Billet d'humeur
Hier soir, les résultats du 2ème tour des élections municipales ont marqué une nouvelle étape dans notre vie politique.
L’abstention, trop forte, est finalement la seule gagnante. Trop d’électeurs ne se sont pas déplacés et l’on ne peut accuser le seul Covid19, tant l’abstention est symptomatique de la démocratie française. 4 électeurs sur 10 sont allés aux urnes. Pourtant, la commune est notre premier interlocuteur, le premier acteur de notre quotidien. Le maire est le premier élu vers qui on se tourne. L’abstention d’hier, c’est le résultat d’un double manquement : celui du désintérêt pour la chose politique et une offre politique parfois peu satisfaisante. Mais on peut aussi s'interroger sur sa véritable légitimé et le sens de son engagement lorsqu'on est élu avec moins d'un tiers des inscrits, pour réussir son mandat et tout faire pour satisfaire la majorité silencieuse.
Mais c’est aussi le résultat d’un virus qui ne lâche pas encore prise même s’il semble reculer. Le coronavirus a modifié la donne sur les élections municipales, offrant malgré lui une campagne électorale qui ne disait pas son nom, offrant aux candidats une opportunité de se démarquer. Et l’abstention est venue parachever cette campagne au long cours. D’habitude, nous avions une semaine pour décider de qui dirigera notre commune. Cette année, nous avons eu trois mois. Cette longue marche vers la victoire ou la défaite était épuisante pour tous mais la démocratie a parlé et l’essentiel est là.
Effectivement, hier soir, ma déception était à la mesure de certaines défaites, à Mulhouse comme ailleurs. Partout en France, nous avons vécu une campagne difficile, dans un contexte particulier. On ne rejouera pas le match, du moins pas avant 2026. Néanmoins, une nouvelle offre politique, qui rassemble au-delà des clivages traditionnels, est en marche.
L’écologie est au cœur des préoccupations de nos concitoyens. Depuis plusieurs années, une véritable prise de conscience collective se fait jour. Dans notre département, certaines communes ont fait des efforts considérables pour modifier les façons de penser, de trier, de se déplacer, et avec succès. L’écologie, plus qu’une affaire politique, c’est l’affaire de tous. Hier soir, nous en avons eu la preuve.
Depuis la Cop 21, les Français regardent autrement leur environnement. Puis il y a les mouvements de fonds, comme les canicules toujours plus difficiles, les images de déforestations et de sécheresses, toujours plus proches de nous. Il y a eu Greta Thunberg aussi, qui a mis en avant ce que sa génération veut pour la planète. Enfin, le confinement a porté une voix verte, les gens prenant conscience de leur environnement et du rôle de la proximité.
Aujourd’hui, le ciel est gris. Certains y verront un signe. Au moment où je rédige ces lignes, le soleil reparaît, comme le symbole d’une renaissance. En politique, tout revient mais tout peut aussi changer. Nous sommes au service des citoyens et de leurs représentants, quels que soient les scores. Hier, nous avons eu un message fort : le monde doit changer. Le jour d’après, il passe par la protection de tous, qu’elle soit environnementale ou sociale.
Les élus de mars dernier et ceux d’hier ont une responsabilité inédite : faire du futur autre chose que le passé recomposé. Aujourd’hui, les citoyens veulent que nous conjuguions nos forces pour un lexique commun. Notre responsabilité d’élus, c’est d’écouter, pas seulement d’entendre. Hier soir, nous avons entendu un double appel, celui de l’abstention et d’un monde plus vert.
Aujourd’hui, il faut écouter ce double appel et y répondre avec conviction. Le temps de l'imparfait doit s'achever pour un impératif collectif nécessaire.