Translate

27 décembre 2020

UN CADEAU DE NOËL POUR NOS AÎNÉS

[Colmar] On aurait voulu les dissuader d'aller chercher leur cadeau que l'on ne s'y serait pas pris différemment.
Quelle mesquinerie, quel mépris que de demander aux personnes de 72 ans et plus de se rendre au Parc Expo, à l'extérieur de la ville, munies de leur carte d'identité et d'un justificatif de domicile pour récupérer... une bouteille de vin. En remplacement du repas et du colis de Noël offert chaque année par l'ancienne municipalité.



Villeurbanne :


Mousse au saumon, foie gras, financiers à l’orange, papillotes… Une vingtaine de produits de qualité, salés et sucrés, composait chacun des 1045 colis livrés aux personnes âgées. Plusieurs adjointes et adjoints au maire ont accompagné les agents du CCAS au cours de leur distribution.

Nogent-le-Rotrou

Dans le contexte du coronavirus, les élus et les agents du Centre communal d’action sociale (CCAS) ont opté pour le portage à domicile des colis de Noël aux 1.251 anciens de la commune. La distribution aux Nogentais et Nogentaises, de 70 ans et plus, a débuté mercredi 2 décembre.
En raison des contraintes sanitaires liées à l’épidémie de Covid-19, la distribution des colis de Noël aux anciens de la commune de Nogent-le-Rotrou se déroule cette année en porte-à-porte. Un soulagement pour les Nogentais et Nogentaises âgées de 70 ans et plus qui hésitent à sortir en cette période de déconfinement progressif et d’incertitudes.

La distribution des colis sur rendez-vous, dans une salle municipale et par petits groupes avait été étudiée dans un premier temps par les élus, mais le dispositif était trop lourd, trop contraignant à mettre en place et à encadrer. La solution la plus simple et la plus sécurisante a été d’utiliser les circuits bien rodés du portage à domicile des repas pour acheminer les colis chez les anciens.

Le CCAS mobilisé pour venir en aide aux personnes âgées

La préparation des colis a été lancée en début de semaine. Elle a mobilisé des élus et du personnel municipal. Les tournées ont commencé, mercredi matin, à travers la ville. Elles sont menées par trois groupes de trois “livreurs” constitués d’élus et d’agents communaux qui ont en charge les différents quartiers.

Béatrice Liziard, conseillère municipale, déléguée aux affaires sociales, explique :

« Les personnes âgées apprécient beaucoup de ne pas avoir à se déplacer. Nous sommes vraiment contents d’aller à leur rencontre et eux, sont visiblement ravis de notre visite. En cette période difficile, certaines personnes ont tendance à s’isoler. Ce portage, c’est aussi pour nous une façon de retisser des liens, d’échanger avec nos anciens, de demander de leurs nouvelles, de s’enquérir de leur santé »

Mercredi, son groupe a effectué le portage des colis dans le centre-ville. « L’opération se déroule en toute sécurité dans le respect des gestes barrières », précise l’élue.

26 décembre 2020

Il y a un an : Colmar, une ville vieillissante

Vincent Eisenmann

Le choix fait par l’équipe municipale est d’exclure les familles de la ville, la politique du tout pour le tourisme et le matraquage constant des Colmariens sur le stationnement en sont les plus belles preuves ! Les Colmariens n’ont plus rien à faire en ville, place au tourisme ! ... Mais en agissant ainsi, vous vous coupez la possibilité de voir s’implanter toute une frange de commerces dits de proximité qui serviraient les besoins des Colmariens et qui créeraient du dynamisme économique. Colmar est une ville vieillissante, c’est évident, une ville musée, dans laquelle les jeunes couples ne sont manifestement pas, plus, les bienvenus, les jeunes n’ont plus accès à la propriété, dans une ville où Airbnb et le tourisme seront bientôt le premier fournisseur d’emploi ; la faiblesse de l’offre universitaire en est encore une preuve. Je ne dirais pas que GM n’est pas un bon gestionnaire, il n’est justement que gestionnaire et pas assez visionnaire à mon avis, je dirais qu’il ne perçoit pas ou mal les évolutions de la société, l’évolution des besoins d’une ville ; il parle principalement, je trouve, à sa base électorale, plutôt vieillissante aussi, mais qui est majoritaire puisqu’il enchaîne les mandats, une base qui a l’argent et donc le pouvoir. Pendant ce temps le train passe et on s’enlise dans le passé avec des musées, des bibliothèques, des lumières sur nos façades, des parkings pour alimenter le parc d’attraction à coup de millions d’euros, dont on se fout royalement, nous, habitants de Colmar... on aimerait voir arriver moins de Chinois (je n’ai rien contre les Chinois) et davantage de pépinières d’entreprises, de startups, que l’on favorise l’innovation et l’entreprise, des hautes écoles, des universités, des jeunes familles avec leurs enfants, des garderies, des parkings gratuits etc... et surtout une ville qui regarde vers l’avenir et moins vers le passé... les villes qui se placent haut dans le classement misent sur la jeunesse, la natalité, les familles, bref sur l’avenir !
12/12/2019

Scandale du Covid-19 : Maître Di Vizio, avocat du professeur Raoult, dit tout

voir la vidéo ↴
https://www.youtube.com/watch?v=rttGo_Cn_GA



24 décembre 2020

Covid : vers un passeport vaccinal ?

Christophe Barbier : « Il est tout à fait normal, logique et juste que les vaccinés puissent prendre l’avion, le train ou aller au restaurant. Ceux qui ne sont pas vaccinés n’auront pas le droit d’aller dans ces endroits collectifs. »

voir la vidéo ↴





C O M M E N T A I R E S


Petite réflexion sur cette "épineuse" question…
Les scientifiques et, je crois, les représentants des labos disent qu'on n'est pas sûr que ça protège, pas plus que ça n'empêche d'être contaminant.
Donc, je ne me fais pas vacciner, ça cause du tort à qui d'autre que moi ? Au pire je ne pourrais contaminer que quelqu'un comme moi ayant fait ce même choix… si le vaccin fonctionne. S'il fonctionne partiellement, les gens vaccinés seront alors, pour certains, aussi vulnérables que moi… Et s'il ne fonctionne pas…?
Dans tous les cas de figure je ne fais courir de risque à personne d'autre que moi, que ça soit efficace ou non.
Partant de là, toute forme d'obligation est clairement une atteinte INTOLÉRABLE à MA LIBERTÉ, et est de ce simple fait totalement illégale. Sans même qu'il soit besoin d'évoquer le Code de Nuremberg.
Gérald d'Orbe - 24/12/2020 18:28

Victorine Valentin

2020, une année à oublier ? Et si c'était le contraire ?

Nous avons appris de la crise sanitaire que l'humanité est fragile, sur la planète toute entière. Nous sommes des roseaux tremblants, mais aussi des roseaux pensants.
Cette crise devrait donc nous inviter à plus d'humilité. Nous ne sommes pas maîtres de notre destin. Nous devons accepter notre interdépendance, et renouer une relation apaisée avec notre environnement et de respect envers la nature.
C'est dans cette pleine conscience que nous pourrons tracer ensemble un chemin de paix et de sérénité, pour que 2021 soit une année d'équilibre et d'épanouissement.

Photo Victorine Valentin

22 décembre 2020

 


Le complotisme de l’anticomplotisme

Frédéric Lordon
Économiste et philosophe

Disqualifier pour mieux dominer

« L’image est familière : en haut, des gens responsables se soucient du rationnel, du possible, du raisonnable, tandis que ceux d’en bas, constamment ingrats, imputent à leurs dirigeants une série de malveillances. Mais l’obsession du complot ne relève-t-elle pas plutôt des strates les plus élevées de la société ? Les journalistes reprenant les idées du pouvoir privilégient eux aussi cette hantise.

Après « réforme », « moderne » et « logiciel » (« en changer »), « complotisme » est en train de devenir le nouvel indice du crétin, le marqueur qui situe immanquablement son homme. Un ordre social de plus en plus révoltant à un nombre croissant de personnes réduit nécessairement ses conservateurs aux procédés les plus grossiers pour tenter d’endiguer une contestation dont le flot ne cesse de monter. Au demeurant, on sait que cet ordre entre en crise profonde quand, vide d’arguments, il ne trouve plus à opposer que des disqualifications. Comme un premier mouvement de panique, « antisémitisme » a été l’une des plus tôt jetées à la tête de toute critique du capitalisme ou des médias (1). Mais, même pour l’effet de souffle, on ne sort pas d’emblée la bombe atomique s’il s’agit simplement d’éteindre un départ de feu. C’est que par définition on ne peut pas se livrer à un usage ordinaire et à répétition de la munition maximale, sauf à lui faire perdre rapidement toute efficacité. Ses usages tendanciellement grotesques soulignant son ignominie de principe, le procédé a fatalement entraîné l’autodisqualification de la disqualification.

Supposé moins couvrir ses propres utilisateurs de honte et mieux calibré pour l’arrosage extensif, susceptible par là d’être rapatrié dans le domaine du commentaire ordinaire, le « complotisme » est ainsi devenu le nouveau lieu de la bêtise journalistique — et de ses dépendances, philosophe dérisoire ou sociologue de service. Signe des temps, il faut moins invoquer la mauvaise foi que l’effondrement intellectuel de toute une profession pour comprendre ses impossibilités de comprendre, et notamment de comprendre deux choses pourtant assez simples. D’abord que la seule ligne en matière de complots consiste à se garder des deux écueils symétriques qui consistent l’un à en voir partout, l’autre à n’en voir nulle part — comme si jamais l’histoire n’avait connu d’entreprises concertées et dissimulées… Ensuite que le complotisme, tendance évidemment avérée à saisir tous les faits de pouvoir comme des conspirations, demanderait surtout à être lu comme la dérive pathologique d’un mouvement pour en finir avec la dépossession, d’un effort d’individus ordinaires pour se réapproprier la pensée de leur situation, la pensée du monde où ils vivent, confisquée par des gouvernants séparés entourés de leurs experts — bref, un effort, ici dévoyé, mais un effort quand même, pour sortir de la passivité. « Vouloir tout traiter en cachette des citoyens, et vouloir qu’à partir de là ils ne portent pas de jugements faux et n’interprètent pas tout de travers, écrivait il y a déjà longtemps Spinoza, c’est le comble de la stupidité (2). »

Mais il y a deux faces au débat, et s’il y a lieu de comprendre le mécanisme qui fait voir des complots partout, il y a lieu symétriquement de comprendre celui qui fait voir du complotisme partout. Or ni l’existence — réelle — de délires conspirationnistes ni l’intention disqualificatrice, quoique massive, ne rendent entièrement compte de l’obsession non pas pour les complots, mais pour les complotistes — un complotisme anticomplotiste, si l’on veut… Si cette nouvelle idée fixe trouve si bien à prospérer, c’est aussi parce qu’elle trouve une profonde ressource dans des formes de pensée spontanées à l’œuvre dans un milieu : le milieu des dominants, dont les journalistes, qui aux étages inférieurs en occupent les chambres de bonne, sont à leur tour imbibés comme par un fatal dégât des eaux.

La paranoïa des puissants

C’est que, par construction, être un dominant, c’est participer à des jeux de pouvoir, être immergé dans leurs luttes, en vivre toutes les tensions, et notamment l’impérieuse obligation de la vigilance, c’est-à-dire l’anticipation des menées adverses, l’élaboration de ses propres stratégies et contre-stratégies pour conserver ou bien développer ses positions de pouvoir. En réalité, dans ses strates les plus hautes, la division fonctionnelle du travail est inévitablement doublée par une division du pouvoir… la seconde ayant pour propriété de vampiriser la première : les hommes de pouvoir, dans l’entreprise comme dans n’importe quelle institution, s’activent en fait bien moins à servir la fonction où les a placés la division du travail qu’à protéger les positions dont ils ont été par là dotés dans la division du pouvoir. Or la logique sociale du pouvoir est si forte qu’accéder à une position conduit dans l’instant à envisager surtout le moyen de s’y faire reconduire, ou bien de se hausser jusqu’à la suivante. On rêverait de pouvoir observer les journées d’un patron de chaîne, d’un directeur de journal, d’un cadre dirigeant, d’un haut fonctionnaire, d’un magistrat ou d’un mandarin universitaire louchant vers le ministère, pour y chronométrer, par une sorte de taylorisme retourné à l’envoyeur, les parts de son temps respectivement consacrées à remplir la fonction et à maintenir la position. La pathétique vérité des organisations peut conduire jusqu’à cette extrémité, en fait fréquemment atteinte, où un dirigeant pourra préférer attenter aux intérêts généraux de l’institution dont il a la charge si c’est le moyen de défaire une opposition interne inquiétante ou d’obtenir la faveur décisive de son suzerain — et il y a dans ces divisions duales, celle du travail et celle du pouvoir, une source trop méconnue de la dysfonctionnalité essentielle des institutions.

La logique même du pouvoir, dont la conquête et la conservation sont immédiatement affaire d’entreprise décidée, voue par construction les hommes de pouvoir à occuper alternativement les deux versants du complot : tantôt comploteurs, tantôt complotistes. En réalité, le complot est leur élément même, soit qu’ils s’affairent à en élaborer pour parvenir, soit que, parvenus, ils commencent à en voir partout qui pourraient les faire sauter. On n’imagine pas à quel degré la forme complot imprègne la pensée des puissants, jusqu’à la saturer entièrement. Leur monde mental n’est qu’un gigantesque Kriegspiel. La carte du théâtre des opérations est en permanence sous leurs yeux, leurs antennes constamment déployées pour avoir connaissance du dernier mouvement, leur énergie mentale engloutie par la pensée du coup d’avance, leur temps colonisé par le constant travail des alliances à nouer ou à consolider. Bien davantage que l’égarement de quelques simples d’esprit, habiter le monde violent des dominants, monde de menaces, de coups et de parades, est le plus sûr passeport pour le complotisme. Le pire étant que, pour un homme de pouvoir, la paranoïa n’est pas une pathologie adventice : elle est un devoir bien fondé. La question constante de l’homme de pouvoir, c’est bien : « Qu’est-ce qui se trame ? »

Vivant objectivement dans un monde de complots, les hommes de pouvoir développent nécessairement des formes de pensée complotistes. La dénonciation obsessionnelle du complotisme, c’est donc pour une large part la mauvaise conscience complotiste des dominants projectivement prêtée aux dominés. Le premier mouvement de M. Julien Dray, voyant sortir les photographies d’une femme en burkini expulsée de la plage par la police municipale de Nice à l’été 2016, est de considérer qu’il s’agit d’une mise en scène destinée à produire des clichés d’expulsion. M. Jean-Christophe Cambadélis, ahuri des mésaventures new-yorkaises de son favori Dominique Strauss-Kahn en 2011, assure qu’il a « toujours pensé, non pas à la théorie du complot, mais à la théorie du piège (3) » — c’est en effet très différent.

Sans doute y a-t-il une forme d’injustice à ce que, de cet effet projectif, ce soient les journalistes ou les publicistes, dominés des dominants, qui portent cependant l’essentiel du poids de ridicule. Car les dominants eux-mêmes lâchent rarement le fond de leur pensée : leur sauvagerie la rend imprésentable, et puis ce sont toujours des schèmes complotistes particuliers qu’il y aurait à y lire : « celui-ci me monte une cabale », « ceux-là m’orchestrent un coup », etc. Ironiquement, ce sont donc des agents simplement satellites des plus hauts lieux de pouvoir, donc moins directement engagés dans leurs paranoïas, qui vont se charger de faire passer les schèmes complotistes particuliers au stade de la généralité, puis de les verbaliser comme tels, mais bien sûr toujours selon le mouvement d’extériorisation qui consiste à les prêter à la plèbe.

Il est fatal que la forme de pensée complotiste passe ainsi de ceux qu’elle habite en première instance à ceux qui racontent leur histoire. D’abord parce que les journalistes politiques se sont définitivement abîmés dans les « coulisses », les « arcanes » et le « dessous des cartes », manière ostentatoire de faire savoir qu’« ils en sont », mais surtout perspective qui emporte nécessairement la forme complot. Ensuite parce que la fréquentation assidue de leurs « sujets » se prête idéalement à la communication et au partage des formes élémentaires de la pensée, si bien que l’inconscient complotiste est peu ou prou devenu le leur — celui-là même d’ailleurs qu’il leur arrive de mettre directement en œuvre dans leurs propres manœuvres institutionnelles comme demi-sel du pouvoir.

Quand ils ne s’efforcent pas de passer dans le monde des caïds de plein rang. L’inénarrable Bruno Roger-Petit, qui aurait furieusement nié toute action concertée au sein de l’univers des médias pour faire aboutir la candidature Macron, n’en voit pas moins ses (non-)services officiellement récompensés. C’est donc très logiquement qu’il n’a pas cessé avant d’être nommé porte-parole de l’Élysée de dénoncer comme complotiste toute lecture de l’élection comme synarchie financière et médiatique : c’était une pure chevauchée politique.

De la croisade anticomplotiste à l’éradication de la fake news (fausse information), il n’y a à l’évidence qu’un pas. Au point d’ailleurs qu’il faut davantage y voir deux expressions différenciées d’une seule et même tendance générale. Mais comment situer plus précisément un « décodeur » du Monde.fr au milieu de ce paysage ? Il est encore loin de l’Élysée ou de Matignon. D’où lui viennent ses propres obsessions anticomplotistes ? Inutile ici d’envisager des hypothèses de contamination directe : il faut plutôt songer à un « effet de milieu », plus complexe et plus diffus. Pas moins puissant, peut-être même au contraire : d’autant plus qu’il ne peut pas faire l’objet d’une perception simple. Un milieu sécrète ses formes de pensée. La forme de pensée médiatique, qui imprègne l’atmosphère de toutes les pensées individuelles dans ce milieu, s’établit aujourd’hui à l’intersection de : 1) l’adhésion globale à l’ordre social du moment, 2) l’hostilité réflexe à toute critique radicale de cet ordre, 3) la réduction à une posture défensive dans un contexte de contestation croissante, la pénurie de contre-arguments sérieux ne laissant plus que la ressource de la disqualification, 4) la croisade anticomplotiste comme motif particulier de la disqualification, répandu par émulation, dans les couches basses du pouvoir médiatique, du schème éradicateur développé comme mauvaise conscience projective dans les couches hautes — un effet de « ruissellement », si l’on veut, mais celui-là d’une autre sorte. En résumé, on commence par entendre pendant des années des « BHL » et des Jean-Michel Aphatie, et puis, par lente imprégnation, on se retrouve en bout de course avec un Samuel Laurent, chef de la rubrique Les décodeurs du Monde.fr, d’autant plus pernicieux qu’on a affaire, comme on dit à Marseille, à « un innocent ».

Le complotisme est décidément insuffisant à rendre compte de l’obsession pour le complotisme : on n’explique pas Les décodeurs par la simple, et supposée, prolifération des cinglés conspirationnistes. Le sentiment d’être agressé, le syndrome obsidional de la forteresse assiégée y prennent une part décisive dans un univers médiatique dont toutes les dénégations d’être les auxiliaires d’un système de domination ne font maintenant qu’accréditer davantage la chose.

Il est vrai que, manifestation canonique de l’« innocence », les journalistes vivent dans la parfaite inconscience subjective de leur fonctionnalité objective, où leur dénégation prend tous les accents de la sincérité. Le fait est là pourtant, et le schème du retournement, qui prête au peuple des tendances paranoïaques en réalité partout présentes dans l’univers des dominants, n’en prend que plus de force. Au vrai, la chose ne date pas d’aujourd’hui : couvrir projectivement le peuple révolté de monstruosité est une opération vieille comme la presse ancillaire — qu’on se souvienne des hauts faits de la presse versaillaise pendant la Commune ou de ceux de la presse bourgeoise russe relatant la prise du Palais d’hiver. La croisade médiatique contemporaine contre la fake news aura du mal à recouvrir que la presse elle-même est le lieu le plus autorisé de mise en circulation de fake news (4) — ceci expliquant cela ? Au milieu d’un océan : Le Monde rapporte sans un battement de cil ni le moindre commentaire le propos, cet été, d’un « responsable macroniste » inquiet : « Les Français ont l’impression qu’on fait une politique de droite (5). » Quelques jours auparavant, le Financial Times rencontrait le premier ministre Édouard Philippe (6) : « Lorsqu’on [lui] suggère que les plans de son gouvernement ne comportent que des mesures de droite, il éclate de rire : “Vous vous attendiez à quoi ?” »

Le Monde diplomatique, Octobre 2017


Natacha Polony : ce qui arrive quand les questions sont interdites

« Le documentaire "Hold-up" est en train de devenir un phénomène de société, et nous raconte l'état actuel de la démocratie. Tous les médias en parlent pour démontrer à quel point c'est complotiste : une horreur absolue. Sauf qu'une fois que l'on a dit cela, on n’a rien dit...
La vraie question est là : comment un documentaire portant sur le coronavirus et prétendant poser les questions qui dérangent pour démontrer finalement l’existence d'un complot peut rencontrer un tel succès ?
Il faut se méfier de la vision binaire qui se met en place comme à chaque fois : d'un côté les méchants complotistes, de l'autre les élites horrifiées par ces derniers. D'autant plus quand ces élites en concluent que poser des questions et émettre des doutes, cela ouvre forcément la porte au complotisme. Piège absolu. Car il reste de nombreuses et légitimes questions à poser sur cette crise sanitaire... »

voir la vidéo ↴