Dessin de Phil - DNA
20 MINUTES Municipales 2020 à Colmar :
Un faux sondage sème la zizanie avant les élections
Selon nos informations, la commission des sondages a été avisée de ce faux ce mercredi
Nils Wilcke
Publié le 02/10/19 à 17h29 — Mis à jour le 02/10/19 à 17h52
À Colmar, dans le Haut-Rhin, un faux sondage sur les candidats potentiels ou déclarés a fuité dans la presse.
Ce faux contrefait la charte graphique de l’institut de sondages OpinionWay, qui dénonce auprès de « 20 Minutes » une atteinte à sa réputation.
Le document, dont l’origine reste à déterminer, jette une lumière crue sur l’ambiance tendue à Colmar pour ces municipales entre le maire sortant et son adjoint mais aussi entre LREM et le Modem.
L’affaire à fait l’effet d’une petite bombe dans le milieu politique de la ville de Colmar, dans le Haut-Rhin. A six mois des élections municipales, un faux sondage sur les candidats potentiels ou déclarés a fuité dans la presse, comme le relate le quotidien régional L'Alsace. Le document, qui contrefait la charte graphique de l’institut de sondage OpinionWay, fait bondir la société parisienne. « Nous sommes stupéfaits », réagit auprès de 20 Minutes Frédéric Micheau, le directeur des études d’opinion d’OpinionWay. «C’est clairement une atteinte à notre réputation», poursuit-il, sans exclure de déposer plainte. Selon nos informations, la commission des sondages, chargée de contrôler les sondages électoraux, a été avisée de ce faux ce mercredi.
« En général, on distingue les crypto-sondages, qui sont faits au sein des formations politiques mais qui ne sont pas destinés au public, des pseudo-sondages, qui sont créés pour se donner du crédit ou manipuler, explique Frédéric Micheau. Dans le cas de Colmar, on est en pleine manipulation », observe cet expert des sondages, auteur de La prophétie électorale (éditions du Cerf) sur le sujet.
« Une lutte sans pitié pour le pouvoir »
Ce faux, dont l’origine reste à déterminer, jette une lumière crue sur l’ambiance tendue à Colmar pour ces municipales. En cause, la « lutte sans pitié pour le pouvoir » à laquelle se livrent les camps LREM et du Modem d’une part, et entre le maire sortant Gilbert Meyer et son premier adjoint Yves Hemedinger d’autre part, pour prendre la tête de la capitale des vins d’Alsace, selon un observateur de la vie politique alsacienne qui tient à garder l’anonymat.
Le faux sondage sur les municipales à Colmar dont les résultats ont fuité dans la presse. À qui profite ce faux sondage ? Au candidat Modem Tristan Denéchaud, crédité d’un score deux fois plus élevé que celui de son adversaire LREM Stéphanie Villemin ? Ce dernier nie en être à l’origine tout en minimisant son impact. « On a fait beaucoup de bruit pour rien » réagit-il auprès de 20 Minutes. « Je ne l’ai même pas diffusé à mon équipe dès que j’en ai été avisé et j’en suis la première victime puisqu’il me rend suspect. »
Reléguée en dernière position par ce document, la candidate LREM Stéphanie Villemin investie le 5 septembre dernier, ne cache pas son écœurement. « C'est lamentable, je suis rentrée en politique il y a trois ans après le discours d’Emmanuel Macron à Strasbourg justement pour lutter contre ces petites magouilles », explique la candidate, qui réfléchit à l’éventualité de porter plainte.
« J’espère que les coupables seront retrouvés. » Le document n’est pas tendre avec le premier adjoint au maire de Colmar, Yves Hemedinger, positionné troisième, derrière le maire Gilbert Meyer et le patron des Républicains dans le Haut-Rhin, le député Eric Straumann. Ce dernier évoque « une farce qu’il ne faut pas prendre au sérieux ». Tout en affirmant son « intime conviction » que le maire sortant se représentera.
L’actuel maire de Colmar avait annoncé que ce mandat serait le dernier. « J’ai dit cela, il y a six ans », répond à 20 Minutes l’intéressé, qui n’exclut donc pas se représenter en 2020. En attendant, il met en avant une « enquête d’opinion » publiée en décembre 2018 qui le créditerait « de 95 % d’opinion favorable ». Manière de signaler qu’il est toujours dans la course pour les municipales.
Le texte n’a pas fait rire le premier adjoint Yves Hemedinger qui prévient qu’il ne « laisserait pas passer ce qui pourra s’apparenter à de la diffamation » sur son compte Facebook. « J’espère que les coupables seront retrouvés », ajoute-t-il. Ambiance.