Michel NaudoOn lit de nombreux papiers concernant l’affaire des sondages de l’Elysée actuellement pendante devant le tribunal correctionnel de Paris. On relate aussi beaucoup le fait que Nicolas Sarkozy se voit désormais contraint de venir témoigner au procès alors qu’il avait fait savoir qu’il n’en avait pas l’intention.
Je n’ai pas lu ou entendu de commentaires ou de réflexions sur l’attitude de l’ancien président de la république. Je vous livre ici mon sentiment :
Je ne reviens pas sur l’affaire, chacun pouvant se renseigner sans aucune difficulté.
Pour moi, écrire une lettre aux juges en déclarant qu’il ne viendra pas témoigner, revient à dire à ses anciens proches collaborateurs de cabinet « démerdez-vous » !
Cette attitude est fâcheuse car elle semble révéler son peu d’intérêt pour celles et ceux qui ont travaillé avec lui de façon rapprochée pendant son mandat.
Le mal est fait mais j'imagine qu'il peut encore se rattraper et montrer sa vraie dimension de leader lors de sa prochaine audition contrainte et forcée suite à un mandat d’amener délivré par le tribunal de Paris.
L’article 67 de la Constitution de 1958 stipule que « Le Président de la République n’est pas responsable des actes accomplis en cette qualité… ». Autrement dit Nicolas Sarkozy ne peut être condamné pour des faits qui se sont déroulés sous sa présidence et jouit à ce titre d’une immunité totale et permanente.
Les juges ont néanmoins estimé que sa présence était « nécessaire à la manifestation de la vérité » et « susceptible d’avoir une influence sur les faits reprochés aux prévenus ».
Le 2 novembre prochain, devant le tribunal, il devra parler et répondre aux questions des juges et des parties civiles si toutefois il décide de s’exprimer.
Que devrait-il dire ?
Pour l’histoire et son image, il devrait déclarer endosser l’entière responsabilité de ce qui est reproché sur le fond à ses anciens proches collaborateurs de cabinet car ceux-ci agissaient sous son autorité, et suivant ses consignes.
Les juges feront ce qu’ils voudront et apprécieront les moyens et les mécanismes mis en œuvre pour exécuter les directives présidentielles. Nicolas Sarkozy sait qu’il ne risque strictement rien à adopter cette conduite. Ce serait d’ailleurs encore plus signifiant s’il encourait quelque chose…
Nicolas Sarkozy a encore l’image d’un leader tout comme l’avait un Jacques Chirac.
Le 2 novembre, il a rendez-vous avec l’histoire et devrait en sortir grandi, grâce à une attitude responsable et courageuse.
Il aura à choisir entre laisser le souvenir d’un vrai chef ou celui d’un petit chef…