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26 janvier 2021





Région Alsace, Frédéric Bierry l’a fait !!!


Combien de fois avons-nous fustigé ces élus, parlementaires ou présidents de collectivités locales, qui disaient se battre pour l’Alsace puis, une fois les Vosges passées, se rangeaient gentiment au pas du centralisme parisien.

Puis est arrivée une nouvelle génération de responsables politiques de tout horizon politique qui souhaitent réellement s’investir pour leur région, sans arrière-pensées. Par leurs fonctions de président de département, Éric Straumann et Frédéric Bierry en ont été les représentants. Nous les avions d’ailleurs invités à l’un de nos dîners-débats, « Quel avenir pour l’Alsace ? », en 2017.

Les trahisons du couple Richert/Rottner semblent être bénéfiques à l’Alsace. Ils avaient feint de se battre contre la mégarégion tout en négociant leur avenir au sein du futur Grand Est.
C’est là que les Alsaciens prirent conscience qu’il fallait réagir...

Hier matin, sur la chaîne « Public sénat », Frédéric Bierry, conforté par les paroles récentes de Jean Castex, a appelé clairement au démembrement du Grand Est. Il veut revenir à une région Alsace qui sera alors plus forte que jamais : « On appelle de notre vœu le démembrement de la région Grand Est. Si nous pouvions reconstituer une région Alsace […] il suffirait de transférer toutes les compétences de la région et on aurait une collectivité d’un nouveau genre, mais qui serait beaucoup plus lisible et beaucoup plus efficace pour nos concitoyens. »

Rien n’est gagné, même si un grand pas a été franchi. Jean Rottner ronge son frein et Pernelle Richardot s’époumone sur les réseaux sociaux, ce qui est bon signe !

Et si l’Alsace quittait le Grand Est, la Lorraine et Champagne-Ardenne deviendraient un Moyen-Est, un Middle East qui explosera rapidement…

À suivre…

Thierry Hans



24 janvier 2021

NEIGE À COLMAR
Dessin de Phil. Plus parlant qu'un long discours !


23 janvier 2021

Covid-19

Éric Straumann plaide sur franceinfo pour des "confinements différenciés", territoire par territoire. Il demande au chef de l'État "de s'appuyer davantage sur les élus locaux".
Publié le 21/01/2021 16:52 Mis à jour le 21/01/2021 16:56

"Le couvre-feu à 18 heures a des effets positifs, même si la pression sur les hôpitaux et les réanimations est forte", à Colmar, décrit le maire Les Républicains de la ville du Haut-Rhin, Éric Straumann, jeudi 21 janvier sur franceinfo. Le taux d'incidence (nombre de cas positifs pour 100 000 habitants, sur une semaine glissante) est passé sous le seuil des 200 cas pour 100 000 habitants à Colmar.

franceinfo : Faut-il envisager un reconfinement, au regard de la tendance à la hausse du nombre de contaminations au Covid-19 ?

Éric Straumann : J'étais favorable au couvre-feu à 18 heures pour éviter un reconfinement. J'entends les spécialistes, c'est au gouvernement de trancher. Il faut tout de même voir que le couvre-feu a eu des effets positifs chez nous, la pression est un peu moins forte, on est sous le seuil des 200 cas pour 100 000 habitants. Le couvre-feu à 18h a des effets positifs, même si la pression sur les hôpitaux et les réanimations est forte. Il y a sur ces éléments statistiques un impact.

Le variant anglais du coronavirus vous inquiète-t-il ?

On ne m'a pas signalé de variant britannique, mais un cas de variant sud-africain, du côté de Colmar. Le variant britannique n'a pas atteint le département.
Je vois des départements où le taux d'incidence est très faible. Nous, on est dans une zone frontalière où les Allemands ont des restrictions plus fortes. Il ne faut pas mettre tout le monde au même régime, il faut voir territoire par territoire. Même si la République est une et indivisible, je ne l'oublie pas.

"Nous sommes devenus une nation de 66 millions de procureurs", déclare ce jeudi Emmanuel Macron. Vous sentez-vous visé ?

Je ne me sens pas visé, j'essaye d'être constructif. Je n'ai pas de leçon à donner, bien sûr que l'État vit des contraintes très fortes. Je pense qu'il y a aussi ce phénomène des réseaux sociaux où chaque commentaire est amplifié. Il ne faut pas les suivre quand on est à la tête de l'État. On a certes commis un certain nombre d'erreurs, je partage l'analyse du chef de l'Etat qui dit que nous sommes en crise et il faut absolument endiguer cette pandémie avec tous les moyens, et que chacun s'y engage. On a un peu le secret de faire enfler des polémiques inutiles et contre-productives dans cette pandémie. Mais je demande au chef de l'État de s'appuyer davantage sur les élus locaux.

voir l'article ↴

22 janvier 2021

Covid-19

Lettre ouverte

Le docteur belge Martin Zizi - biophysicien, professeur de physiologie, ancien Directeur épidémiologiste du Département de la Défense - plaide pour une prise en charge des patients victimes de la Covid avant que leur état ne se dégrade au point de leur faire prendre le chemin des urgences et des soins intensifs.

Pourquoi a-t-on tué la médecine de première ligne ? De nombreuses personnes symptomatiques (avec toux, fièvre, expectorations, troubles gastros, douleurs aux articulations) se retrouvent, dans un premier temps, livrées à elles-mêmes. Au mieux, leur propose-t-on de faire un test et de rester chez elles. Isolées pendant une semaine et ne bénéficiant d'aucun soin approprié, ces personnes se dégradent rapidement et infectent leurs proches. Au bout d'une semaine, parfois deux, elles prennent alors le chemin des urgences ou des soins intensifs. C'est ici qu'un médecin les examine enfin et écoute leurs poumons. Mais il est souvent très tard... trop tard ! Est-ce cela la médecine ? Va-t-on attendre une troisième, voire une quatrième vague, et tout le cortège des destructions humaines, sociales et économiques... pour agir ?

L'article complet ici ↴



19 janvier 2021

Colmar veut être la première ville à devenir "Capitale française de la culture"

france3-régions
Publié le 18/01/2021 à 10h54

Colmar, parmi 28 autres villes, s'est portée candidate pour l'obtention du label Capitale française de la culture. Ce label, créé par le ministère de la Culture, distingue une ville se démarquant par sa vitalité culturelle et son soutien à la création. Résultat du concours en mars 2021.

Après avoir été élue meilleure destination touristique européenne en 2020, Colmar ambitionne de devenir la première "Capitale française de la culture", un label créé par le ministère de la Culture le 17 mai 2019. Ce label distinguera tous les deux ans une commune ou un groupement de communes de taille moyenne, de 20.000 à 200.000 habitants maximum.

Pour être désigné capitale, le candidat doit se démarquer par sa vitalité culturelle: soutien à la création, valorisation du patrimoine, transmission artistique et culturelle, mobilisation des habitants, implication des artistes et acteurs culturels implantés sur le territoire. Colmar, pour remporter le titre, doit affronter 28 autres candidats et non des moindres puisque dans le lot se trouvent des villes comme Versailles, Aix-en-Provence ou même Cannes. La liste complète des postulants est donnée dans le tweet du ministère de la Culture, ci-dessous.

https://twitter.com/i/status/1349729262819893255

Dans le Grand Est, Metz et la communauté de communes Vitry, Champagne et Der sont sur les rangs.

Les chances de l'emporter existent mais pour l'adjoint à la culture de Colmar, Michel Spitz, c'est aussi et surtout l'occasion de faire un état des lieux : « Pour renforcer l'offre culturelle aux habitants, il faut réfléchir aux nouveaux outils, à la manière d'atteindre des publics un peu délaissés, notamment les jeunes ».

Ouvrir la culture à des publics de proximité

La candidature de Colmar s'appuie sur une série d'atouts existants : le musée Unterlinden, le pôle médiaculture, l'opéra et le ballet du Rhin ou la prochaine ouverture de la bibliothèque patrimoniale des Dominicains, notamment. Voilà pour les fleurons. Pour le reste, le projet consiste, selon Michel Spitz, à développer des axes au niveau des publics, sur un territoire élargi, notamment vers les quartiers populaires : « Il s'agit de développer le public au niveau local, de renforcer le lien social et de rééquilibrer le territoire pour ne pas avoir de secteurs laissés pour compte ». Une candidature qui se veut dynamique, dans une logique de renfort de l'offre culturelle vers les habitants. « Donner de l'air », souligne l'élu colmarien pour conclure.

Le calendrier

Dix communes ou groupements de communes seront pré-selectionnés par un jury début février 2021. Le jury auditionnera ensuite les candidats retenus à la fin du mois de mars 2021. Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, annoncera dans la foulée la ville ou le groupement labellisé Capitale française de la culture pour l’année 2022. L’attribution du label s’accompagne d’un financement d’un million d’euros, auquel participent à parité le ministère de la Culture et la Caisse des dépôts.

Les modèles britannique et italien

Le label s'inspire des exemples anglais et italien. Le label « City of culture » a été lancé en 2011 par le gouvernement britannique à la suite du succès rencontré par Liverpool alors qu'elle était capitale européenne de la culture en 2008. En Italie le titre de « Capitale Italiana della Cultura » a été créé en 2014 par le ministère des Biens, des Activités culturelles et du Tourisme à la suite de la désignation de Matera comme Capitale européenne de la culture pour l’année 2019.

Les exemples britanniques ou italiens ont démontré un réel impact quant à l’attractivité des villes désignées capitales culturelles pour un an. Dans le contexte de la crise sanitaire, le lancement du label en France devrait être un atout supplémentaire dans la relance du secteur culturel à l'horizon 2022.

Le retable d'Issenheim, conservé au musée Unterlinden à Colmar. La ville espère être la première à être désignée Capitale française de la culture en mars 2021. • © Mathieu Cugnot, Maxppp


18 janvier 2021

Lindane : une enveloppe financière de 50 millions pour dépolluer le site PCUK à Wintzenheim

Une bonne nouvelle pour Colmar, l'écologie et l'environnement

« Une enveloppe financière de 50 millions pour extraire les 750 tonnes de lindane du site PCUK à Wintzenheim.
La stratégie mise en place avec mes collègues de Colmar Agglomération et notamment Serge Nicole, porte ses fruits. » E.S.

Une réelle avancée à mettre au crédit d'Eric STRAUMANN et de l'Association Tiefenbach Environnement qui, sous l'impulsion de son président Jean-Paul ROTH, se bat depuis début 2019 pour la dépollution du site, un combat que Frédéric Hilbert et Colmarinfo ont rapidement relayé.
Isabelle Kieffer

J’ai beaucoup de respect pour M. Meistermann qui cependant écrit à côté de la plaque (de verglas). Il nous évoque des arbres fracassés, des branches tombées ce qui est bien triste, je lui parle de Colmariens à qui il peut arriver la même chose. Non, nous ne faisons pas « comme si de rien n’était », non, nous ne tenons pas à sortir pour notre petit jogging, notre frivole shopping et nos après-midi mondaines mais pour aller travailler, conduire et chercher les enfants à l’école, nous ravitailler sans craindre l’accident. Éventuellement pour faire 50m avec le chien derrière lequel on risque de se retrouver à plat ventre. J’ai l’intuition qu’en ce moment pouvoir se rendre à une déchèterie n’est pas la priorité.

J’ai tellement de respect pour les employés municipaux chargés de nous tirer de ce bourbier verglacé que j’ai hâte de les voir pour les féliciter.

Point positif : les rares automobilistes respectent enfin le 20km/h de rigueur autour de mon domicile.

17 janvier 2021

Méli-mélo


⬦ [Citation] Vouloir tout traiter en cachette des citoyens, et vouloir qu’à partir de là ils ne portent pas de jugements faux et n’interprètent pas tout de travers, c’est le comble de la stupidité.
Spinoza


⬦ Couvre-feu à 18 heures : oui, chef !
Vaccination obligatoire : oui, chef !
Masque en plein-air : oui, chef !
Cinémas fermés mais TGV circulant : oui, chef !
Est-il encore un parti d'opposition en France digne de ce nom et non "allumé" ?
Est-il encore des gens compétents sur cette pandémie ?
Pandémie dont je ne crois même plus chiffres, études et médecins...
C.C. - 14/1/2021 21:30


⬦ [Prévention] Je viens d’écouter attentivement le documentaire sur la Covid. Très intéressant ! Ce qu’il en ressort est très clair : pour les traitements tout est fait en faveur de l’intérêt financier des industries pharmaceutiques comme Gilead, jusqu’aux conflits d’intérêts avérés. Au contraire, rien n’est fait pour la prévention. Que c’est triste ! Et honteux car n’est-ce pas du bon sens que d’éviter les formes graves mortelles ? Personnellement je prends un cocktail de vitamines A-C-E sélénium zinc depuis des années + vitamine D en hiver. Je n’ai jamais pris de vaccin contre la grippe et ne l’ai jamais attrapée, preuve de l’efficacité de la prévention. Et quand la gorge vient à gratter je prends un cocktail d’huiles essentielles immédiatement. Ça marche vraiment !
MPN - 13/1/2021


⬦ Que dire à ces parents et/ou grands-parents qui regrettent : « Moi, mes enfants me protègent tellement que depuis longtemps je ne les vois jamais ! »
Bernard Friedrich


⬦ Entendu tout à l'heure la ministre de la Culture user du vocabulaire propre au Garcimore pas drôle de Matignon et aux complices de notre (très très) cher président : « en responsabilité ». Ah bon ? Vous prenez des décisions « en responsabilité » ? Mais alors, pourquoi les décisions de l'immature, relayées par les différents ministres voix-de-son-maître sont-elles prises en « Conseil de défense » ? Beaucoup ignorent ce que signifie ce terme. Je crois savoir qu'il s'agit de couvrir les débats et les décisions par le « secret défense » et de ce fait, sous couvert de sécurité, lesdites décisions ne peuvent pas faire l'objet de poursuites… « En responsabilité », vraiment ?
GDO - 13/1/2021


⬦ La théorie du complot... Dès qu'on n'est pas d'accord avec le consensus, politiquement correct, on est conspirationniste. C'est la bonne excuse pour justifier n'importe quoi !
Mikhaïl Wadimovitch Ramseier


⬦ [Vaccin anti-Covid] (...) Dans le cas présent, il ne s'agit pas d'un vaccin, ça n'a pas fait l'objet des essais habituels ni de publications scientifiques.
Est-ce que vous achetez une voiture en vous contentant du spot de pub du constructeur ? C'est ce qui se passe avec ces bidules dont les fabricants eux-mêmes disent ne pas savoir si ça protège, si ça empêche de contaminer, si la « protection » est pérenne… Ne confondez pas !
Pour mémoire, les mêmes qui cherchent à imposer cette pompe à fric sont ceux qui interdisent une molécule utilisée par des milliards d'individus au quotidien, sans aucun autre effet secondaire que bénin. Ça ne vous interpelle pas ?
GDO - 11/1/2021 05:06

Colmar sous la neige : de nombreux habitants en colère

Isabelle Kieffer

Moi je suis en colère et je n’ai ni le loisir ni l’envie de faire de la philosophie de comptoir sur les concepts en vogue.
Depuis Jeudi 14 je subis un troisième confinement encore plus strict et je pratique la distanciation sociale à 100%. Jusqu’à quand ? Jusqu’au redoux ?
Je ne suis pas la seule à vivre dans un quartier où pas un engin municipal n’est en vue pour déneiger, saler, sabler, ni de jour ni de nuit. Où des rues sans trottoirs sont des patinoires, où il faut être kamikaze, affamé ou dans la fleur de l’âge pour s’y aventurer, une voisine de 77 ans avec fracture du col du fémur ne pourra honorer son RV de vaccination anti-COVID la semaine prochaine, elle se demandait d’ailleurs, avant sa chute, comment elle s’y rendrait.
Pourquoi diable ne pas faire appel à l’armée si les équipes municipales sont insuffisantes et un des engins en panne ?
Cette neige est exceptionnelle certes mais elle était annoncée. Il paraît que gouverner c’est prévoir.
Les riverains de ces rues abandonnées à leur sort font ce qu’ils peuvent, pas sûr que la Mairie fasse autant qu’il faudrait.


☐ Christian Meistermann
[Adjoint en charge de la voirie, de l'espace public, du développement durable, des espaces verts et des milieux naturels.]

Bonjour à vous tous,
Nous sommes dans des conditions exceptionnelles !
C’est malheureusement dans ces moments que l’on apprécie de pouvoir compter sur les agents de la ville et sur un effectif au complet. Beaucoup de coups de téléphone laissent à penser que les gens ne se rendent pas compte de la situation dans laquelle nous sommes. Chacun voulant pouvoir fonctionner comme si de rien n’était. Une fois de plus nous avons la preuve que le personnel est une ressource et non une charge pour la collectivité. Merci à lui.
Plus d'une centaine d'arbres ont souffert de façon plus ou moins importante. Difficile d'avoir une vision globale car certains arbres devront être abattus lorsque la neige aura fondu. Il y a beaucoup d'interventions qui nécessitent une nacelle et avec la neige ça complique un peu les choses. Les dégâts sont vraiment importants. Nos arbres ont souffert de sécheresses répétitives et n'ont apparemment plus l'habitude de supporter de la neige lourde. Au delà du cimetière , les parcs et squares sont aussi fermés pour raison de sécurité et grâce à l’aide de la voirie nous avons pu laisser ouverte la déchèterie du Ladhof alors que les autres ont été obligées de fermer soit la voie d’accès soit les voies de circulation autour des bennes et la plate-forme ne pouvaient être déneigées.
Bon courage à tous.

16 janvier 2021

Reconstituer notre vie sociale

Barbara Stiegler




L’épidémie a bien été aggravée dans certains pays, et notamment en France, par la gestion néolibérale des politiques publiques, en vigueur depuis des décennies et accélérée dans tous les domaines par le pouvoir en place.
Pour bien le comprendre, il faut rappeler que le néolibéralisme émerge dans les années 1930 suite à la crise de 29, avec l’idée qu’il faudrait inventer de nouvelles politiques publiques pour éviter les effets du capitalisme débridé. Le néolibéralisme n’est pas un synonyme du capitalisme (qui est un mode de production) et il ne faut pas non le confondre avec l’ultra-libéralisme (qui est un autre mode de gouvernement, caractérisé par le laisser faire). Il se définit par un État fort qui, au lieu de « laisser faire », se transforme pour construire le marché et pour servir les intérêts d’un capitalisme mondialisé, grâce à la puissance du droit, des règles et des normes, mais aussi grâce à la redéfinition des politiques publiques.
Le néolibéralisme a justement émergé en temps de crise, et en revendiquant à la fois le retour de l’État et sa mutation, à travers des politiques publiques de plus en plus invasives dans le domaine de l’éducation, de l’action sociale et de la santé. Car l’enjeu pour lui, c’est d’« adapter » des populations jugées inaptes au marché et à la mondialisation.
(...)
Je suis choquée par la reprise systématique de l’expression de « distanciation sociale », qui trahit quelque chose du désir de nos dirigeants et chroniqueurs, qui répètent en boucle, avec une sorte de satisfaction, qu’il faudra « s’habituer à vivre comme les Asiatiques ». Dans leurs fantasmes, cela veut dire : de manière docile, séparés les uns des autres, en portant des masques et en ne manifestant plus jamais dans l’espace public. C’est évidemment un cliché puisqu’on peut voir, à Hong Kong par exemple, qu’en Asie aussi les citoyens manifestent, mais cela illustre un certain fantasme des classes dirigeantes, celui d’un basculement dans une société disciplinée, sans rassemblement et à distance les uns des autres.
Pour l’instant, beaucoup de partis de gauche et de syndicats ne semblent pas avoir du tout identifié ce danger. Au nom de la défense de la santé contre « l’économie », certains en appellent à un confinement illimité, ouvrant sans même en avoir conscience un véritable boulevard au capitalisme numérique et au e-learning, et abandonnant au néolibéralisme et à toutes les forces de droite le soin d’organiser la sortie comme ils l’entendent (par exemple en imposant ce qu’ils jugent « essentiel » ou « inessentiel ») et avec elle, la suite de nos vies avec le virus.
Pour moi, aujourd’hui, l’un des premiers enjeux de nos luttes doit être de reconstituer notre vie sociale, la possibilité de nous assembler, d’enseigner et de délibérer et, plus généralement, de reprendre possession de nos collectifs de travail. Bref, cette société que le néolibéralisme a toujours redoutée comme « ingouvernable » et qui risque d’être détruite au nom de la « distanciation ». Sans quoi, tous les autres combats seront perdus d’avance.
Barbara Stiegler - Extrait Rue89