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21 août 2021

Photographie originale de Stéphane Aït Ouarab faite dans le cadre d'une opération publicitaire destinée à promouvoir les "Vitrines de Colmar", association qui regroupe une partie des commerçants de la ville, sous la houlette de sa présidente, Céline Kern-Borni.



Odile Uhlrich Mallet

L’appel du 17 août !
 
La prise de Kaboul, ce 15 août 2021, par les Talibans, laisse planer plus qu’une hypothèque sur l’avenir du droits des femmes dans ce pays. Il n’y a qu’à se souvenir de la condition féminine lors de leur dernier passage au pouvoir pour craindre le pire.
À mes yeux, aucune idéologie, philosophie, ou religion n’a le droit d’asservir ainsi la femme.
Droits des femmes en Afghanistan, droits des femmes dans bien d’autres pays encore, égalité des droits, des salaires encore bien mal appliqués et vécus jusque dans nos démocraties, et la notre pourtant fille des Lumières…
Militer pour les droits des femmes, pour l’égalité hommes femmes n’est pas encore un combat d’arrière-garde, ni là-bas, ni ici. Je ne peux concevoir mon engagement au service de la Cité sans y inclure cette dimension fondamentale. Je ne saurai admettre de voir qu’une femme ne puisse vivre sa vie et s’épanouir sous prétexte qu’elle soit une femme, la voir moins bien considérée ou payée parce que femme.
J’en appelle à toutes les femmes, engagées en politique, en responsabilité dans la vie économique ou associative, à toutes celles qui veulent un monde d’égalité, pour créer une véritable sororité* afin que demain, partout dans le monde, toutes les femmes soient reconnues dans l’intégralité de leur être et de leur valeur. La sororité*, vécue comme un lien du cœur entre toutes les femmes de ce monde, une belle solidarité qui fera tomber l’obscurantisme et la soumission. Voilà un beau combat à mener.

*Sororité = attitude de solidarité féminine.

19 août 2021

Il devient urgent d'être libre !

[Tribune d'artistes]

Ces nouvelles mesures sont tombées comme un couperet et nous plongent aujourd’hui dans un état de désarroi, de vide, de tristesse, alimentant un vaste sentiment d’impuissance et de colère.
Depuis 1 an 1/2, nous essayons d’être solidaires, réactifs, de nous adapter en préservant le désir de créer, de partager avec les publics nos visions du monde, nos œuvres d’art, nos sensibilités. Il y a eu déjà beaucoup de casse. De nombreuses compagnies ont disparu de la circulation, des artistes ont jeté l’éponge, des équipes techniques, administratives entières ont été broyées par la gestion de la crise et plongées dans des situations de grande précarité. L’épuisement est là et ces dernières mesures extrêmement coercitives sont venues alourdir et complexifier une situation morale et économique déjà très fragile.
Nous comprenons le contexte sanitaire et nous avons à cœur de lutter contre l’épidémie. L’art est un moyen de préserver l’espace du sensible, de prendre soin de l’intime, de se questionner et d’aller vers l’autre, sans relâche. Nous sommes persuadés qu’en créant, en véhiculant des visions du monde ouvertes, multiples, hétéroclites, nous donnons aussi des outils aux uns et aux autres pour se construire, se renforcer, rêver et se projeter.
Mais aujourd’hui, la question du passe sanitaire nous met dans une situation éthiquement insoutenable : il suscite des divisions, beaucoup de violence et d’incompréhension. Parce qu’ils souhaitaient prendre le temps de la réflexion ou tout simplement parce qu’ils n’étaient pas prêts à appliquer cette mesure, certains d’entre nous se retrouvent isolés, ont perdu leur travail, ont dû abandonner leurs projets, leurs partenaires de jeu. Dans ce contexte abrupt (mesures prises en plein été, alors que des festivals étaient en cours, des contrats engagés, des tournées lancées), il ne s’agit plus seulement de s’adapter, de réagir, de chercher des solutions, d’avancer ensemble… Cela nous l’avons déjà fait. Et encore une fois, nous ne sommes pas anti-vaccins, mais nous ne sommes pas non plus des babas cool libertaires, individualistes et inconscients. Nous sommes des artistes face à une crise qui dépasse les enjeux sanitaires et qui questionne notre propre rapport à l’art. C’est à cet endroit, profond, que nous nous révoltons.
Se faire biper pour voir un spectacle, présenter ses papiers d’identité nous apparaît comme l’apothéose d’un système capitaliste outrancier, sans limites. Cet acte de contrôle entre en contradiction avec notre désir de créer, de penser l’art comme un espace-temps ouvert à tous. Entrer dans une salle de spectacle ou aller voir un spectacle dans la rue est d’abord un élan personnel qui doit s’affranchir de toute contrainte. L’espace de la représentation n’est pas un supermarché. Cela doit rester un espace sans code barre, un espace du sensible, du possible, un espace dédié à l’imaginaire, un espace où il est possible de se rendre pour des raisons intimes, profondes, invisibles.
Il devient urgent d’être libre et de pouvoir aller et venir à sa guise.
Et après le passe sanitaire, quelles seront les autres mesures pour nous abasourdir, pour nous diviser, pour nous faire taire ?
Si ces mesures d’urgence sanitaires s’accompagnaient de mesures d’urgence écologiques, d’une mise en place de lois visant à l’égalité réelle entre tous, d’une vision du monde permettant à chacun de manger à sa faim et de bien manger, afin de se constituer une immunité physique, psychologique, mais aussi mentale, morale, intellectuelle et sensible, alors nous serions tous en train de courir pour nous faire vacciner. Parce que derrière il y aurait l’espoir d’une société qui évolue vers de la beauté, de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.
Mais nous sommes sans cesse renvoyés à notre propre sentiment d’impuissance, comme à une fatalité. Nous sommes affaiblis par un système qui n’a plus rien de démocratique. À quel moment avons-nous été concertés sur ces mesures ? Leurs enjeux ? Leurs impacts directs sur nos vies et sur celles de nos œuvres ?
Nous refusons aujourd’hui, en écrivant cette tribune, de céder à ce sentiment d’impuissance.
L’art est ce qui permet de rêver à un monde meilleur, d’ouvrir des possibles, mais ce rêve n’est pas qu’un rêve d’imagination, c’est un rêve qui s’accompagne du désir concret de le mettre en œuvre. Un spectacle, s’il n’est là que pour divertir, faire passer le temps, occuper les corps et les esprits, s’il devient un écran entre nous et le monde, comme la télévision, si la puissance du vivant est niée alors il ne devient qu’un spectacle affligeant, au service d’une idéologie libérale dévastatrice.
Si au nom d’une crise sanitaire, la seule solution est la coercition, le contrôle des masses, si au nom du collectif on protège un système consumériste et individualiste avant tout, alors c’est ouvertement le signe que la démocratie est bafouée, sans vergogne, c’est une société qui affiche qu’elle nie l’espace du sensible. Il n’y a rien de collectif, de responsable dans cette attitude. Juste l’affirmation d’une uniformisation qui produit de la souffrance, de la division, du vide.
Nous refusons aujourd’hui cette mesure parce qu’elle est le témoin d’une démocratie en crise, d’un monde qui contraint les artistes, les créateurs, les spectateurs, les êtres humains à se plier pour garder l’illusion d’être libre. Mais être libre, ce n’est pas pouvoir aller au spectacle, boire un café ou faire ses courses en présentant patte blanche. Ce n’est pas continuer à consommer à tout prix. Ce n’est pas tenter de survivre dans un monde qui va mal. C’est vivre dans ce monde, en accord avec soi-même, c’est sentir qu’en créant, en pensant, en se questionnant, d’autres rapports au monde sont possibles et que nous avons le pouvoir de le changer. C’est rencontrer les autres et échanger, laisser les pensées se contaminer les unes les autres, aller vers l’autre sans avoir la peur au ventre d’être rejeté.
L’acte de créer échappe à tout contrôle. L’espace de jeu est un espace de remise en question qui doit rester sain, prometteur, rempli d’espoir.
Le passe sanitaire est une horreur parce qu’il nous éloigne les uns des autres sous couvert de nous protéger d’un virus.
La véritable maladie aujourd’hui c’est la peur et l’état de faiblesse dans lesquelles les êtres sont maintenus et une lente mais mortifère déshumanisation de toute relation au monde, à l’autre et à soi-même.


[Covid / Le coin des libres-penseurs]

Quand le PDG de Moderna vous explique que le virus ne disparaîtra jamais...

 ... et qu'il faudra donc procéder à des rappels réguliers :



VEESSE








COMMENTAIRES

C’est assez surprenant de vous lire faire l’éloge de cette formidable activité quand on sait que vous étiez plus qu’opposé au projet de vélo taxi à Colmar... Il est vrai qu’il n’est jamais trop tard pour changer d’avis. Bien cordialement.
EDH

Stéphane Jordan, vélo taxi à Colmar :

Dommage qu'il m'ait bloqué sur sa page, j'aurais bien aimé lui rappeler qu'il était le seul opposé à mon projet !

17 août 2021

Anne de Staël, fille de Nicolas :

« Qu'est-ce que l'admiration ? Quel est ce miroir dans lequel prend forme non "se regarder" mais se reconnaître ? De quelle façon une œuvre vous aura-t-elle fait tellement grandir ? Et que réfléchit la réflexion ? Notre propre vie s'éclaire à ce que nous admirons et qui ne manque pas de nous dépasser. Il arrive que "Les Grands Morts" soient plus vivants que les vivants. »


Le Portrait d'Anne se trouve au musée Unterlinden

CITATIONS

⬦ Ce qui, probablement, fausse tout dans la vie, c'est qu'on est convaincu qu'on dit la vérité parce qu'on dit ce qu'on pense.
Sacha Guitry

⬦ Que chacun raisonne en son âme et conscience, qu'il se fasse une idée fondée sur ses propres lectures et non d'après les racontars des autres.
Albert Einstein

⬦ Ne te laisse point prendre au tourbillon ; mais, dans tout élan, propose-toi le juste ; et, dans toute représentation, sauvegarde ta faculté de comprendre.
Marc-Aurèle

⬦ Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse.
Albert Camus

⬦ Dès ma prime jeunesse, rien n'avait été plus fort en moi que le vœu intime de demeurer libre et indépendant.
Stephen Zweig

⬦ Le doute chez moi est passion et la passion un devoir, une tâche, une chose simple à accomplir. Le reste est la folie pure de l'art.
Nicolas de Staël

Les malheurs du monde

Isabelle Kieffer

Les Afghans tentent désespérément de fuir un régime de terreur.
Les Haïtiens déblaient gravats et cadavres à mains nues.
Les Libanais meurent pour 1 litre d’essence.
Les Kabyles (et d’autres) voient brûler leurs forêts et villages.
Maurice et Huguette doivent montrer leur QR code pour siffler une bière en terrasse.