Le pass sanitaire, temporaire ? Faites-moi rire.
Lorsque dans une petite série de billets d'août et septembre je me suis élevé contre le pass de la honte avec quelque argumentation, j’avais eu des réactions très variées, allant de l’applaudissement à l’insulte. Je me souviens en particulier de commentaires non agressifs à mon égard mais quand même favorables au pass, du genre « mais enfin Jean-Pierre, pourquoi faire un tel foin, tout ceci c’est provisoire et pour notre bien, de toute façon cela va s’arrêter le 15 novembre ». J’avais rétorqué qu’il ne fallait pas « rêver du genou » et que le pass de la honte serait à coup sûr prolongé au moins jusqu’aux élections, ce qui m’a valu d’être une fois de plus traité de complotiste, de délirant, de perdu pour la science, de sénile et autres amabilités.
C’est donc à la surprise générale, complète et totale de cette gent lucide et confiante que le gouvernement a décidé très démocratiquement de prolonger l’usage du QR code afférent en étendant sa période d’utilisation jusqu’au mois de juillet 2022. Quelle stupéfaction ! Ces braves gens ne s’y attendaient absolument pas !
Je reprends pour la suite, en l’adaptant un peu, un long billet ironique d’un ami anonyme qui signe H16 des chroniques avec lesquelles je suis généralement d’accord à 90%. Chroniques qui sont d’une telle lucidité anti-gouvernementale que leur auteur est haï par l’oligarchie qui, tirant les ficelles de leurs pantins, se voit constamment démasquée dans ses turpitudes (d’où le pseudonyme H16, qui cache un haut fonctionnaire très au fait de ce qui se passe dans les officines de l’Élysée et de Bruxelles).
Qui donc, à part des crétins de complotistes dans mon genre, aurait en effet pu imaginer que ce gouvernement finirait par imposer le pass dans les activités quotidiennes, alors que notre si grand et si bienveillant Chef de l’État lui-même nous avait promis le contraire quelques mois auparavant ? Qui aurait pu imaginer un si compétent ministre de la santé faire une volte-face complète après ses discours de chafouin assurant au bon peuple peu éduqué que le pass serait limité à la fois dans le temps et dans ses applications à la plus stricte nécessité ?
Vraiment, c’est complètement inouï et totalement inattendu de la part d’un gouvernement jusqu’ici exemplaire, et de politiciens qui ont toujours su respecter leurs promesses avec une ponctualité et une régularité imparables. À leurs yeux jadis peau-de-saucissonnés, cela deviendrait-il choquant de découvrir l'impensable prolongation de ce pass, qui sépare les Français entre des lépreux irrationnels auxquels il faut rendre la vie impossible (« on les aura ces connards », dixit Macaron au Varan pas Komodo), et des obéissants raisonnables auxquels il convient d’attribuer de menus privilèges.
Distribués à la population soumise, ces pass/privilèges sont forts commodes tant ils sont, une fois numérisés, faciles à révoquer à chaque fois qu’on en aura besoin : l’épidémie repart, ou du moins veut-on le faire croire à coup de chiffres truqués ? Hop, on empêche en quelques minutes l’accès aux restaurants, aux cafés, aux musées, salles de concert, bibliothèques et autres lieux de culture.
Il reste de gros stocks de vaccins à écouler ? Hop, on invalide le pass/privilège tant qu’une piqûre supplémentaire n’a pas été faite. Etc.
Ensuite, le pass pourra facilement être relié, sous une forme ou une autre, à tout aspect de la vie sociale ou administrative que l’État et ses politiciens malins auront jugé indispensable d’encadrer fermement. Un matin, le pass vous autorisera à dépenser votre argent comme vous l’entendez. Un matin suivant, pouf, ce ne sera plus le cas parce que vous n’avez pas fait ce qu’il faut… Vous n’avez pas bien rempli votre feuille d’impôts, vous n’avez pas payé votre amende, que sais-je encore, ou simplement parce que, collectivement et avec tous les individus de votre sexe, de votre âge ou de votre classe, l’État en aura ainsi décidé.
Ah, que c’est bon de voir se profiler ce monde jadis imaginé dans les brouillards mentaux des Orwell, Huxley, Arendt et autres Anders, un monde qui devient de moins en moins flou et de plus en plus dystopique.
Certains trouveront que j’exagère. Tout ceci n’est en effet qu’une simple fiction… qui anticipe de quelques mois, de quelques années tout au plus, ce qui est en train de se mettre en place directement sous le nez des cohortes :
• de syndicats purement et simplement collaborateurs et complètement à la botte des politiciens, comme d’habitude incapables de protéger les droits fondamentaux de ceux qu’ils mentent représenter (exemple : SNCF),
• de naïfs qui refusent de croire qu’un gouvernement démocratique puisse imposer ceci à toute une population,
• d’idiots utiles qui persistent à voir dans ce pass une formidable opportunité de brandir fièrement leur smartphone dernier-cri pour montrer à quel point ils savent ramper,
• d’industriels trop heureux de se remplir les poches avec ce capitalisme de connivence sans plus aucun frein ni limite.
Eh bien non, le pass n’est pas temporaire, et tout sera fait pour qu’il perdure bien au-delà de ses enjeux pseudo-sanitaires : il y a trop d’investissements industriels derrière pour qu’il soit mis au placard. Dans un billet précédent je citais l’explication directement fournie par certains industriels qui entendent jouer un rôle actif et évidemment très lucratif pour installer ce pistage complet, permanent et universel des Français (et bien au-delà de notre pitoyable hexagone, tant la tendance se met obstinément en place au niveau mondial). L’exemple de Thalès, groupe spécialisé entre autres dans la sécurité et la défense, vient immédiatement à l’esprit, d’autant que le groupe français ne cache même pas ses ambitions de voir un jour un tel pass multi-usages déployé partout - j’avais donné le lien vers une traduction française de leur édifiant plan « marketing ».
C’est logique du reste : à partir du moment où le passeport vaccinal numérique européen était déjà dans les tuyaux depuis 2018, et où la crise sanitaire du Covid19 a été l’occasion rêvée (provoquée ?) de booster les efforts envisagés pour le déployer, il était normal que les acteurs industriels déjà engagés dans des développements sur le sujet profitent à présent de l’occasion pour pousser le plus loin possible leurs projets lucratifs et récolter la manne.
En réalité, la prolongation du pass sanitaire et son extension à tous les domaines n’a rien de surprenant, tant il s’inscrit dans un projet industriel qui recouvre à la fois le suivi médical exhaustif des individus, leur identité numérique complète (avec par exemple un remplacement des passeports et des cartes d’identité), puis de leur portefeuille, de leurs feuilles de paie, de leurs documents essentiels qui définissent toute leur vie familiale, professionnelle et sanitaire… puis politique.
L’avantage pour les industriels est énorme puisque cela leur donnera accès à des marchés publics gigantesques (un demi-milliard d’individus juste pour l’Europe), sans parler des retombées en termes d’analyse de données que cette numérisation forcenée va amener. Et si c’est un trésor dodu pour les industriels, il va de soi que c’est une méthode de pistage et de contrôle ultime pour les États prompts à encaisser les prébendes que les lobbyistes leur jettent dans les bras.
Est-ce surprenant alors que l’histoire récente et passée fourmille d’exemple de telles collusions ouvertes et profondes ? Est-ce inimaginable de voir se mettre en place de tels plans qui vont réduire les libertés des Européens à un vague souvenir sépia, alors que la crise a déjà illustré quelques édifiants exemples de collusions et de corruption profonde ?
A-t-on déjà oublié par exemple que l’Union européenne s’est fendue d’un milliard d’euros pour un remdesivir finalement avoué comme nocif ? Plus proche de nous, en France, qui se souvient du niveau de collusion entre État et entreprises privées bien introduites lorsqu’il a été question d’installer des portiques éco-taxe ? Le lobbying intense de certains industriels aurait permis la mise en place, au frais du contribuable bien sûr, de portiques qui allaient taxer d’abord les camions puis les voitures sur toutes les grandes routes de France…
Pour le pass, nous sommes clairement dans le cas d’un problème créé de toutes pièces par l’État, dont lui seul pourra apporter la solution qui lui aura été soufflée de bout en bout par des industriels à l’éthique globale plutôt défaillante, dans la mesure où la mise en coupe réglée de tout un peuple ne semble leur poser aucun souci.
On peut ainsi imaginer que les prochaines étapes, après cette prolongation du pass, incluront la découverte – ô surprise – que le pass est parfois contrefait, ou inefficace puisqu’on ne lui a pas adjoint l’identité réelle du porteur, et qu’il conviendra donc de rendre tout ceci biométrique (par exemple). La numérisation de l’identité sera une formalité. Comme un cheptel de vaches et de moutons, nous serons progressivement numérotés et pucés, avant la tonte et l’abattoir.
Rappelez-vous cependant : le projet des portiques « écotax » a finalement été abandonné. Pourquoi ? Parce que cet abandon n’avait pas été demandé « poliment ».
Eh bien, si l’on veut que le pass et ses avatars programmés disparaissent de même, il ne faut pas agir autrement.
Mais cela ne peut malheureusement passer, comme le prétendent les derniers naïfs, par les urnes et un bulletin de vote prétendûment démocratique : tous les partis politiques français, du moins ceux qui dépassent le 1% d'intentions de vote, sont corrompus. Car le but exclusif de l'exercice politique est devenu l'argent, certainement pas l'amélioration de la condition humaine.