Michel Naudo
Catharsis
La campagne des élections présidentielles qui vient de commencer, m’intéresse et je la trouve passionnante. J’ai donc suivi avec intérêt les propos d’Eric Zemmour sur CNEWS hier soir, tout comme j’avais suivi le débat entre lui et Jean Luc Mélenchon sur BFMTV.
La première partie ne fût pas très intéressante. En effet, face à une Christine Kelly sirupeuse et faussement ingénue qui lui servait la soupe, Zemmour se justifiait sans grande conviction sur certains de ses comportements récents (fusil braqué sur des journalistes par exemple). Une vidéo très parlante a toutefois été montrée, qui illustrait parfaitement le fait que Zemmour était comme un chien dans un jeu de quilles. Formule qu’il a d’ailleurs reprise et qui est exacte. Il a débarqué dans cette campagne comme un chien dans un jeu de quilles en en bouleversant l’ordonnancement prévu à l’avance.
Je l’ai toutefois trouvé fatigué et lui-même a avoué que c’était éreintant.
La politique à ce niveau de compétition c’est un marathon et pour faire ce marathon il faut s’y être préparé longtemps pour ne pas flancher à la barre fatidique des trente kilomètres. Nous n’en sommes qu’au début et j’ai quelques craintes sur sa condition physique pour la suite…
Je sais qu’il prend des cours de théâtre pour améliorer sa posture de tribun quand il fera des meetings, exercice où il n’est pas particulièrement bon. Je lui conseille également de modifier son attitude à la télévision car on voit trop souvent le haut de son crâne. Il faudrait également qu’il fasse quelques séances de kiné afin de corriger sa raideur de la nuque qui fait que quand il se tourne vers un interlocuteur, il bouge tout le haut de son corps comme un vieux atteint d’arthrose. Mais ce ne sont là que des détails qui ont toutefois de l’importance dans notre société très médiatisée.
La deuxième partie, celle des débats fut plus intéressante avec un Zemmour toujours aussi caricatural et péremptoire et clairement pas au niveau sur les questions économiques face à Denis Olivennes dont il contestait les chiffres pourtant officiels. Il s’est toutefois mieux défendu sur la laïcité et je partage d’ailleurs certaines de ses propositions. On peut néanmoins lui reprocher que tout son discours passe toujours à travers le prisme de l’immigration et de l’islam. Cela en devient même idéologique et dogmatique !
Nous avons naturellement eu droit aux « Ben voyons ! » en guise d’arguments.
On a pu noter que désormais il souhaite être candidat mais s’est refusé à dire quand il se déclarera. La question n’est donc plus « sera-t-il candidat ? » mais « quand ? ».
Sur ce point, il a raté d’ailleurs une belle occasion historique pour se déclarer car il aurait pu organiser un rassemblement solennel et très gaullien puisque c’était en effet un 4 novembre 1965 que De Gaulle déclarait sa candidature à la fonction suprême. Ça aurait eu de la gueule en indisposant beaucoup de LR ! Quoique…
Sans le traiter de guignol comme l’Âne Hidalgo, Zemmour me fait un peu penser à Coluche dont les velléités de candidature avaient suscité un véritable engouement chez les Français jusqu’à inquiéter le pouvoir. Mais c’était une autre époque et d’autres mœurs. Coluche avait fait office de défouloir tout en montrant déjà le peu d’estime des Français pour leurs hommes politiques.
Pour moi, Zemmour est un peu dans le même rôle. Il dit des choses simples, claires, audibles pour beaucoup et qui correspondent à ce qu’ils pensent. Le problème c’est que c’est un discours simpliste et populiste car nos sociétés sont complexes et ne peuvent se résumer à des slogans caricaturaux. Néanmoins cela plait et en ce sens, je crois que Zemmour aura un effet cathartique sur beaucoup de Français.
Une fois déclaré candidat, la donne va changer et s’il tient la distance, il va réaliser qu’il sera passé du rôle du chien à celui d’une des quilles…