Dans un article paru sur le site internet du Point, on apprend ce soir que la "cancel culture" s'attaque désormais à Blanche-Neige et surtout au Prince Charmant. Les hystériques de la révision historique ont décelé dans la fameuse scène du baiser... un acte à caractère sexuel non consenti. Heureux les gens dont les seuls problèmes existentiels sont de cet acabit !
Avec quelques heures de recul, revenons un instant sur les échanges qui ont eu lieu hier soir, sur cette page, au sujet de Blanche-Neige et du Prince Charmant. Pour faire court, le débat a porté sur ceci : Peut-on assimiler le baiser qui réveille la belle endormie, à un début d'acte sexuel non consenti ? Et de ce fait, faut-il désormais censurer certains contes de fées, ainsi que les dessins animés qui en ont été réalisés ?
Je pense qu'on peut aujourd'hui, très raisonnablement, tomber d'accord sur les trois constats suivants :
- Depuis les frères Grimm, puis Walt Disney, tous les hommes ne sont pas devenus (fort heureusement) des violeurs ou des agresseurs sexuels en puissance.
- Ces derniers représentent au contraire une infime minorité de la gent masculine du 21ème siècle (attention, mon propos ne vise pas à renier la nécessité d'une lutte quotidienne contre le sexisme).
- Enfin, il me semble que parmi les femmes âgées de 0 à 100 ans (voire plus), très peu nombreuses sont celles qui se sentent "souillées" par ce baiser volé. Certaines en ont même rêvé. À condition bien-sûr que le "prince" soit (très) charmant.
La vraie question est donc plutôt celle-ci : faut-il "reprogrammer" une grande partie de la population de notre pays, sous prétexte qu'une petite bande de détraqués se croit tout permis à l'égard d'une femme, parce qu'un jour (imaginaire), un Prince (imaginaire) a réveillé d'un baiser (certes non consenti, et pour cause...), une jeune fille (imaginaire) dans une histoire (imaginaire) écrite au début du 19ème siècle ?
Quant à la seconde question que pose ce débat un peu surnaturel (mais pas féerique pour autant), elle serait la suivante : faut-il une nouvelle fois niveler le monde entier par le bas, sous prétexte que quelques abrutis n'ont reçu en héritage, ni l'intelligence, ni l'éducation minimales, pour savoir faire la différence entre une femme et un objet ? Répondre à cette interrogation permettrait, je crois, de soigner bon nombre de ces fractures qui minent notre société aujourd'hui.