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9 avril 2020

Le virus de Charybde et Scylla

Laurent Joffrin



La pandémie de coronavirus, on le sait, a créé une situation tragique. Elle l’est en fait doublement, selon les acceptions du mot. Dans le langage courant, la tragédie désigne un malheur cruel qui nous laisse impuissants. Elle correspond à ce que nous vivons. Mais en matière théâtrale, depuis l’Antiquité, elle signifie aussi que les protagonistes sont placés devant une alternative impossible, dont les deux branches sont également mauvaises. Telle est, malheureusement, la situation du gouvernement français face au drame du coronavirus.

En apparence, les choses sont claires : pour épargner des vies et soulager les services hospitaliers, les autorités ont imposé un confinement général. À court terme, on voit mal comment il aurait pu en être autrement. La grande majorité des États ont adopté cette stratégie, sans laquelle la pandémie devenait probablement incontrôlable et très meurtrière. Ceux qui ne l’ont pas fait au départ ont d’ailleurs été contraints de s’y ranger.

Comme cette méthode commence, semble-t-il, à porter ses fruits, beaucoup de médecins et de soignants réclament sa prorogation pour plusieurs semaines, peut-être plus. C’est là que les choses deviennent très ardues. Entre-temps, la production française s’est affaissée de 6% sur un trimestre et les économistes estiment, de manière à peu près consensuelle, que chaque mois de confinement coûte au moins 2 points de production annuelle. Ainsi, le prolongement du confinement risque de provoquer une récession à la fois longue et brutale, inédite depuis la guerre : plus il dure, plus les entreprises se retrouveront en difficulté, plus elles mettront leurs salariés au chômage (maintenant ou plus tard) et plus les capacités de production seront à l’avenir handicapées.

On dira qu’on choisit dans ce cas, encore une fois, la santé publique contre le bien-être matériel, et on aura raison. A cette nuance près : une récession profonde et prolongée, outre qu’elle crée des difficultés sociales et financières sans nom, a aussi des effets sur la santé. Le chômage de masse, qui nous guette, accompagné d’une baisse substantielle du pouvoir d’achat, risque d’altérer gravement l’état sanitaire de chômeurs de plus en plus nombreux et, d’une manière générale, celle des plus démunis. L’association Solidarités nouvelles face au chômage (SNC), par exemple, le dit de manière limpide dans une étude qu’elle a publiée en 2018 sur le sujet, « La santé des chercheurs d’emploi, un enjeu de santé publique » : « On observe une surmortalité des chercheurs d’emploi, avec 10 000 à 14 000 décès imputables chaque année au chômage. » Rappelons que, selon la dernière estimation, le coronavirus a entraîné la mort d’un peu plus de 10 000 personnes en France.

L’ensemble des recherches réalisées en psychologie indique que le chômage est vécu comme une épreuve qui s’accompagne de stress, d’anxiété, de déprime, d’un profond sentiment de honte et de culpabilité, le tout pouvant amener à développer de multiples pathologies. De la même manière, les maladies chroniques (asthme, hypertension, diabète, cholestérol, eczéma, psoriasis) ont tendance à s’accentuer pendant les périodes d’inactivité.

Certes, d’autres économistes remarquent, à l’inverse, que les périodes de récession font aussi diminuer la mortalité en réduisant le nombre des accidents de la route ou celui des accidents du travail (moins de travailleurs, moins d’accidents). Mais il y a sans doute des moyens plus directs d’accroître la sécurité routière ou celle des salariés au travail que de provoquer une récession générale. La mortalité des chômeurs, elle, demeure.

Le choix du confinement traduit à coup sûr un progrès de la conscience humaine : dans une majorité de pays, on a décidé de sauver tout de suite des vies, quitte à mettre à l’arrêt une grande partie de l’économie mondiale. Mais, à terme, cette paralysie aura son coût, qui se comptera également en vies humaines. Surtout si la récession s’étend aux pays les plus pauvres, où une grande partie de la population se trouve aux limites de la survie.

Il existe bien sûr une issue à ce dilemme : sortir du confinement tout en assurant la sécurité sanitaire. Ce sont les stratégies de dépistage massif et de « traçage » des comportements à l’aide d’applications numériques, qui permettent de limiter les contacts contaminants et d’isoler les patients atteints du virus. On sait qu’elles posent de redoutables questions de libertés publiques et de protection de la vie privée. Juristes et experts en jugeront. Mais si elles permettent d’éviter de naviguer de Charybde en Scylla, de la pandémie à la dépression économique, elles méritent une étude pour le moins sérieuse.


8 avril 2020


Vive l'impôt !

L'IRE

Passagers clandestins

Il aura fallu une épidémie pour ébranler enfin le socle détestable de l’Économie toute puissante.

Comme si l’on s’apercevait enfin que le discours, tous les discours ne s’occupaient que de santé de l’économie et non de celle de l’humain, de celle de l’environnement, puisque l’on ne peut plus nier aujourd’hui que les deux sont liées.

On pousse aujourd’hui de hauts cris sur l’imprévoyance des pouvoirs publics sur le stock de masques, le nombre de personnels hospitaliers ? Quelle hypocrisie !

Alors qu’hier jusqu’aux personnes au pouvoir, même celles à qui étaient confiées la gestion des finances publiques, s’interrogeaient sur l’utilité des impôts, se grattaient la tête pour mettre en place des solutions d’évitement, rechercher des niches cela au nom de l’attractivité ou du risque d’évasion fiscale.

L’impôt était devenu un mot ordurier, le monde idéal était un monde sans impôts.

Le riche devait voyager léger, en passager clandestin, avec tapis rouge à la sortie de l’avion, congratulations et photos dans les journaux. Le reste de l’humanité en serait immanquablement bénéficiaire à la fin.

Quelle blague !

A quoi pensait-on en vilipendant l’impôt ? De quoi rêvait-on ? D’une vie où l’école, la santé et même la sécurité ne servent à rien ? On serait plus efficace et mieux servi en ne comptant que sur la capacité du seul individu à veiller sur soi ?

Depuis 30 ans les hôpitaux, comme l’école, comme la police manquent de moyens et le crient à qui ne veut pas les entendre.

Aujourd’hui, à vingt heures on applaudit, gratuitement, les braves soldats hospitaliers.

J’aimerais que ceux qui, d’une manière ou d’une autre, en pratiquant la recherche des niches fiscales ont contribué à l’appauvrissement des hôpitaux, aient la pudeur de retenir ce geste de solidarité.

De même, si dans l’urgence, l’argent d’où qu’il vienne sera utile et accepté, il faut se rappeler que c’est une insulte de faire des dons aux services publics si ces dons sont défiscalisés.

C’est des impôts qu’il faut payer, les services publics n’ont pas à dépendre de soi-disant mécènes ou de l’aumône privée.

Le service public c’est notre bien public.

Il justifie un effort commun.

Les Hospitaliers n’auront pas qu’une simple crise à passer, la crise hospitalière a commencé il y a trente ans.

La crise hospitalière comme celle de l’école et de la police doivent être résolues dans la durée.

Vive l’impôt !


7 avril 2020

Masque obligatoire ?

Bernard Friedrich

Mais visiblement nous sommes toujours LES CONS dans l'affaire. Sauver l'économie c'est très bien... mais sauver les gens c'est mieux et prioritaire ! Tout bêtement, s'il n'y a plus ni producteurs ni consommateurs, à quoi auront servi les plans de relance ou de sauvetage ? Trop fort pour les rois des bouliers. Cheffer c'est avoir une vue globale ET fixer des priorités... sans arrière-pensée.

Au passage, il est indispensable de marteler :


- Le port du masque obligatoire est une mesure "supplémentaire" en plus des gestes barrière et du confinement.


- Les masques dits alternatifs ne protègent pas le porteur MAIS les autres. Pour que la mesure porte ses fruits, il faut que tout le monde le porte... et que donc tous y aient accès !



Dessin de Phil

3 avril 2020

COVID-19


Le monde entier affronte aujourd’hui un ennemi commun: le COVID-19. Le virus n’épargne aucune nationalité, communauté ou religion. Il attaque tout le monde sur son passage, implacablement.

Pendant ce temps, les conflits armés continuent de faire rage dans le monde.

Ce sont les personnes les plus vulnérables – les femmes et les enfants, les personnes en situation de handicap, les personnes marginalisées et déplacées – qui paient le tribut le plus lourd. Ces mêmes personnes courent également le plus grand risque de subir des pertes dévastatrices à cause du COVID-19.

N’oublions pas que dans les pays ravagés par la guerre, les systèmes de santé se sont effondrés.

Les professionnels de santé, qui étaient déjà peu nombreux, ont souvent été pris pour cibles. Les réfugiés et toutes les personnes déplacées par des conflits violents sont doublement vulnérables. La furie avec laquelle s’abat le virus montre bien que se faire la guerre est une folie.

C’est la raison pour laquelle j’appelle aujourd’hui à un cessez-le-feu immédiat, partout dans le monde.

Le Secrétaire Général de l’ONU,
António Guterres


Pour signer la pétition, cliquer ici 
https://secure.avaaz.org/campaign/fr/global_ceasefire_loc/?bkPRcdb&v=124579&cl=16946779265&_checksum=380880f7538d7f3edc5dd7f50f6a81b40a609dfd53c3a98754767dcc9df3f5df&signup=1

2 avril 2020

Coronavirus : la désinfection des rues est-elle utile ou dangereuse ?

Pour ne pas laisser le champ libre à Eric Straumann, son concurrent dans la course à la mairie qui s'est fait une spécialité du Facebook Live - Gilbert Meyer tente lui aussi de recourir à la vidéo, un moyen moderne pour communiquer avec ses administrés. Mais ce qui paraît aisé et naturel pour ES devient chez Meyer laborieux et contre-productif, mettant l'accent sur ses failles et son élocution de plus en plus problématique. Au fait, qu'apprend-on ? Que les Colmariens peuvent dormir rassurés, le maire veille sur eux. Et qu'il a procédé à la mise en application de la désinfection des lieux publics, une mesure réclamée par les Colmariens, d'après lui. Une initiative dont il se félicite.

Une mesure réclamée par les Colmariens ? Certainement pas par l'écologiste Frédéric Hilbert qui a réagi sur Facebook :


« À Colmar, depuis quelques jours, certaines rues sont désinfectées par une société privée. Elle asperge le sol d’un produit désinfectant, le Tenorbact.
Ce produit, d’après la municipalité, serait sans danger. Or si l’on regarde la fiche de données de sécurité du Tenorbact, on constate qu’il n’est pas anodin pour la santé et qu’il est très toxique pour le milieu aquatique.


https://heegeo.fr/pdf/34403-tenorbact-deterg-desinf-puissant-colis-12-x-flacon-doseur-1l-secu.pdf?fbclid=IwAR2uOxjfgctts2ElIPp2ZBoo7d-XYaWzYNXZXMADZP63tZ2uKxbjpStBoqo

Par ailleurs, comme d’autres maires ou candidats ont également pris position dans ce sens, les agences régionales de santé ont été sollicitées. Leur réponse est qu’il ne faut pas désinfecter les rues. Que cela ne sert à rien et que ça peut être dangereux.


C’est pourquoi nous demandons à la mairie de Colmar de cesser le traitement des sols. Nous comprenons qu’il est important de rassurer nos concitoyens, et d’agir contre la propagation du virus. Mais la meilleure façon de le faire est de rester chez soi, de se laver les mains et de respecter les gestes "barrière".

La Ville joue son rôle, avec d’autres institutions, dans le soutien aux personnes qui doivent travailler en organisant la garde des enfants, en aidant la logistique des actions de solidarité, en participant à l’effort de soutien pour le secteur économique avec la région. Mais quand une idée se révèle faussement bonne, il convient de ne pas persister dans l’erreur. »

La vidéo de Gilbert Meyer ici :

31 mars 2020

"Sachez, Monsieur le Président, que nous ne laisserons plus nous voler notre vie..." - Annie Ernaux

Cergy, le 30 mars 2020

Monsieur le Président,

« Je vous fais une lettre/ Que vous lirez peut-être/ Si vous avez le temps ». À vous qui êtes féru de littérature, cette entrée en matière évoque sans doute quelque chose. C’est le début de la chanson de Boris Vian Le déserteur, écrite en 1954, entre la guerre d’Indochine et celle d’Algérie. Aujourd’hui, quoique vous le proclamiez, nous ne sommes pas en guerre, l’ennemi ici n’est pas humain, pas notre semblable, il n’a ni pensée ni volonté de nuire, ignore les frontières et les différences sociales, se reproduit à l’aveugle en sautant d’un individu à un autre. Les armes, puisque vous tenez à ce lexique guerrier, ce sont les lits d’hôpital, les respirateurs, les masques et les tests, c’est le nombre de médecins, de scientifiques, de soignants. Or, depuis que vous dirigez la France, vous êtes resté sourd aux cris d’alarme du monde de la santé et ce qu’on pouvait lire sur la banderole d’une manif en novembre dernier - L’État compte ses sous, on comptera les morts - résonne tragiquement aujourd’hui. Mais vous avez préféré écouter ceux qui prônent le désengagement de l’État, préconisant l’optimisation des ressources, la régulation des flux, tout ce jargon technocratique dépourvu de chair qui noie le poisson de la réalité. Mais regardez, ce sont les services publics qui, en ce moment, assurent majoritairement le fonctionnement du pays : les hôpitaux, l’Éducation nationale et ses milliers de professeurs, d’instituteurs si mal payés, EDF, la Poste, le métro et la SNCF. Et ceux dont, naguère, vous avez dit qu’ils n’étaient rien, sont maintenant tout, eux qui continuent de vider les poubelles, de taper les produits aux caisses, de livrer des pizzas, de garantir cette vie aussi indispensable que l’intellectuelle, la vie matérielle.

Choix étrange que le mot « résilience », signifiant reconstruction après un traumatisme. Nous n’en sommes pas là. Prenez garde, Monsieur le Président, aux effets de ce temps de confinement, de bouleversement du cours des choses. C’est un temps propice aux remises en cause. Un temps pour désirer un nouveau monde. Pas le vôtre ! Pas celui où les décideurs et financiers reprennent déjà sans pudeur l’antienne du « travailler plus », jusqu’à 60 heures par semaine. Nous sommes nombreux à ne plus vouloir d’un monde dont l’épidémie révèle les inégalités criantes, nombreux à vouloir au contraire un monde où les besoins essentiels, se nourrir sainement, se soigner, se loger, s’éduquer, se cultiver, soient garantis à tous, un monde dont les solidarités actuelles montrent, justement, la possibilité. Sachez, Monsieur le Président, que nous ne laisserons plus nous voler notre vie, nous n’avons qu’elle, et « rien ne vaut la vie » - chanson, encore, d’Alain Souchon. Ni bâillonner durablement nos libertés démocratiques, aujourd’hui restreintes, liberté qui permet à ma lettre – contrairement à celle de Boris Vian, interdite de radio – d’être lue ce matin sur les ondes d’une radio nationale.

Annie Ernaux



(Lettre lue par Augustin Trapenard)
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30 mars 2020

Coronavirus

Jean-Luc Mélenchon a publié sur Twitter un ancien discours qu’il avait tenu en avril 2017 dans le cadre des élections présidentielles. Le patron de La France Insoumise prédisait déjà un “krach sanitaire”.

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29 mars 2020

LE MONDE QUI MARCHAIT SUR LA TÊTE EST EN TRAIN DE REMETTRE SES IDÉES À L’ENDROIT [par Coline Serreau]




Le gouvernement gère l'épidémie comme il peut… mais les postures guerrières sont souvent inefficaces en face des forces de la nature. Les virus sont des êtres puissants, capables de modifier notre génome, traitons-les sinon avec respect, du moins avec modestie.

Apprenons à survivre parmi eux, à s'en protéger en faisant vivre l'espèce humaine dans des conditions sanitaires optimales qui renforcent son immunité et lui donnent le pouvoir d'affronter sans dommage les microbes et virus dont nous sommes de toute façon entourés massivement, car nous vivons dans la grande soupe cosmique où tout le monde doit avoir sa place. La guerre contre les virus sera toujours perdue, mais l'équilibre entre nos vies et la leur peut être gagné si nous renforçons notre système immunitaire par un mode de vie non mortifère.

Dans cette crise, ce qui est stupéfiant c’est la rapidité avec laquelle l'intelligence collective et populaire se manifeste.

En quelques jours, les Français ont établi des rites de remerciement massivement suivis, un des plus beaux gestes politiques que la France ait connus et qui prolonge les grèves contre la réforme des retraites et l'action des gilets jaunes en criant haut et fort qui et quoi sont importants dans nos vies.

Dans notre pays, ceux qui assurent les fonctions essentielles, celles qui font tenir debout une société sont sous-payés, méprisés. Les aides-soignantes, les infirmières et infirmiers, les médecins qui travaillent dans les hôpitaux publics, le personnel des écoles, les instituteurs, les professeurs, les chercheurs, touchent des salaires de misère tandis que des jeunes crétins arrogants sont payés des millions d'euros par mois pour mettre un ballon dans un filet.

Dans notre monde le mot paysan est une insulte, mais des gens qui se nomment "exploitants agricoles" reçoivent des centaines de milliers d'euros pour faire mourir notre terre, nos corps et notre environnement tandis que l'industrie chimique prospère.

Et voilà que le petit virus remet les pendules à l'heure, voilà qu'aux fenêtres, un peuple confiné hurle son respect, son amour, sa reconnaissance pour les vrais soldats de notre époque, ceux qui sont prêts à donner leur vie pour sauver la nôtre alors que depuis des décennies les gouvernements successifs se sont acharnés à démanteler nos systèmes de santé et d'éducation, alors que les lobbies règnent en maîtres et arrosent les politiques avec le fric de la corruption.

Nous manquons d'argent pour équiper nos hôpitaux, mais bon sang, prenons l'argent où il se trouve, que les GAFA payent leurs impôts, qu'ils reversent à la société au minimum la moitié de leurs revenus. Car après tout, comment l'ont-ils gagné cet argent ? Ils l'ont gagné parce qu'il y a des peuples qui forment des nations, équipées de rues, d'autoroutes, de trains, d'égouts, d'électricité, d'eau courante, d'écoles, d'hôpitaux, de stades, et j'en passe, parce que la collectivité a payé tout cela de ses deniers, et c’est grâce à toutes ces infrastructures que ces entreprises peuvent faire des profits. Donc ils doivent payer leurs impôts et rendre aux peuples ce qui leur est dû.

Il faudra probablement aussi revoir la question de la dette qui nous ruine en enrichissant les marchés financiers. Au cours des siècles passés les rois de France ont très régulièrement décidé d'annuler la dette publique, de remettre les compteurs à zéro.

Je ne vois pas comment à la sortie de cette crise, quand les comptes en banque des petites gens seront vides, quand les entreprises ne pourront plus payer leurs employés qui ne pourront plus payer les loyers, l'électricité, le gaz, la nourriture, comment le gouvernement pourra continuer à gaspiller 90% de son budget à rembourser une dette qui ne profite qu'aux banquiers.

J'espère que le peuple se lèvera et réclamera son dû, à savoir exigera que la richesse de la France, produite par le peuple soit redistribuée au peuple et non pas à la finance internationale. Et si les autres pays font aussi défaut de leur dette envers nous, il faudra relocaliser, produire de nouveau chez nous, se contenter de nos ressources, qui sont immenses, et détricoter une partie de la mondialisation qui n'a fait que nous appauvrir.

Et le peuple l'a si bien compris qu'il crie tous les soirs son respect pour ceux qui soignent, pour la fonction soignante, celle des mères, des femmes et des hommes qui font passer l'humain avant le fric.

Ne nous y trompons pas, il n'y aura pas de retour en arrière après cette crise.

Parce que malgré cette souffrance, malgré ces deuils terribles qui frappent tant de familles, malgré ce confinement dont les plus pauvres d'entre nous payent le plus lourd tribut, à savoir les jeunes, les personnes âgées isolées ou confinées dans les EHPAD, les familles nombreuses, coincés qu'ils sont en ville, souvent dans de toutes petites surfaces, malgré tout cela, le monde qui marchait sur la tête est en train de remettre ses idées à l'endroit.

Où sont les vraies valeurs ? Qu'est-ce qui est important dans nos vies ?

Vivre virtuellement ? Manger des produits issus d'une terre martyrisée et qui empoisonnent nos corps ?

Enrichir par notre travail ceux qui se prennent des bonus faramineux en gérant les licenciements ?

Encaisser la violence sociale de ceux qui n'ont eu de cesse d'appauvrir le système de soin et nous donnent maintenant des leçons de solidarité ?

Subir une médecine uniquement occupée à soigner les symptômes sans se soucier de prévention, qui bourre les gens de médicaments qui les tuent autant ou plus qu'ils ne les soignent ? Une médecine aux ordres des laboratoires pharmaceutiques ?

Alors que la seule médicine valable, c’est celle qui s'occupe de l'environnement sain des humains, qui proscrit tous les poisons, même s'ils rapportent gros. Pourquoi croyez-vous que ce virus qui atteint les poumons prospère si bien ? Parce que nos poumons sont malades de la pollution et que leur faiblesse offre un magnifique garde-manger aux virus.

En agriculture, plus on cultive intensivement sur des dizaines d'hectares des plantes transformées génétiquement ou hybrides dans des terres malades, plus les prédateurs, ou pestes, les attaquent et s'en régalent, et plus il faut les arroser de pesticides pour qu'elles survivent, c’est un cercle vicieux qui ne peut mener qu'à des catastrophes.

Mais ne vous faites pas d'illusions, on traite les humains les plus humbles de la même façon que les plantes et les animaux martyrisés.

Dans les grandes métropoles du monde entier, plus les gens sont entassés, mal nourris, respirent un air vicié qui affaiblit leurs poumons, plus les virus et autres "pestes" seront à l'aise et attaqueront leur point faible : leur système respiratoire.

Cette épidémie, si l'on a l'intelligence d'en analyser l'origine et la manière de la contrer par la prévention plutôt que par le seul vaccin, pourrait faire comprendre aux politiques et surtout aux populations que seuls une alimentation et un environnement sains permettront de se défendre efficacement et à long terme contre les virus.

Le confinement a aussi des conséquences mentales et sociétales importantes pour nous tous, soudain un certain nombre de choses que nous pensions vitales se révèlent futiles. Acheter toutes sortes d'objets, de vêtements, est impossible et cette impossibilité devient un bonus : d'abord en achetant moins on devient riches.

Et comme on ne perd plus de temps en transports harassants et polluants, soudain on comprend combien ces transports nous détruisaient, combien l'entassement nous rendait agressifs, combien la haine et la méfiance dont on se blindait pour se préserver un vague espace vital, nous faisait du mal.

On prend le temps de cuisiner au lieu de se gaver de junk-food, on se parle, on s'envoie des messages qui rivalisent de créativité et d'humour.

Le télétravail se développe à toute vitesse, il permettra plus tard à un nombre croissant de gens de vivre et de travailler à la campagne, les mégapoles pourront se désengorger.

Pour ce qui est de la culture, les peuples nous enseignent des leçons magnifiques : la culture n'est ni un vecteur de vente, ni une usine à profits, ni la propriété d'une élite qui affirme sa supériorité, la culture est ce qui nous rassemble, nous console, nous permet de vivre et de partager nos émotions avec les autres humains.

Quoi de pire qu'un confinement pour communiquer ? Et pourtant les Italiens chantent aux balcons, on a vu des policiers offrir des sérénades à des villageois pour les réconforter, à Paris des rues entières organisent des concerts du soir, des lectures de poèmes, des manifestations de gratitude, c’est cela la vraie culture, la belle, la grande culture dont le monde a besoin, juste des voix qui chantent pour juguler la solitude.

C’est le contraire de la culture des officines gouvernementales qui ne se sont jamais préoccupées d'assouvir les besoins des populations, de leur offrir ce dont elles ont réellement besoin pour vivre, mais n'ont eu de cesse de conforter les élites, de mépriser toute manifestation culturelle qui plairait au bas peuple.

En ce sens, l'annulation du festival de Cannes est une super bonne nouvelle.

Après l'explosion en plein vol des Césars manipulés depuis des années par une maffia au fonctionnement opaque et antidémocratique, après les scandales des abus sexuels dans le cinéma, dont seulement une infime partie a été dévoilée, le festival de Cannes va lui aussi devoir faire des révisions déchirantes et se réinventer. Ce festival de Cannes qui déconne, ou festival des connes complices d'un système rongé par la phallocratie, par la corruption de l'industrie du luxe, où l'on expose complaisamment de la chair fraîche piquée sur des échasses, pauvres femmes porte-manteaux manipulées par les marques, humiliées, angoissées à l’idée de ne pas assez plaire aux vieillards aux bras desquels elles sont accrochées comme des trophées, ce festival, mais venez-y en jeans troués et en baskets les filles, car c’est votre talent, vos qualités d'artiste qu'il faut y célébrer et non pas faire la course à qui sera la plus à poil, la plus pute !

Si les manifestations si généreuses, si émouvantes des peuples confinés pouvaient avoir une influence sur le futur de la culture ce serait un beau rêve !

Pour terminer, je voudrais adresser une parole de compassion aux nombreux malades et à leurs proches, et leur dire que du fin fond de nos maisons ou appartements, enfermés que nous sommes, nous ne cessons de penser à eux et de leur souhaiter de se rétablir. Je ne suis pas croyante, les prières m'ont toujours fait rire, mais voilà que je me prends à prier pour que tous ces gens guérissent. Cette prière ne remplacera jamais les soins de l'hôpital, le dévouement héroïque des soignants et une politique sanitaire digne de ce nom, mais c’est tout ce que je peux faire, alors je le fais, en espérant que les ondes transporteront mon message, nos messages, d'amour et d'espoir à ceux qui en ont besoin.