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6 mai 2020

L'après-crise du coronavirus : ils ne lâcheront rien

Frédéric Lordon
Le Monde diplomatique - 5 mai 2020

[...] par quel miracle quoi que ce soit devrait-il changer d’ici cinquante nouvelles années ?

EXTRAITS :

[...] la réponse est très simple : parce qu’il y a « du monde » en face. Certes, un tout petit monde, mais très resserré, très coordonné, et très déterminé — à ne rien changer du tout. Le délié du doigt fourré avec lequel les patrons de Total, de la BNP et de tant d’autres ont envoyé le gouvernement se faire voir chez Plumeau à propos des dividendes de l’année gagnerait, par exemple, être pris en considération — s’il étonne encore quiconque. Voilà ce que ces gens se permettent au cœur de l’épidémie. On imagine « après ».

On aura sans doute — on a déjà — l’occasion de rire beaucoup avec les « contreparties » des aides d’État qui ne manqueront pas de tomber, et bien épaisses. La condition de non-fricotage dans les paradis fiscaux, bien sûr c’était pour rire — elle a d’ailleurs vécu ce que vivent les amendements, l’espace d’un matin. Celle de correction environnementale minimale a dû susciter une hilarité plus grande si c’était possible — et puis quoi encore ?

Cependant, tout bien considéré, Roux de Bézieux, lui, n’est pas de ceux qui ne veulent rien changer : par exemple les 35 heures et les congés payés, il est très partisan du changement, « et que ça saute ! » Tout le monde se la raconte en technicolor avec la démondialisation et la relocalisation des chaînes de valeur. Mais c’est une fable pour enfants en bas âge. Que le gouvernement décide pour l’avenir de s’épargner les humiliations d’aujourd’hui et rapatrie masques, respirateurs plus quelques médicaments, sans doute. Que les entreprises pèsent le risque géopolitique (elles le faisaient déjà) ou, maintenant, géosanitaire là où elles ont leurs billes de sous-traitance, probablement aussi. Mais s’imaginer que le capital sous pouvoir actionnarial renoncera à des coûts salariaux de 100 $ / mois au Vietnam (la Chine, c’est devenu i-na-bor-dable !), et bientôt de 20 $ en Afrique qui piaffe à la porte de la mondialisation, c’est se raconter des histoires en couleurs. Le comble étant bien sûr de se figurer que les nullités criminelles au pouvoir pourraient manifester la moindre velléité de faire changer quoi ce soit. Macron jure qu’il va « se réinventer », ça doit bien être la troisième fois, et célèbre aussitôt sa réinvention en passant un costume trois pièces de banquier et des boutons de manchette nacrés pour nous raconter sa fête « des travailleurs et des travailleuses ».

Ceux qui s’imaginent qu’« après, tout sera différent » doivent croire très fort aux pouvoirs de la fée Clochette. Parce que les tendances spontanément à l’œuvre nous avertissent plutôt que, sauf action de déraillement organisé, « après » sera pareil en pire.

[...] il se passe une vérification. La vérification d’une certaine impossibilité. L’impossibilité, c’est celle opposée par le capital qui, en quarante ans, a tellement conquis, tellement pris l’habitude d’exiger et d’obtenir, tellement régné sans partage, et surtout installé si profondément les structures de son règne –- la financiarisation, le libre-échange, les délocalisations –- qu’il n’existe pas pour lui la moindre raison sérieuse d’abandonner quoi que ce soit. Et en effet : quand on a si méthodiquement installé les conditions de son emprise, par quelle sorte de miracle humaniste renoncerait-on à l’exercer ? Tant la concurrence instituée à l’échelle internationale par l’OMC et l’UE que le primat de la valeur actionnariale imposé dans les marchés de titres déréglementés déterminent les courses successives vers l’Europe centrale, la Chine, le Vietnam, l’Afrique. Les délocalisations ne sont que l’exercice de ces possibilités, la satisfaction joyeuse des impératifs institués de la compétitivité et de la rentabilité. Et aussi la sanction exemplaire des corps sociaux qui refusent de s’ajuster autant qu’il le faudrait. Vous vous accrochez à votre code du travail, à votre SMIC et à votre protection sociale ? Chaque fois que vous résisterez, nous vous briserons un peu plus. Puisque, par les latitudes de mouvement que nous nous sommes aménagées, nous en avons les moyens.

L'article dans son intégralité 

https://blog.mondediplo.net/ils-ne-lacheront-rien


3 mai 2020

Yannick Lefrançois
[DNA Stasbourg]



L'OBS : Le « monde d’après » est repoussé à plus tard

Pascal Riché - 30/4/2020

Au début du confinement, l’on se prenait à imaginer un monde plus écologique, plus solidaire. Puis est venue la crise économique, et le « vieux monde » a repris le dessus. Les pressions s’accroissent pour que soient retardées les déjà trop timides mesures engagées avant la crise afin de lutter contre le changement climatique et la pollution :

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2 mai 2020

Espoir : un appel aux dons exceptionnel pour surmonter la crise

« Avec l’arrêt de l’activité de ramassage, de tri, de réparation et mise en vente suite à la crise sanitaire, les associations Emmaüs et Espoir se retrouvent en grande difficulté financière. Tous font appel à des dons exceptionnels pour surmonter cette crise. »
(Thierry Gachon)

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https://www.lalsace.fr/social/2020/05/02/video-espoir-un-appel-aux-dons-exceptionnel-pour-surmonter-la-crise




1 mai 2020

Coronavirus : tous les assureurs ne jouent pas le jeu

Benoît Nicolas

Pertes d'exploitation

La guerre menée par les assureurs contre le CRÉDIT MUTUEL est scandaleuse !
Certaines entreprises prudentes ont fait le choix de souscrire des assurances très coûteuses.
Il s'agit de se prémunir des risques liés à un arrêt de leur activité.
C'est une assurance très coûteuse et facultative.
Pourquoi payer autant ?
Pour préserver l'emploi.
Pour garantir la pérennité de gros investissements risqués par nature.
Pour ne pas faire faillite si l'activité s'arrête.
Aujourd'hui, une guerre dégueulasse est menée.
Par qui ?
Axa, Allianz et autres entreprises générales d'assurance.
Contre qui ?
Les ACM (Assurances du Crédit Mutuel) filiale du Crédit-Mutuel / CIC qui a décidé de mettre 200 millions sur la table.
Une « prime de relance mutualiste » promise à ses quelques 30 000 clients professionnels.
Cette prime, comprise entre 1 500 et 20 000 €, est destinée à couvrir une partie des pertes d’exploitation subies par ses clients depuis la crise du coronavirus.
En dehors de toute garantie !
Les autres refusent de faire pareil.
En nous expliquant que cela risquerait de menacer leur équilibre financier.
Bien sûr !
Rester sur son tas de millions d'euros collectés sans aider personne et nous regarder crever la gueule ouverte.
En espérant que AXA, ALLIANZ et autres viennent à notre enterrement, nous étions tout de même vos clients.
Là encore l'Allemagne montre l'exemple.
En Bavière, sous la pression des politiques, les assureurs dont Allianz ont accepté de prendre en charge 15 % des pertes d'exploitation.
En France, on ne ferait pas pareil ?
Personne ne pourra le comprendre !
Ce qui est certain ?
Certains vont gagner des clients et d'autres vont en perdre.
Moi, si j'étais les souscripteurs, je n'hésiterais pas en tout cas !
À partager pour les y contraindre.
Qu'en pensez-vous ?
Phil

Tout devient virtuel !


30 avril 2020

L’organigramme de l’ARS (Agence Régionale de Santé) Grand Est

« Les agences régionales de santé sont chargées du pilotage régional du système de santé. Elles définissent et mettent en œuvre la politique de santé en région, au plus près des besoins de la population. »

Malgré ses effectifs pléthoriques et coûteux, l'ARS s'est montrée incapable de gérer correctement la crise du coronavirus.

Le Général de Gaulle parlait des « comités Théodule » !

À noter : le directeur de l'ARS Grand Est, Christophe Lannelongue, a été limogé suite au tollé suscité par ses propos sur le CHU de Nancy : il a affirmé en pleine épidémie du coronavirus qu'il n'y avait pas de raison d'interrompre les suppressions de postes et de lits qui y étaient prévues.

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https://drive.google.com/file/d/1z9n0LyjEEWusAqFBu7IAH_AQ_gsC2jmj/view

29 avril 2020

Meyer et le tourisme

Bernard Rodenstein

(...) A-t-il pris la mesure des effets indésirables pour la population locale d’un tourisme de masse ?
D’avoir investi une bonne part de nos impôts pour faire de notre ville un haut lieu touristique, bien au-delà de ce que la taille de notre petite cité peut raisonnablement supporter, était une erreur monumentale mille fois dénoncée par de nombreux analystes. Il n’en a jamais tenu compte ! Comme sur beaucoup d’autres sujets il est parti bille en tête pour n’en faire qu’à sa tête !
Le gel des déplacements des masses est en train de donner raison à ceux qui n’ont jamais apprécié que l’on mette tous les œufs dans le même panier ! Une économie saine ne peut pas reposer uniquement sur un socle aussi aléatoire que le tourisme de masse !
C’est pourtant ce qu’il a choisi de faire !
Quel manque de flair !
Quelle marque d’incompétence !
La qualité première d’un élu est d’avoir une vision à long terme et de voir large !
Meyer ne s’est laissé guidé que par le clinquant du court terme qui lui a assuré à plusieurs reprises sa réélection.
Mais qui est préjudiciable aux intérêts de la ville et de ses habitants dans leur grande majorité !
Vivement que l’on puisse envisager le second tour ou que l’on recommence le tout !
Il faut sortir de cette situation bancale ! Le plus tôt sera le mieux !

25 avril 2020

Walter Mac Dougall
[Chirurgien au Centre Hospitalier de Colmar]

Crise sanitaire du Coronavirus : pourquoi les Allemands s’en sortent mieux que la France

L'Allemagne ne consacre pas plus d’argent public que nous à son système de santé. Si le coronavirus a fait beaucoup moins de victimes chez nos voisins alors même que l’Allemagne compte 13 millions d’habitants de plus et beaucoup plus de seniors, l’explication se trouve dans une meilleure gouvernance à tous les égards.

☐ Avec 83 millions d’habitants, contre 67 millions pour nous, l’Allemagne comptait, au 12 avril, plus de 3000 morts contre plus de 14 000 en France. Même en partant de l’hypothèse que l’épidémie a quelques jours d’avance en France, l’écart resterait du simple au double.

☐ Pourtant, d’après l’OCDE, la part du PIB allemand consacrée à la santé est de 11,25% contre 11,3% en France.

☐ À dépense publique égale consacrée à leur système de santé, l’Allemagne disposait de 28 000 lits de réanimation, contre 5000 en France. Durant la crise, les Allemands ont été capables de porter leur capacité à 40 000 lits alors que nous essayons péniblement d’atteindre les 14 000.


Bonne gestion

• En Allemagne, il n’y a que 24,3% des personnels hospitaliers à assumer des missions administratives, contre 35,2% en France. Rapporté à la fonction publique hospitalière française, forte de 1,2 million d’agents, cela représente 100 000 soignants de plus.

• L’hôpital allemand n’a pas eu à souffrir de la désorganisation des 35 heures. La réforme Aubry aurait dû s’accompagner de la création de 37 000 postes. Faute de moyens budgétaires, 10 000 d’entre eux n’ont tout simplement pas été pourvus et l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) croule sous les RTT qui déstructurent les services.

• En Allemagne, les salariés du service public hospitalier sont sous un régime de droit privé et travaillent 40 heures par semaine, mais bénéficient de salaires nettement plus élevés qu’en France : 20% de plus a minima. Signe de la reconnaissance et la considération de la société allemande envers ces métiers essentiels : les rémunérations des infirmières sont 13% supérieures au salaire moyen allemand, alors qu’elles sont en France 5% inférieures au salaire moyen français.

• L’organisation plus décentralisée donc au plus près du terrain et de la sanction électorale permet un meilleur maillage territorial. L’Allemagne dispose en moyenne de 8,2 lits pour 1000 habitants, contre 6 en France. Chez nous, la politique de santé et la carte hospitalière sont décidées par les agences régionales de santé (ARS), organes déconcentrés de l’Etat qui s’illustrent par leur fonctionnement bureaucratique et leur obsession comptable.

• Ayant échappé au numerus clausus imposé par nos gouvernements successifs, la démographie médicale allemande est infiniment meilleure avec 4,3 médecins pour 1000 habitants (contre 3,4 en France).

• À cela s’ajoute une coordination public-privé non seulement avec les médecins libéraux mais aussi avec les cliniques privées qui rendrait impensable le scandale sanitaire qui fut le nôtre : des cliniques privées vides de malades alors que les hôpitaux débordaient.


Réactivité

• Alors que la France a pourtant le 3e plus gros réseau diplomatique du monde après la Chine et les Etats-Unis, l’Allemagne a plus rapidement capté et surtout utilisé les informations. En effet, les organisations patronales allemandes, dont les bureaux à l’étranger maillent la planète, ont représenté une source d’informations de premier plan, comme elles le font toujours. Elles ont averti de l’ampleur que prenait l’épidémie en Chine et de la vitesse à laquelle elle se répandait en Asie.

• L’Allemagne parvient à réaliser 70 000 tests par jour (contre 12 000 en France).
Avec la rapidité de décision qui a tant manqué à nos pouvoirs publics, elle a fait le choix de la méthode coréenne : les tests les plus nombreux possibles. Ce choix est pour beaucoup dans sa meilleure maîtrise de l’épidémie. Ce choix d’un dépistage massif et précoce permet un confinement ciblé et individuel plutôt que généralisé.
Par ailleurs, face aux questions liées aux atteintes à la vie privée et aux droits individuels que soulève le traçage en Corée, on constate qu’en Allemagne les tests massifs sont compatibles avec des méthodes moins intrusives.

• Manque de coordination sectorielle mais aussi géographique encore plus dramatique lorsqu’on sait qu’il y a eu, à ce jour, autant de malades du Grand Est évacués vers l’Allemagne (200) que vers nos propres régions française.


État-Stratège et priorité nationale

• L’Allemagne a été capable de produire rapidement des millions de masques, du gel hydroalcoolique mais aussi des respirateurs, des charlottes et des surblouses.
Tout ce qui nous manque cruellement. Pour ne prendre qu’un exemple, la société Dräger a été capable de livrer en deux semaines 10 000 respirateurs.

• Tout cela a été possible, car notre voisin n’a jamais délocalisé toute une chaîne de production : les Allemands ont toujours veillé à garder la maîtrise de l’assemblage.
De même, c’est bien l’industrie pharmaceutique allemande qui fabrique les tests que le pays utilise quotidiennement à grande échelle. Notre pays paie pour sa part la perte de maîtrise de ses chaînes de production industrielle.

• Si l’Allemagne peut s’appuyer, durant cette crise, sur sa base industrielle et technologique ainsi que sur son solide tissu de PME et ETI, c’est grâce au patriotisme économique et stratégique de ses gouvernants et de ses patrons veillant aux intérêts stratégiques de l’Allemagne mais aussi à la différence de pression fiscale (39,5% du PIB en Allemagne contre 46,5% chez nous, soit plus de 150 milliards d’impôts en plus !) qui rend les entreprises allemandes plus compétitives et de ce fait moins tentées par la délocalisation. Notre réindustrialisation passera aussi par là.

• Enfin, dès le début de la crise, Angela Merkel s’est préoccupée avant tout des Allemands. Elle s’est adressée aux Allemands sans même prononcer le mot « Europe ». Elle a mis les autorités françaises devant le fait accompli de la fermeture de la frontière entre les deux pays. Lorsque l’Allemagne est confrontée à un danger majeur, l’effort de coordination ne remonte pas plus au haut que la Nation.
Gestion rigoureuse, chasse aux doublons et à la bureaucratie, priorité absolue aux soignants, anticipation et réactivité, priorité stratégique et nationale, les Allemands nous rappellent lors de cette crise ce que nos dirigeants ont oublié : le premier devoir de la puissance publique est de protéger son peuple.
Nos gouvernants, soumis et transis d’admiration devant l’Allemagne depuis des années, auraient au moins pu profiter de cet amour à sens unique pour emprunter aux Allemands quelques méthodes qui fonctionnent. Il n’en a rien été.