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22 mars 2021

Une période extraordinaire

Bernard Friedrich

Je me rends enfin compte - au bout de plus d'un an - de la chance que j'ai de vivre cette période extraordinaire : explosion de la créativité à tous les niveaux et dans d'innombrables domaines, formidables élans de solidarité et de reconnaissance, respect certes un peu "forcé" de règles de vie contraignantes mais jugées essentielles, engagements généreux des citoyens, prise de conscience du caractère vital de métiers et professions jusque là ignorées voire méprisés, générosité, mise à l'honneur du sens du devoir et du sacrifice... Bien sûr, ce monde n'est pas parfait... mais peut-être que demain nous resterons dans cette dynamique ! L'espoir fait vivre.

Stéphane JORDAN, vélo-taxi

TV7, la télévision locale de Colmar

« Depuis janvier 2020, Stéphane JORDAN sillonne les rues colmariennes à bord de son vélo-taxi. Une machine de 150 kg qui lui permet de transporter des personnes, leurs bagages, mais aussi des marchandises, en utilisant les pistes cyclables et toutes les voies utilisables à vélo.

Un mode de transport et de livraison écologique qui séduit toutes les générations ; des personnes âgées qui doivent se rendre chez le médecin ou faire quelques emplettes, aux enfants, notamment Lilou, que Stéphane transporte chaque midi pour lui permettre de déjeuner avec sa maman, actuellement en télétravail. »



Rémy Brauneisen




Cette charmante petite église entourée d’arbres garnis d’ouate est la chapelle Saint-Pierre de Colmar. Elle est située dans la partie primitive de la ville. Sa construction à partir de 1742 signifia en même temps la destruction d’un patrimoine considérable, certes en mauvais état, avec l’église romane du prieuré Saint-Pierre. Cette église bénédictine était bien plus imposante que la chapelle actuelle, et ses deux tours circulaires, et son clocher carré occupaient le ciel colmarien depuis le milieu du XIIe siècle. Elle disparut en même temps qu’un colombier situé non loin. Celui-ci avait probablement une origine antérieure à la création de la ville et faisait partie d’une ferme royale datant de l’époque des Francs. La mode des colombiers avait été importée par les Romains vers le premier siècle de notre ère. Évidemment, le colombier détruit ne pouvait pas être tout à fait celui de la ferme royale puisqu’il aurait alors été peu ou prou vieux d’un millier d’années, mais on peut toujours rêver.

[Toujours bon à prendre. Avec des pincettes.]

Le top 10 des villes où il fait bon vivre en 2021
Femme Actuelle

C'est son charme à l'italienne qui permet à Colmar (Haut-Rhin) de se hisser à la 4e place du classement. Celle que le magazine appelle "la capitale des vins d’Alsace" attire des populations de plus en plus jeunes par son cadre calme et séduisant. Le tourisme croit sans cesse dans cette région où plus de 3 millions de curieux viennent se promener chaque année. La ville fait son possible actuellement pour ne pas devenir exclusivement un lieu de villégiature, mais également un lieu d'accueil pour les familles.
Le top 10 des villes où il fait bon vivre

Les différents critères (âge de la population, prix du loyer, salaire net mensuel, indicateur d'accès à la santé, etc.) ont été réunis dans une note sur 20 pour permettre d'établir ce classement. Voici donc sans plus attendre le top 10 des villes de France où il fait bon vivre en 2021 et les notes qui leur ont été attribuées :

1. Quimper (15,74/20)
2. Bayonne (15,69/20)
3. Niort (15,54/20)
4. Colmar (15,51/20)
5. Vannes (15,48/20)
6. Montauban (15,44/20)
7. La Roche-sur-Yon (15,41/20)
8. Cholet (15,21/20)
9. Valence (15,15/20)
10. Chambéry (15,07/20)

Ces villes sont suivies de très près dans le classement par Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), Narbonne (Aude), Pau (Pyrénées-Atlantiques), Beauvais (Hauts-de-France) et Béziers (Hérault).

21 mars 2021

Cérémonie des Césars

Isabelle Kieffer

Ah les pisse-froid, les pisse-vinaigre, les pères la pudeur, les « cachez ce sein que je ne saurais voir », les qui censuraient Brassens et Boris Vian les voilà de retour avec les commentaires et même une sorte de pétition sur cette pitoyable cérémonie des Césars.

Vulgaire, obscène : oui, mais pas à cause de C. Masiero qui en se mettant à nu (et alors ? comme si la nudité des unes et des autres n’envahissait pas les scènes et les écrans depuis belle lurette, il faut sortir M. Hemedinger), défendaient les petites mains, les sans-grade du cinéma, de la musique, des arts plastiques, de la culture en général, les intermittents en détresse… Madame Masiero (qui mériterait de grands rôles mais bon, après 50 ans et sans chirurgie esthétique c’est dur) aussi nue qu’ils le sont tous depuis un an donnait du sens, façon coup de poing, à ce spectacle.

La vulgarité, l’obscénité vraies elles venaient plutôt d’actrices, d’acteurs reconnus, aux cachets monstrueux, aux vêtements hors de prix, rivalisant de prétention, osant des blagues salaces de salle de garde, faisant la gueule, crachant dans la soupe… et faisant tout mais vraiment tout pour que personne n’ait envie de soutenir le cinéma.

20 mars 2021

20 mars, début du printemps




Le Printemps (Primavera en italien) est une peinture allégorique de Sandro Botticelli, exécutée à la tempera sur panneau de bois entre 1478 et 1482.
Galerie des Offices, Florence

Yves Hemedinger : « Pas par puritanisme... »

Phil

DNA Colmar : Quand le député LR de la circonscription veut changer les César...




À droite, on ne plaisante pas avec la culture. Une dizaine de députés LR emmenés par Julien Aubert (Vaucluse) ont répliqué [au déshabillage en public de l'actrice Corinne Masiero] par un signalement pour exhibition sexuelle adressé au procureur de la République de Paris. Yves Hemedinger figure parmi les signataires. « Pas par puritanisme », mais pour dénoncer une cérémonie « nulle et contre-productive ».
Le zapping - DNA - 20/3/2021

La ferme du bonheur

Fabien Nierengarten

Allumer sa radio, c'est parfois s'embarquer dans une machine à remonter le temps d'une redoutable efficacité. J’ai ainsi redécouvert récemment cette belle chanson des années 70 qui raconte l’histoire d’une maison bleue adossée à la colline, où l’on vient à pied, où l’on ne frappe pas, car ceux qui y vivent ont jeté la clé. Elle m’a immédiatement rappelé une autre maison où j’ai laissé de nombreux souvenirs d’enfance, dont certains ressemblent peut-être un peu aux vôtres.
Maxime le Forestier se serait sans doute bien reconnu dans cette maison-là. Parce qu’elle se trouvait à l’orée d’un grand bois, mais aussi parce qu’on pouvait y couler des jours heureux, même très heureux, loin, très loin du vacarme des villes et de la vie trépidante des citadins.
J’avais à peine 7 ans quand j’ai franchi pour la première fois, la porte en bois branlante qui s’ouvrait en grinçant sur la cour du Christlesgut. Je ne savais pas encore que cette vieille ferme de montagne, perdue au bout d’un chemin à peine praticable, allait devenir pendant six ans, un lieu si marquant de mon histoire. Au point de provoquer encore actuellement, de grosses poussées d’émotion à chaque fois que j’en vois des photos. Ou mieux encore, lorsque j’y passe quelques instants de détente et de repos.
Car oui, le Christlesgut est devenu, un demi-siècle plus tard, une ferme-auberge très appréciée des randonneurs qui arpentent les sentiers du secteur. Ah, si tout ce beau monde savait combien de souvenirs sont gravés dans chaque mètre carré de cette terrasse si agréable durant les journées d’été, dans chaque pièce de cette imposante bâtisse qui surplombe la vallée, sur chaque mur de ce hangar et de cette étable, désormais transformés en gîtes confortables.
Mes copains de l’époque faisaient comme Michel Jonasz, et allaient souvent au bord de la mer, avec leur père, leur sœur, leur mère. Moi, je partais tous les weekends et durant tous les congés scolaires, avec mon grand-père et ma grand-mère, tout droit en direction de la vallée de Munster.
Je reconnais que si j’avais pu choisir, j’aurais sans doute opté pour d’autres loisirs. Ou pour un peu plus de temps avec papa et maman. Car à cet âge-là, les parents, c’est vachement important. Mais je savais que c’était pour pouvoir bosser encore davantage qu’ils ont consenti ce sacrifice, et que c’était leur façon à eux de veiller au bonheur de leur fille et de leur fils. Le pardon leur était donc pour toujours acquis et c’était même de la reconnaissance que j’ai ressentie.
Avec le recul que me procure aujourd’hui le grand âge, j’ai même appris à apprécier chaque minute, chaque seconde de ce passage. D’abord, parce qu’il a permis de construire, jour après jour, cette complicité inaltérable qui me lie à ma petite sœur, rescapée la plus proche de ces années-bonheur. Ensuite, parce que ces souvenirs ont laissé une très belle empreinte dans ma mémoire, celle de moments privilégiés passés avec des personnes aimées. Des moments qui devenaient encore plus précieux quand nos parents nous rejoignaient, souvent après une longue attente surmontée avec patience et parfois, je l'avoue, avec un peu de mélancolie.
Qu’elles étaient belles, ces balades avec mon grand-père, surtout quand elles se terminaient dans la ferme où nous cherchions le lait, autour d’une limonade orange pour moi et d’un ballon de rouge pour lui. Qu’elles étaient agréables, les odeurs des sapins, les effluves de cette herbe récemment coupée, de ce bois fraîchement scié, de cette pluie tombée durant la nuit, de ces feux allumés par les bûcherons ici ou là, et même de ces bouses de vaches qui ralentissaient nos pas. Et que dire de ces délicieux petits plats mijotés qui attendaient notre retour pour être dégustés, ou encore de ce kougelhopf qui montait sous le regard attentif de ma grand-mère, et de ce cake au citron qui ne cuisait jamais assez vite à nôtre goût.
Qu’ils étaient joyeux, tous ces sons familiers. Celui du vent dans les arbres, celui du chant des oiseaux, celui des cloches de nos vaches, celui de l’eau qui ruisselle dans l’abreuvoir, celui du tracteur de l'agriculteur voisin. Et surtout, celui de la voiture de mon père dont je guettais l’arrivée le samedi, juste avant midi. Car il annonçait le déjeuner familial, ses discussions passionnées, ses éclats de rire incontrôlés, et surtout, des heures de complicité retrouvée avec Ludo, notre cher boxer. Il était mon ami, mon confident, mon frère. Quant au dimanche, nous le passions souvent avec nos cousins, cousines, oncles et tantes, dans un climat de fiesta aussi improvisée que délirante.
C’était le temps des soirées sans ordi et sans télé, partagées autour des jeux de société et des mots-croisés. Celui des nuits passées dans la chambre des grands-parents, avec un sommeil réchauffé à la bouillotte et rythmé par de gros ronflements. Celui d’un bonheur simple vécu dans un lieu sans grand confort, mais tellement empreint de moments auxquels, très souvent, je pense encore.
Selon l’écrivain Philippe Besson, « les lieux sont aussi des liens, ils sont notre mémoire ». C’est sans doute pour cela que les vieilles pierres nous seront toujours si précieuses.



Colmar va adopter la vidéo verbalisation


voir la vidéo

19 mars 2021

Alain Damasio

« Le décrochage technologique se traduira par un plaisir de vivre beaucoup plus intense. »




Depuis plus de 20 ans, Alain Damasio donne à la science-fiction française une nouvelle portée politique et engagée en amenant le lecteur à réfléchir à la place de la technologie dans notre quotidien ainsi qu'aux crises sociales et écologiques.

[Extrait]

Votre dernière nouvelle Scarlet et Novak revient sur le rapport quasi-intime que nous entretenons avec nos smartphones. Sommes-nous tous devenus trop assujettis à la technologie et au numérique ?

C'est ma conviction. Surtout, nous sommes tous devenus assujettis en essayant de se cacher la vérité, c'est-à-dire en essayant de se faire croire que nous avons gardé beaucoup de libre arbitre face à ces technologies. Or, nous sommes entrés dans des boucles d'addictions qui relèvent presque du domaine de la drogue. On sait aujourd'hui que ces mécanismes activent des boucles de dopamine. Ainsi, les neurotransmetteurs de la récompense sont régulièrement activés et créent alors de la dépendance. Sans ces injections de dopamine, on se sent malheureux. Les Gafam (Google Amazon Facebook Appel et Microsoft) ont mis en place toute une construction basée sur cette dépendance depuis 25 ans. Ils ont affiné, déployé et raffiné des techniques basées sur le comportementalisme et de nombreux biais cognitifs présents en nous. Tout ça afin que nous passions le maximum de temps sur leurs réseaux, leurs plateformes et leurs applis. Donc, nous sommes libres de ne pas utiliser leurs technologies, on peut ne pas les utiliser. Mais, à partir du moment où on met le doigt dedans, il devient très difficile de s'en défaire et de sortir de l'aliénation consentie que leur usage génère.


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