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24 avril 2020

Benoît Nicolas

Ma petite entreprise...
connaît la crise !

Comme toutes les autres d'ailleurs.
Montants réglés par mes clients :
- mars : moins 45,09 %
- avril : moins 73,42 % à ce jour.
Et je pense à tous ceux :
- qui sont à moins 100 % depuis 2 mois
- qui ramaient déjà avant la crise.
- qui sont engagés sur leur patrimoine personnel avec des hypothèques et des engagements de caution.
C'est dans ces moments là que l'on comprend ce que le mot risque représente !
Restons solidaires.
Courage à tous.

23 avril 2020

La romancière Arièle Butaux, vénitienne d'adoption, nous livre en de très belles pages empreintes de poésie son expérience du confinement imposé pour cause de coronavirus. Par la même occasion, elle nous invite à réfléchir à l'après crise, crise qui aura au moins eu le mérite de remettre en cause notre façon de vivre et de reconsidérer la manière dont est organisé le tourisme de masse qui gangrène la ville.

☐ 18/4/2020

Je vous écris de Venise où l’espoir renaît. Au 41ème jour de confinement, ce n’est pas encore l’euphorie mais la maladie régresse, les mesures de sécurité s’assouplissent et il nous est enfin permis de marcher le nez au vent - pourvu qu’il soit masqué ! - pour profiter un peu de Venise au repos, vide comme jamais plus nous ne la verrons, poignante comme un sourire après les larmes.

Les glycines ont fleuri tandis que nous étions reclus et privés de printemps. Nous voici convalescents, émerveillés et prudents, émus de pouvoir prendre quelques chemins de traverse entre deux sorties de première nécessité. Au compte-goutte, nous retrouvons le goût des choses, émus de voir rouvrir une librairie, une papeterie. Leurs vitrines de nouveau visibles sont la preuve de leur survie. Mais l’immense majorité des rideaux de fer demeure fermée. On s’arrête devant certains comme au chevet d’un malade, craignant qu’ils ne se relèvent pas. Une pâtisserie où, par tous les temps, on prenait chaque matin son café. Un restaurant où l’on était comme à la maison. L’échoppe d’un artisan où se partageait l’amour des belles choses bien faites. Et puis il y a toutes ces devantures occultées, derrière lesquelles nous ne savons même plus ce qu’il y avait avant ! Des rues entières de façades borgnes vouées autrefois à l’inutile, la pacotille, le « souvenir » made in China, les sucreries industrielles, le vêtement jetable fabriqué par des esclaves parce que lorsqu’on paye une robe cinq euros il y a forcément, quelque part, quelqu’un qui n’a pas été payé pour la fabriquer… Ces magasins ne s’adressent pas aux Vénitiens. Ils ont essaimé pour satisfaire un tourisme voué à disparaître, celui qui consommait Venise comme une attraction, indifférent à son histoire et à son âme.

Pour les Vénitiens, pour les amoureux de la Sérénissime dont chaque séjour est un bienfait pour la ville, on espère que survivront les quelques commerces traditionnels que la spéculation sur les loyers n’avait pas déjà vaincus.

En attendant, on finit par s’habituer à circuler sans se faire bousculer, à ne plus être importuné par la pollution visuelle et sonore de boutiques absurdes, on se demande comment on a pu supporter cela avant et, surtout, comment ce sera demain. Pour l'heure, les Vénitiens toujours ingénieux s’adaptent aux contraintes dont leur histoire n’a jamais été avare…

Sous mon balcon, des barques à rames traditionnelles glissent sur l’eau paisible du canal et assurent des livraisons de légumes bio cultivés dans la lagune. Consommer local, sans pollution, à km 0… Et si, en revenant à ces fondamentaux, Venise était déjà en train d’écrire le monde de demain ?

Venise, 18 avril 2020, 41ème jour de confinement

Photo Edouard Dabrowski

22 avril 2020

La Relève et la Peste : Venise veut mettre fin au tourisme de masse

Même après confinement, les voyages organisés ne reprendront pas immédiatement. Dès lors le tourisme de proximité pourrait bien se développer, moins par conscience environnementale que par nécessité.

(Extraits)

« À Venise, les élus et les habitants se demandent si ça n’est pas l’occasion de changer de politique. »

« Il ne serait pas juste d’empêcher les touristes de revenir à Venise, mais il serait profondément injuste de continuer à spolier les Vénitiens de leur ville. Ce n’est pas possible qu’on ait des artisans extraordinaires à Murano et que ces gens-là se fassent damer le pion par de la verroterie qui vient de Chine et qui retourne en Chine. On marche sur la tête. »
Arielle Butaux

« Comment mettre en valeur un patrimoine sans l’abîmer ? Comment faire que ces lieux magnifiques restent des lieux de vie au lieu d’être des lieux sans vie accueillant des hordes de touristes qui vivent d’une ville à l’autre la même expérience ? De la cité des doges aux villages de France eux aussi victimes de la montée des prix et désertés en dehors des touristes, un débat idéologique culturel et identitaire va avoir lieu. »
Sarah Roubato

Pour lire le texte intégral, cliquer ici ↴

https://lareleveetlapeste.fr/venise-veut-mettre-fin-au-tourisme-de-masse/


Photo Edouard Dabrowski

Coronavirus : pour tenter d'y voir (un peu) plus clair

L'Université Johns Hopkins a envoyé cet excellent résumé pour éviter la contagion, partagez-le.

Le virus n'est pas un organisme vivant, mais une molécule de protéine (ADN) recouverte d'une couche protectrice de lipides (graisses) qui, lorsqu'elle est absorbée par les cellules des muqueuses oculaires, nasales ou buccales, modifie leur code génétique (mutation) et les convertit en cellules de multiplicateurs et d'agresseurs.

Parce que le virus n'est pas un organisme vivant mais une molécule de protéine, il n'est pas tué, mais se décompose de lui-même. Le temps de désintégration dépend de la température, de l'humidité et du type de matériau dans lequel il se trouve.

Le virus est très fragile ; la seule chose qui le protège est une fine couche de graisse extérieure. C'est pourquoi tout savon ou détergent est le meilleur remède, car la mousse CASSE LE GRAS (c'est pourquoi il faut frotter autant, pendant au moins 20 secondes ou plus, et faire beaucoup de mousse). En dissolvant la couche de graisse, la molécule de protéine se disperse et se décompose d'elle-même.

La chaleur dissout la graisse ; utilisez ensuite de l'eau à une température supérieure à 25 degrés pour vous laver les mains, les vêtements et tout le reste. De plus, l'eau chaude produit plus de mousse, ce qui la rend encore plus utile.

L'alcool ou tout mélange avec de l'alcool à plus de 65% DISSOUT TOUTE GRAISSE, en particulier la couche lipidique externe du virus.

Tout mélange avec 1 partie d'eau de javel et 5 parties d'eau dissout directement la protéine, la décomposant de l'intérieur.

L'eau peroxyde aide beaucoup après le savon, l'alcool et le chlore, car le peroxyde dissout la protéine virale, mais il faut l'utiliser pure et elle fait mal à la peau.

PAS DE BACTÉRICIDES. Le virus n'est pas un organisme vivant comme les
bactéries ; on ne peut pas tuer ce qui n'est pas vivant avec des antibiotiques, mais désintégrer rapidement sa structure avec tout ce qui a été dit.

NE JAMAIS secouer les vêtements, draps ou draps usagés ou non utilisés. Bien que collé sur une surface poreuse, il est inerte et se désintègre en 3 heures (tissu et poreux), 4 heures (cuivre, car il est naturellement antiseptique ; et bois, car il élimine toute humidité), 24 heures (carton), 42 heures (métal) et 72 heures (plastique). Mais si vous le secouez ou utilisez un chiffon, les molécules du virus flottent dans l'air pendant 3 heures et peuvent se déposer dans votre nez.

Les molécules virales restent très stables dans le froid extérieur ou artificiel comme les climatiseurs des maisons et des voitures. Ils ont également besoin d'humidité pour rester stables et surtout de l'obscurité. Par conséquent, les environnements déshumidifiés, secs, chauds et lumineux le dégraderont plus rapidement.

La lumière UV sur tout objet brisera la protéine du virus. Par exemple, pour désinfecter et réutiliser un masque c’est parfait.
Attention, il décompose également le collagène (qui est une protéine) de la peau, ce qui finit par provoquer des rides et le cancer de la peau... (long terme).

Le virus ne peut PAS passer à travers une peau saine.

Le vinaigre n'est PAS utile car il ne décompose pas la couche protectrice de la graisse.

PAS D'ALCOOL ni de VODKA. La vodka la plus forte est à 40 % d'alcool et il vous en faut 65 %.

LA LISTERINE (c'est un bain de bouche américain) fonctionne SI VOUS EN AVEZ BESOIN ! Il s'agit d'un alcool à 65 %.

Plus l'espace est limité, plus la concentration du virus est importante. Plus ouvert ou ventilé naturellement sera l’espace, moins il sera concentré.

Ceci étant dit, voilà pourquoi vous devez vous laver les mains avant et après avoir touché des muqueuses, de la nourriture, des serrures, des boutons, des interrupteurs, une télécommande, un téléphone portable, des montres, un ordinateur, des bureaux, une télévision, etc. Et quand on utilise les toilettes.

Il faut aussi s'humidifier les mains, par exemple en les lavant beaucoup, car les molécules peuvent se cacher dans des micro rides ou les coupures. Plus l'hydratant est épais, mieux c'est.

Gardez même les ONGLES COURTS pour que le virus ne s'y cache pas.

Bon confinement, restez optimistes et confiants !



20 avril 2020

Phil

Je confine (suite) : Guet-apens (Ange 1978) Pochette revisitée car un peu prémonitoire...



16 avril 2020

Témoignage d'un médecin généraliste

Comme souvent en ce moment, étant médecin, je reçois périodiquement dans ma boîte mail les instructions de la direction générale de la santé. “URGENT“ me préviennent-il. Comme je suis exaspérée et même en colère aujourd'hui de voir toutes ces morts inutiles dont le chiffre s'abat toutes les 24 heures ! 900 chaque jour maintenant...

Cela blesse rageusement mon âme de médecin, alors j'ai décidé de répondre pour la première fois à la DGS. Mais le message m'est revenu en boomerang, j'aurais dû y penser.
Alors pour ne pas le recevoir seule en pleine poire, je vous le livre :

"Bonjour cher collègue de la DGS,

Ce message fait suite à vos conseils de ce soir, tellement étranges que je n'imaginais pas les lire un jour dans ma vie de médecin du travail. Vous demandez en effet aux médecins généralistes installés en ville, d'aller chercher leurs malades puisqu'ils ne se manifestent plus auprès d'eux.

Question naïve. Si un médecin généraliste suit 1000 patients porteur d'une maladie chronique, dans quel ordre commence t-il pour recontacter ses patients ?
Avec quel outil de classification ? Avec quelles don de spiritisme écoute-t-il de loin ses poumons et son cœur (organes vitaux tout de même, c'est utile) ?

Et si un patient pense qu'il est atteint du Covid 19, pourquoi irait-il consulter son médecin, puisque celui-ci est aujourd'hui, par vous-même, privé de le diagnostiquer et de le traiter ?

De nombreux médecins généralistes indiquent sur les réseaux sociaux que leur cabinets sont vides maintenant, en particulier depuis qu'on a interdit à leurs patients de sortir pour aller voir leur médecin sans convocation.
135 € d'amende pour 0 diagnostic et 0 traitement, et en plus pas du tout remboursé par la sécurité sociale cette amende !

Et toujours pas de masque dans le commerce pour les gens contagieux qui doivent rester en famille... Et pour ceux qui sont seuls fiévreux, guettant le moment où brusquement le souffle va manquer. A qui se raccrocher ?

Question pratique, une personne âgée doit elle se fabriquer elle-même un masque ?
En plus d'un ordinateur, doit-elle acheter une machine à coudre ?

Je suis médecin de prévention. Puis-je me permettre quelques conseils à la DGS dans le domaine de la prévention ?
Oui ? Je n'entends pas votre réponse...

Alors, en espérant que je serai entendue :

1) Laissez les laboratoires vétérinaires pratiquer les PCR largement sur tout le territoire pour le Covid 19. Tout est prêt !
2) Abrogez le décret du 26 mars 2020 qui empêche les médecins généralistes de soigner les patients Covid contagieux avant qu'ils ne s'aggravent, avec l'hydroxy Chloroquine et l'Azithromycine qui raccourcissent la maladie et tuent le virus
3) Laissez les malades consulter librement leur médecin sans risquer une amende.

L''intelligence collective de notre pays face à l'épidémie, c'est d'abord ces milliers de médecins généralistes qui connaissent leur métier et l'exercent sans tuteur. Ils sont bien souvent dévoués jusqu'à plus d'heure, jusqu'à se contaminer, tomber malade, et parfois en mourir.

Débrouillez vous pour réquisitionner des entreprises pour fabriquer

4) des masques FFP2 pour les soignants et chirurgicaux pour les personnes contagieuses ,
5) des surblouses,
6) des charlottes,
7) des lunettes afin qu'aucun soignant dans notre pays n'en soit dépourvu.
8) Embauchez immédiatement du personnel à l'hôpital et payez-le comme il se doit.
9) Arrêter de fermer des lits dans les hôpitaux.
10) Réouvrez l'hôpital de l'hôtel Dieu à Paris (destiné à devenir un centre commercial) et équipez-le de nouveaux lits de réanimation. Tous les tuyaux sont fonctionnels pour l'apport d'oxygène, des militants CGT sont allés vérifier la semaine dernière !

En faisant tout cela, vous aurez beaucoup moins de personnes à hospitaliser, l'épidémie va régresser ! Les gens traités vont arrêter de mourir.

Ainsi pourrez-vous :

11) Laisser les médecins de réanimation réfléchir à de nouvelles manières de prendre en charge leurs patients qui s'aggravent si brusquement dans cette curieuse maladie

12) aux médecins hospitaliers infectiologues, d'analyser la symptomatologie très particulière du Covid 19 et de comprendre la pathogénie de l'atteinte pulmonaire, mais aussi, cardiaque, cérébrale...

Laissez les chercheurs de vos comités scientifiques qui ne pratiquent pas la médecine, s'abstenir de conseils importuns en matière de traitement médicamenteux. Cela flatte sûrement leur ego... Mais qu'ils cessent de vous insuffler des idées stupides et mortifères pour brider les médecins libéraux et provoquer l'hécatombe. Laissez-les regagner leurs laboratoires et donnez-leur des crédits publics afin qu'ils nous laissent tranquilles et ne soient plus les ambassadeurs de laboratoires pharmaceutiques sans scrupules.

900 morts toutes les 24 heures en France.
Et si on arrêtait de jouer ?
Redonnez votre confiance à l'ensemble des médecins praticiens dans notre pays. Redonnez-leur leur liberté d'imaginer et de soigner.

Cordialement
Dr Isabelle Lagny
8 avril 2020

15 avril 2020

Eric Sagan
7 avril, 20:08


J'écrivais hier que cette crise s'annonce comme la plus grave depuis la dernière guerre mondiale. Et pourtant, j'y vois quelques raisons d'être optimiste sur l'avenir de l'humanité.

Tout d'abord, cette crise, contrairement à la plupart de celles qui ont secoué notre monde depuis un siècle, n'est précisément pas issue d'une guerre entre les peuples. Ce n'est pas non plus la conséquence directe de la faillite d'un système économique (aucun éclatement de "bulle financière" comme en 2008 n'en est à l'origine), ou d'actes terroristes, comme en 2001.

Pour la première fois depuis des décennies, le monde entier s'unit, cahin-caha, mais avec une quasi-unanimité, contre un ennemi commun, un ennemi tout ce qu'il y a de plus naturel et universel : une maladie.

Certains voient dans la crise actuelle une preuve de la faillite du capitalisme, d'une logique économique aveugle, ou de la mondialisation.

Bien au contraire, je trouve assez remarquable que la quasi-totalité des pays au monde ait fait le choix de sacrifier l'économie, dans l'espoir de sauver des vies. Car c'est bien ce qui est en train de se passer.

Le coronavirus tue environ 2-3% des personnes infectées. Si les états avaient fait le choix de ne rien faire, il est probable que cela aurait entraîné la mort de 1 à 4% de la population mondiale, en fonction des scénarios. Or, d'un point de vue cynique et purement économique, la disparition, par exemple sur deux ans, de 3% de la population mondiale n'aurait pas changé grand chose à l'organisation de l'économie mondiale : cela aurait bien entendu ralenti la consommation et donc la croissance, mais cela n'aurait pas provoqué l'effondrement auquel on assiste et qui ne fait que débuter.

L'effondrement actuel de l'économie est la conséquence directe du choix des gouvernements de stopper l'économie afin de ralentir la progression de l'épidémie et, au final, réduire la mortalité. On ne peut donc que constater que la vie a été placée, mondialement, devant les objectifs de croissance économique. Qui l'eût cru ? Même les pays qui, dans un premier temps, avaient fait le choix d'une vision beaucoup plus cynique (UK, USA...) en sont revenus.

D'autres y voit la faillite de la mondialisation, ... Comme si l'absence de "mondialisation" avait empêché dans le passé la propagation de la peste, de la grippe espagnole, ou d'autres épidémies mortifères. Bien au contraire, la mondialisation de la science, des connaissances, des coopérations internationales ont permis ici en un temps record de s'organiser, comme rarement l'humanité n'en avait été capable dans le passé (virus identifié, génome séquencé, tests mis au point, essais de traitement mis en oeuvre en quelques semaines...).

Dans un tel contexte, on pourrait craindre la montée du chacun-pour-soi... Pourtant, je veux croire que c'est l'inverse qui est en train de se produire. Un exemple que je crois significatif : les USA, il y a encore seulement quelques jours, continuaient d'afficher leur stratégie habituelle consistant à promouvoir la loi du plus fort sur la scène internationale. Or, les USA sont en passe d'atteindre un taux de chômage dramatique de plus de 30% (du jamais vu depuis la seconde guerre mondiale), et vont devoir faire face à une crise économique et sanitaire sans précédent, probablement bien plus grave qu'en Europe (taux d'obésité, faible couverture sociale, nb de lit d'hôpitaux par habitant deux fois plus faible qu'en France...). Les USA auront besoin du reste du monde, comme nous aurons besoin d'eux. Le monde n'aura jamais eu autant besoin de coopération et de coordination internationale, pour faire face à cet ennemi commun et universel.

Au final, ce "crash-test" mondial que nous impose le coronavirus prouve, à mon sens, que l'humanité a significativement progressé depuis la seconde guerre mondiale. Face à une catastrophe naturelle universelle comme il s'en produit une par siècle, l'immense majorité des institutions mondiales (gouvernements, entreprises, banques centrales...) se sont accordées pour sacrifier la croissance afin de sauver des vies, ont débloqué des moyens financiers à un niveau rarement atteint en un siècle, ont mis en place une coopération, certes imparfaite, mais bien réelle.

Il reste à espérer que l'humanité saura, une fois cette urgence passée, appliquer ces mêmes principes à une crise plus lente, mais potentiellement bien plus dramatique dans ses effets à long terme : la crise écologique.

N'y aurait-il pas dans le drame actuel quelques raisons d'y croire, finalement ?

Alors, oui, j'ai occulté ici volontairement bien des éléments moins reluisants de notre monde actuel. Mais dans les périodes sombres, n'est-il pas plus constructif de chercher la lumière plutôt que de se lamenter sur l'obscurité ?

Eric Sagan

Ce qui arrive à la France, arrive avant tout dans le monde entier. Et, d'après la plupart des observateurs, il s'agira de la plus grave crise depuis la seconde guerre mondiale. Bien plus grave que la crise de 2008, que le 11 septembre 2001, ou que d'autres événements de ces dernières décennies.

Aujourd'hui, je ne cesse de lire des critiques, selon lesquelles il aurait fallu faire ceci, ne pas faire cela, à propos de masques, de dépistage, de confinement, de traitements, de chloroquine, d'hôpitaux, de mondialisation, que sais-je... Tout le monde y va de son avis, et, pour beaucoup, se mettent à croire à des complots plus ou moins débiles, ou partagent des posts dont on se demande si les auteurs sont plus attristés ou, au contraire, ravis d'une situation relançant leur audience ou leurs combats politiciens.

Il est tellement aisé de critiquer les décisions de ceux qui agissent. Surtout quand les décisions :
- sont prises dans l'urgence et sous une pression maximale,
- concernent des dizaines de millions de personnes, des millions d'entreprises, des milliers de secteurs d'activité dépendants tous les uns des autres,
- intègrent des milliers d'inconnues évoluant en permanence,
- et surtout, bouleversent les organisations, les mentalités et les priorités encore en vigueur il y a seulement trois semaines, et les bouleversent à un niveau qui n'avait pas été atteint depuis la dernière guerre mondiale.

J’illustre avec un exemple français : qui aurait accepté une décision de confinement prise début mars, entraînant, de fait, interdiction de manifester, report des municipales... ? Tout le monde aurait dénoncé une manipulation politique, l’instauration d’une dictature. Je crois que j’en aurais fait partie. À peine une dizaine de jours plus tard, on a assisté à un déchaînement de reproches dénonçant une décision de confinement trop tardive, à coup de "ils savaient" aux relents complotistes.

Comme il est facile de critiquer : "où sont les masques, les tests, le PQ et les pâtes ?". Mais il est impossible de parfaitement anticiper toutes les calamités aléatoires qui se produisent une fois par siècle. Cela aurait pu être une nouvelle version plus meurtrière du HIV, un astéroïde frappant la Terre, une espèce de sauterelles mutantes détruisant les céréales dans le monde entier, une algue empoisonnant les ressources en eau potable, que sais-je? Cela aura été un virus se transmettant par éternuement. Qu'aurait-on fait de stocks de milliards de masques ou de respirateurs artificiels face à une nouvelle épidémie non respiratoire, d'une météorite ou d'une sauterelle mutante ? On aurait crié à l’incurie et au gaspillage d’argent public...

Les masques n'auraient été d'aucune utilité face à la majorité des problèmes sanitaires des 40 dernières années (Sida, Ebola, Chikungunya, "vache folle"...). Et face au SRAS, je me rappelle encore des moqueries autour des milliers de vaccins commandés, au cas où...

Anticiper, c'est toujours facile, après coup.

Ce qui est dramatique c'est que les décisions actuelles ne peuvent que consister à choisir parmi des "mauvais choix", en tentant de deviner le moins mauvais, sur la base de données incertaines. Il y aura toujours, après coup, quelqu'un pour dire "on aurait pu faire mieux, c'était pourtant évident".

Aucun gouvernement, aucun pays, ne pourra affirmer avoir été parfait dans la gestion de cette crise. La France ne l'a pas été, pas plus le gouvernement que les Français eux-mêmes : en février, quelle majorité de français aurait soutenu un ministre de la santé appelant à l'interdiction de tout rassemblement, de toute manifestation, à l'arrêt des matchs de foot, ou même à la dépense de centaines de millions d'euros pour acheter des masques... au cas où ?

Il n'en demeure pas moins que parmi les pires réactions, les pires gestions, les pires mensonges, on relèvera sans surprise les leaders populistes, arrivés récemment au pouvoir, et portés par cette vague de remise en cause des "élites" que la France connaît également depuis quelque temps. Alors, oui, pour ne citer que les principaux, j'ai bien plus confiance aujourd'hui en la France qu'en Trump aux USA, Bolsonaro au Brésil, ou Boris Johnson en Grande-Bretagne...

Et, au final, j'ai bien plus confiance en la parole des institutions, que ce soit celle des médias sérieux, celle des autorités, médicales, gouvernementales ou économiques, que celle des youtubeurs, instagrameurs, des médias "alternatifs" remplies de vérités "alternatives", de mon voisin gilet jaune ou qu'un ami de mon oncle qui connaît un mec dont la sœur travaille dans un hôpital.

Dans une crise comme celle-ci, il est irresponsable de profiter de la confusion pour ajouter encore plus de confusion.

Profiter de la situation pour se complaire et se vautrer dans la critique facile, crier à l'assassin, au complot, mener ses petits combats politiciens franco-français habituels en se servant de ce virus, relayer les théories fumeuses de profiteurs ou d'illuminés opportunistes, c'est pathétique, déplorable, irresponsable.

Il ne s'agit pas de renoncer à améliorer le monde, à toute critique constructive, ou de ne pas tirer de leçons de ce que l'avenir révélera avoir été des erreurs. Il s'agit, face à une crise historique et planétaire. de ne pas se laisser emporter par la panique, les raisonnements simplistes, le fatalisme, les aboiements de circonstance, les divisions délétères... de ne pas mettre de bâtons dans les roues d'une charrette en se plaignant qu'elle n'avance pas.

Des leçons à tirer, il y en aura, c'est certain. Par exemple celle-ci. Nous avons bien trop souvent besoin d'attendre qu'un événement devienne dramatique pour réagir, et se lamenter après coup. Ce n'est pas (seulement) la responsabilité des gouvernements. La plupart des gouvernements sont élus, et ils ne peuvent rien faire s'il n'y a pas une majorité pour soutenir leurs décisions.

Au lieu de se plaindre après coup du manque d'anticipation contre une maladie aléatoire qui vient de nous frapper (et dont il ne fait aucun doute que nous en viendrons à bout comme de toutes les pandémies précédentes), ne serait-il pas temps d'agir dès aujourd'hui, avec bien plus de détermination, contre les menaces, parfaitement identifiées, et aux effets bien plus dévastateurs à long terme qu'un simple virus ?

Cela nous évitera peut-être dans 20 ans de nous lamenter sur les effets meurtriers d'un climat devenu incontrôlable, de ressources naturelles épuisées, d'une surpopulation ingérable, d'un écosystème à l'agonie.

Et s'il fallait un message politique, je me permets celui-ci : espérons que cette crise ne nourrira pas la gangrène des nationalismes et populismes égoïstes. Tâchons d’œuvrer afin que l'humanité sorte de cette crise plus sage, plus solidaire, valorise davantage la coopération plutôt que la division, en réalisant que, désormais, l'avenir de l'homme est plus que jamais une question planétaire, et non une affaire de défense individuelle des nations.


13 avril 2020

[Récréation]

Idées pour le temps de confinement : faire des confiseries aux fruits confits.