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9 mars 2021

Boris Cyrulnik : "On va être obligé de changer et de repenser toute la civilisation"

par France Inter publié le 3 mars 2021 à 14h37

Au micro de Claire Servajean, dans l'émission "Une semaine en France", le neuropsychiatre Boris Cyrulnik interroge notre modèle de développement sous le prisme de la crise sanitaire actuelle. Une épreuve qui révèle, plus que jamais auparavant, les paradoxes de notre civilisation.

Extraits :

Pour la quête du bien-être et la quête du bonheur, pendant longtemps, notre culture nous a fait croire qu'on était au-dessus de la nature et que l'homme devait dominer la nature. C'est dans tous les textes sacrés de toutes les religions : l'homme doit dominer les animaux, doit dominer les femmes, les enfants et les hommes faibles et on a composé durant des millénaires avec cette représentation-là.

Ça rendait déjà très malheureux et, surtout, cela nous a conduit à la catastrophe actuelle, car on se rend compte qu'on ne peut pas impunément écraser les autres et qu'il faut respecter un ensemble pour que, nous-mêmes, on soit bien heureux dans cet ensemble.

La civilisation a été trop loin. Par exemple, on consomme beaucoup trop.

On circule beaucoup trop et beaucoup plus vite. Ce sont les avions qui ont transporté le virus. Avant, c'étaient les bateaux. Avant les bateaux, c'étaient les chameaux, même si ça allait moins vite. Techniquement, le chameau moderne, c'est l'avion.

On a été tellement loin qu'on a oublié qu'on n'était qu'un simple morceau de nature, qu'on dépendait de la nature et que, si on abimait la nature, on s'abîmerait avec. 

Lorsque l'on cherche le bonheur à tout prix, on se rend malheureux, car ce processus passe souvent par la consommation à tout prix. Cette recherche du bonheur ne peut pas donner sens à la vie.

Plus l'isolement social perdure plus il sera difficile de s'en remettre. La crise sanitaire et sociale inflige d'importantes conséquences, depuis un an, sur la santé mentale des Français, y compris pour des gens qui semblaient jusque-là à l'abri car l'absence plus longue de lien social a fortement accentué les ressentis psychologiques. Le neuropsychiatre précise que plus on attend, plus la résilience sera difficile.

L'isolement sensoriel est une véritable agression neurologique avant d'être une agression psychologique. On sait maintenant que lorsqu'un être vivant est privé de l'altérité, son cerveau n'est plus stimulé, et si ça dure trop longtemps, on voit apparaître des zones d'atrophies cérébrales.

On a besoin des autres pour devenir soi-même. Notre tranquillisant naturel, c'est une bonne relation, un bon lien. Actuellement, il n'y a plus de lien. Il y a un isolement sensoriel, un engourdissement devant les écrans, un arrêt de la pensée. De fait, on s'adapte à cette situation en s'engourdissant et on voit que les premiers à avoir craqué, ce sont celles et ceux qui, avant même l'apparition du virus, avaient déjà acquis les facteurs de vulnérabilité. Or, maintenant, on voit des gens qui ont acquis des facteurs de protection, et qui se mettent, eux aussi à leur tour, à craquer.

La crise actuelle est une expérimentation tragique qui montre à quel point on a besoin des autres pour devenir soi-même et être bien. Plus la crise dure, plus ce sera dur psychologiquement. Plus tôt on commence à se réadapter, plus la résilience psychologique sera facile. En revanche, si on laisse les gens trop longtemps en isolement, il y aura des anomalies cérébrales qui vont durer… Il faudra travailler beaucoup plus sur le long terme.

On est vraiment à la croisée des chemins : ou bien il y a le chaos social et va survenir un escroc culturel qui va nous dire "Je suis votre sauveur, je sais comment il faut faire, donc votez pour moi". Soit dit en passant, vous remarquerez qu'un grand nombre de dictateurs et de régimes autoritaires ont été élus démocratiquement. C'est possible. Il y a des gens qui y pensent.

Après avoir fracassé notre économie, qu'est-ce qu'on décide de faire ensuite ? On remet en place ce qui a provoqué la catastrophe, ou on cherche à vivre autrement. Alors à ce moment-là, on pourra vivre mieux. On a un choix. On est à la croisée des chemins."



 

8 mars 2021

Méli-mélo


Dessin de Veesse - Heb'di


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Françoise Sironi, Bourreaux et victimes

Phil

Journée internationale des droits des femmes...


Journée internationale des droits des femmes - Dessin de Phil

Journée internationale des droits des femmes - Dessin de Phil

Journée internationale des droits des femmes - Dessin de Phil

Journée internationale des droits des femmes - Dessin de Phil

Phil

Hier c'était la fête des grand-mères


Dessin de Phil

Isabelle Kieffer

(Stationnement suite)

On se demande quelle logique préside au fait que si le stationnement est enfin devenu gratuit à Colmar (dans la limite d’une heure) pour les médecins et infirmiers, il coûte 240 euros par an ou 20 euros par mois aux kinésithérapeutes, sages-femmes venant à domicile.

Par ailleurs, voyant x rues vides de voitures garées depuis l’installation de parcmètres un peu partout, je me demande où diable les gens mettent maintenant leur(s) voiture(s).


Commentaire :

Un jour un natif [de Colmar] m'a dit, le parking gratuit et disponible le plus proche du centre-ville, c'est Sundhoffen. Donc peut-être là-bas.
T.O.

Fabien Nierengarten

Facebook a la délicatesse de me rappeler cette publication d'il y a un an, jour pour jour. Les musées venaient de fermer leurs portes, comme tant d'autres structures culturelles. Un an ! Oh p'tain, déjà un an !! De l'air, de l'air, de l'air !!!

Image exclusive... La Joconde profite de la fermeture du Louvre pour se lâcher en cette journée des droits des femmes. Je me disais bien que son sourire cachait quelque chose. Come on, Jo !!



6 mars 2021

Colmar : stationnement résidentiel

6/3/2021

« Les résidents du centre-ville ne sont pas gâtés par la mise en place des nouvelles conditions de stationnement résident. Une usine à gaz qui demanderait davantage d'explications plutôt que de renvoyer vers un site internet assez nébuleux. Merci. E.R. »

1/ Un stationnement moins cher : 180 euros/an (payable en plusieurs fois) au lieu de 600 ! : merci Eric Straumann.
C'était l'une des promesses de campagne pour les municipales du candidat Straumann. Colmarinfo a dû batailler ferme pendant deux ans pour obtenir que soit appliqué aux résidents du centre-ville un tarif de stationnement moins délirant que celui instauré par Gilbert Meyer, qui faisait de Colmar la ville la plus chère de France en la matière. Tous les candidats ont proposé une réduction significative du coût du stationnement résidentiel, sans toujours le chiffrer avec précision. Seule Stéphanie Villemin avait avancé le chiffre de 300 euros, au moins c'était clair. Nous lui avons fait savoir que c'était encore trop ! (Strasbourg : 180, Mulhouse : 70). Les autres candidats restaient dans le vague, Tristan Denéchaud, Gilbert Meyer (tiens tiens) annonçaient moins de 1 euro par jour. Moins de 1 euro, c'est quoi ? Entre 0,99 et 0,49, la différence sur l'année est de 182.50 euros.

2/ Un stationnement limité dans le temps : il faut impérativement déplacer la voiture au bout de 48 heures. Cette mesure a été prise pour éviter les voitures ventouses. Nous ne nous sommes pas penchés sur ce paramètre, comment est-il pris en compte dans les autres villes ? Si vous avez des informations, nous sommes preneurs.

3/ Les parkings en ouvrage (silos et souterrains) réservés aux résidents fortunés !
L'abonnement à l'année, 24/24, reviendra à 1.053,60 € pour le résident colmarien (parking de la Montagne verte). En comparaison, à Strasbourg, le résident ne paiera que 300 euros pour le même service.

Peu d'espoir que le coût de l'abonnement baisse, la stratégie d'Eric Straumann étant de réserver les parkings en ouvrage aux touristes afin de désengorger le centre-ville. E.D.
Benoit Roux
Cécile Fréchinos

Covid. "Je suis pour laisser vivre les gens qui ne sont pas à risques", le coup de sang d'un médecin près de Toulouse

Patrick Lafforgue est chef de service en réanimation de la clinique d'Occitanie à Muret. A contre-courant de certains confrères qui demandent un durcissement du confinement, pour lui les conséquences économiques, physiologiques, psychologiques, éducatives appellent une autre politique.
Entretien. Publié le 03/03/2021


Patrick Lafforgue, chef du service réanimation de la clinique d'Occitanie à Muret
© FTV Cécile Fréchinos 
Haute-Garonne Toulouse


Voilà presque un an que Patrick Lafforgue participe chaque semaine à des réunions avec les autres chefs de service des réanimations des hôpitaux publics et des cliniques privées, avec l’Agence régionale de santé d'Occitanie et les autres services de l’État. Il a décidé ne plus y participer. Il continuera à soigner les patients dans sa clinique et à faire remonter les chiffres aux autorités. Mais il n’est plus en phase avec la politique sanitaire du gouvernement. Il nous explique pourquoi.


Pourquoi sortir du silence aujourd’hui ?

Ça fait plus d’un an que nous avons du recul sur cette pandémie. Les conséquences sanitaires, psychologiques, éducatives sont catastrophiques. Les plans sociaux se multiplient, plus d’un million de personnes sont passées sous le seuil de pauvreté en décembre 2020, jamais le taux de suicide n’a été aussi haut, les étudiants sont livrés à eux-mêmes. Je ne remets absolument pas en question ce qui a été fait, car c’est plus facile de juger après. Mais on doit se poser des questions et prendre de la hauteur.


Que disent les chiffres sur cette maladie ?

L’âge médian des personnes qui sont mortes du Covid est de 81 ans. Plus de 50 % des patients qui décèdent du Covid ont plus de 84 ans. Plus de 98 % des patients qui ont une sévérité ont plus de 50 ans. Quand on regarde ces statistiques, les moins de 50 ans sont très peu touchés et sous des formes moins graves. Or, 60 % de la population française a moins de 49 ans.

Ne serait-il pas mieux d’assouplir les mesures pour les moins de 50 ans et de les intensifier pour les personnes de plus de 50 ans, avec comorbidités ou à risques ? On relâcherait ainsi la pression sur l’économie, l’éducation...


Faut-il pratiquer un auto-confinement des personnes âgées ou à risques ?

Aujourd’hui on pratique la politique de la peur. On sensibilise les gens en disant qu’ils risquent de mourir et surtout de transmettre la mort. On maintient ce climat social délétère. On ne peut pas vivre comme ça sur le long terme. Il faut responsabiliser les gens. Moins de 50 ans on lâche du lest, pour les autres, on intensifie les mesures. Je ne suis pas favorable à un confinement total mais pour laisser vivre les gens qui ne sont pas à risques. Ça ne veut pas dire qu’il faut mettre les autres dans des pièces closes et sans lumière ! Si vous avez 84 ans, que vous êtes en maison de retraite et que vous ne voulez pas porter le masque mais embrasser vos petits-enfants, vous avez le droit de le faire. Il faut en finir avec les politiques liberticides.


Si on supprime les mesures de restrictions pour les moins de 50 ans, vous ne craignez pas que vos services de réanimation soient saturés ?

Statistiquement, il y aura sans doute davantage de cas de Covid mais pas nécessairement plus de formes graves. Et si c’était le cas, il faut remettre en question notre politique gouvernementale. Nous avons 5 000 lits en France pour la réanimation et pratiquement 6 000 en soins continus. C’est beaucoup moins que dans d’autres pays comme l’Allemagne. Il faut se donner des moyens. Je suis favorable à la création d’unités Covid dédiées. Selon Emmanuel Macron ce n’est pas possible car il faudrait douze ans pour former un réanimateur. Mais ces unités ne doivent pas obligatoirement être gérées par des réanimateurs. Beaucoup de personnes atteintes par le Covid sont maintenant prises en charge avec des moyens moins lourds, par l’administration de corticoïdes, sans les intuber et sans les mettre forcément sous assistance respiratoire. D’autres personnes que des réanimateurs peuvent les gérer mais il ne faut pas que ce soit au détriment des autres services. Il faut créer des unités Covid attenantes, sans déshabiller les autres services.


Mais avec quel personnel ?

En termes de ressources humaines, on est limités. Mais il faut voir pourquoi. Si on regarde le classement OCDE sur le salaire moyen des infirmières, la France est 22ème sur 33 pays. Même en Espagne, elles sont payées beaucoup plus. Aux USA, une infirmière aux urgences touchait 1 500€ par semaine avant le Covid, maintenant c’est presque 3 500 ! Sans aller jusque-là, on doit revaloriser les salaires et la profession en général. Ça coûterait moins cher que de paralyser l’économie.


Que pensez-vous de la stratégie vaccinale ?

Je suis un pro vaccin. Nous avons eu des difficultés à lancer les programmes de vaccinations.

On a priorisé les EHPAD et selon moi, c’est une erreur. Ça part d’un bon sentiment mais il vaudrait mieux privilégier les vaccinations pour les actifs de plus de 50 ans qui sont dans la tranche de gravité.

Ils peuvent faire des Covid graves qui peuvent engorger les services de réanimation. Mais vacciner une personne de 92 ans dans les EHPAD, est-ce que ça vous paraît légitime ? Pour moi non.

De plus, avec tous les variants, on ne sait pas si la vaccination sera efficace. On ne peut pas se permettre d’attendre encore un an à regarder la destruction massive sociale, psychologique et éducative des français sans rien faire. Certains grands pontes prétendent qu’il faut intensifier le confinement. Je ne dis pas qu’ils ont complètement tort, ce serait prétentieux. Mais il faut adapter le confinement et se donner les moyens d’accueillir les patients. Avec le recul que nous avons, c’est désormais possible.


La prise en charge des cas de Covid s’est faite au détriment des autres maladies ?

Il y a eu des dégâts collatéraux en matière sanitaire. En termes de mesures préventives, de recherche des cancers, des syndromes coronariens, beaucoup d’examens ont été reportés. Tout ceci aura des conséquences dans un deuxième temps.

On essaie d’éteindre l’incendie dans le jardin alors que la forêt est en train de brûler derrière nous et on ne le voit pas.

Je ne dis pas que le Covid ce n’est pas grave, c’est juste qu’il faut adapter et ajuster. Il est temps de changer de stratégie. Le gouvernement doit l’entendre. Sinon il y aura des conséquences lourdes pour nous et surtout pour nos enfants.