soustraient (pour s’entraîner à la liberté). Quant à moi, le passe sanitaire m’a convaincue de ne plus avoir de smartphone. C’est une manière à la fois dérisoire et utile de ralentir la machine. Thalès, pour défendre son Digital Identity Wallet, argue que « 90 % des utilisateurs ont leur smartphone à portée de la main à tout moment ». Ce chiffre ne correspond pas au taux d’équipement en France, qui est de 84 %. En tous cas, il deviendrait beaucoup plus compliqué pour l’État et les entreprises d’imposer la biométrie, les QR code et tout ce qui s’ensuit si un bon quart de la population ne disposait pas de cet objet.
La lettre d'info quotidienne
10 décembre 2021
Agriculture
Éric, éleveur, pleure son troupeau perdu à cause de normes absurdes
Politique
Primaire de la gauche : écolos et insoumis déclinent la proposition d’Anne Hidalgo
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Fabien Nierengarten
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