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5 décembre 2018

MAPPING

Photo Edouard Dabrowski

« À Colmar, on aime les récompenses en matière de tourisme. Et alors que le plan lumière vient tout juste de démarrer, la ville vient d’être élue par un panel de 12 690 voyageurs en provenance de 93 pays au titre de « Best Christmas Lights in Europe » (les villes proposant les plus belles illuminations de Noël en Europe »). On imagine l’impact qu’auront ces mappings sur les touristes attirés par les lumières de la ville. L’an dernier, Colmar en avait accueilli plus d’1,5 million en cinq semaines. Ils pourraient être deux millions cette année. (...) » [Dom POIRIER, L'Alsace du 5/12/2018]

Il serait intéressant de savoir ce qu'en pense le 1er adjoint, candidat au fauteuil de maire, qui disait en juillet dernier : « Je ne souhaite pas faire du centre-ville un parc d'attractions à ciel ouvert. On ne pourra pas continuer à accueillir plus de touristes. »

Sur Facebook : votre avis nous intéresse !

Vous aimez ? Ou trouvez-vous que c'est une gabegie financière (2,5 millions d'euros), anti écologique, juste destinée à attirer encore plus de touristes ? Les façades historiques sont-elles valorisées ou dénaturées ? Merci de donner votre avis.

4 décembre 2018

GILETS JAUNES
[suite et fin]

Si tu es anti-gilet jaune, tu es petit bourgeois ou pro-Macron, si tu es anti-Macron tu es Mélenchoniste ou Sarkozyste, si tu es anti-casseur, tu n'as pas compris qu'il y a des infiltrés, si tu dis qu'il y a des infiltrés tu es anti-flic et pro-complot, si tu défends les flics tu es anti-manifestant, si tu es manifestant tu es anti-tout, si tu es anti-tout t'as qu'à mettre un gilet jaune, si tu ne mets pas de gilet c'est que t'es content que le plein d'essence te coûte un bras, si tu dis que les tags ont été faits par les jaunes parce qu'il n'y a pas de faute c'est un cliché, si tu vois des images à la télé ce sont de fausses images parce que les médias manipulent tout, si ce sont de vraies images tu ne les interprètes pas bien, si tu soutiens le mouvement t'es un violent, si tu dénonces certaines brebis galeuses du mouvement t'as la gale, si tu dézingues l'enfoiré qui a piétiné la flamme du Soldat Inconnu tu fais des amalgames, si tu reconnais des racailles debout sur le comptoir d'un magasin pillé t'es raciste, si tu reconnais des juifs t'es antisémite, si tu reconnais des petits blancs t'es terroriste, si tu regardes BFM TV tu es incapable du moindre discernement et tu crois tout ce qu'on te dit, si tu regardes France 2 t'es de gauche ou de droite ascendant intello, si tu regardes TF1 t'es de droite ou t'es con ascendant temps de cerveau disponible, si tu dis que Mélenchon est discrédité depuis qu'il a pété un plomb devant sa porte d'entrée tu es un nanti, si tu votes Mélenchon tu es un anti, si tu mets un masque à gaz c'est que tu es équipé pour combattre et que ton intention n'est pas vraiment pacifique, si tu n'en mets pas, faudra pas te plaindre de cracher tes poumons toi le pacifiste, si tu es parisien tu ne comprends rien au mouvement, tu n'as aucun sens de la réalité et tu regardes de haut la province, si tu es provincial tu es forcément anti-parisien, si tu dis que le mouvement des gilets jaunes a perdu du crédit à tes yeux, tu es décevant, on ne te pensait pas comme ça, si tu mets ton gilet jaune, tu es décevant, on ne te pensait pas comme ça...

Arrêtez de mettre des étiquettes et de chercher systématiquement une réponse contraire et argumentée à toute forme de pensée qui vous dérange, c'est probablement la raison pour laquelle ce réseau [Facebook] commence à sentir le brûlé, il s'enflamme pour un rien, chacun caricaturant à outrance derrière son écran, enfermant allègrement dans des cases le discours dissonant sans autre forme de procès. Celui qu'on a adoré pour une raison pourrait être pendu pour une autre. L'intolérance a un bel avenir devant elle et personne n'a de nouvelles du discernement, porté disparu. Le plus savoureux étant la violence avec laquelle les outrés dénoncent la violence d'une pensée différente de la leur à l'endroit de leur sensibilité plus ou moins formatée.

Respectons l'avis de chacun, la vie de chacun, acceptons que les sensibilités soient aussi différentes que les regards posés sur ce monde et ses dérives, n'oublions jamais à quel point nous sommes imparfaits.

J'aime les arabes, les juifs, les musulmans, les catholiques, les bouddhistes, les agnostiques, mais je déteste le communautarisme qui enferme et exclut comme j'abhorre celui qui voit de la démagogie dans tout élan vierge de cynisme. J'aime la révolte, la rébellion, la solidarité, mais je déteste la violence et l'irrespect qui mettent la bêtise la plus immonde aux commandes de toute action. (...)

Franck Pelé

29 novembre 2018

La réponse de Gilbert Meyer




Hier, c'était des "contre-vérités", aujourd'hui des "mensonges", demain des "affabulations" ?

Au lieu de reconnaître qu'il a tort, Gilbert Meyer cherche à discréditer quiconque ose pointer du doigt ses dérives. À l'inverse de ce qu'il prétend, colmarinfo ne comporte aucune information mensongère ; on ne peut en dire autant de la feuille de chou municipale dans laquelle il affirme, par exemple, qu'il y a 4000 places de stationnement gratuites à Colmar, en incluant dans ce nombre celles du parc expo !

Le maire qui se prend pour Alain Delon en parlant de lui à la troisième personne, tente de se justifier :

« C’est vrai qu’il arrive au Maire de garer brièvement son véhicule dans l’impasse Hertenbrod. »

- En se garant même "brièvement" pour décharger leurs courses, les Colmariens se font systématiquement verbaliser, de nombreux témoignages continuent d'affluer à colmarinfo. Et d'après plusieurs témoins, son véhicule était garé parfois des journées entières sur cette voie.

« D’abord, le stationnement n’y est pas interdit. »

- Nous n'avons jamais dit le contraire. Toutefois le stationnement y était interdit par le passé, cela n'empêchait pas GM d'y garer sa voiture. Et il a fait enlever le panneau d'interdiction de stationner suite à la réflexion d'un riverain.

« Ensuite, la pose momentanée du véhicule est co-utilisée par les autres riverains concernés et par les services de la Ville. »

- Des riverains se sont fait rabrouer parce qu'ils auraient pris « sa » place, d'autres ont reçu un courrier de la mairie pour la même raison.

« Le Maire a pris en location 2 emplacements de stationnement dans des garages privés, l’un près de son domicile, et l’autre donnant sur la rue Rapp, à l’arrière de la Mairie. Il en acquitte les loyers à titre personnel. Le coût est bien supérieur aux tarifs des macarons. »

- Grand bien lui fasse. Tous les Colmariens n'ont pas les moyens de Monsieur le Maire. Ce qui ne le dispense pas de respecter la loi.

27 novembre 2018

Michel Guerrin [Le Monde du 24 Novembre 2018]


TOURISME


Le touriste entre-t-il pour la culture dans la catégorie des nuisibles ? La question ne se posait pas il y a vingt ans. On disait même qu’il était, par son portefeuille, un soutien précieux aux musées, monuments, salles de spectacle. Il l’est toujours. Mais l’est-il trop ? Ouvrir cette piste, c’était être taxé d’élitisme. Aujourd’hui, on ne compte plus les études et les voix qui posent la question.

Bizarrement, lors des Rencontres du tourisme culturel, organisées par le ministère de la culture, le 20 novembre, au Louvre-Lens (Pas-de-Calais), le sujet n’était abordé qu’à la marge. La France culturelle parle de tourisme surtout en des termes de conquête et de croissance. Et puis enlevez les touristes au Louvre (70 % de la fréquentation), ce n’est plus le même musée, avec de gros ennuis financiers à la clé, puisque l’Etat a réduit, comme ailleurs, sa subvention.

Il a suffi qu’en 2016 les visiteurs étrangers boudent la France, à cause des menaces d’attentats, pour que l’on parle de « catastrophe industrielle ». Le tourisme, c’est 500 000 emplois en Ile-de-France, soit la plus grosse industrie de la région. C’est tout simplement la plus importante du monde (10 % du PIB de la planète). Et puis, ce qu’on appelle le « surtourisme » ne concerne qu’une poignée de lieux. Pour l’immense majorité de nos monuments et musées, le visiteur est une aubaine qui rend le site moins vide et permet de le restaurer.

Le surtourisme va s’amplifier

C’est le secteur du tourisme lui-même qui tire la sonnette d’alarme. D’abord Christian Mantei, le directeur général d’Atout France, chargé de la promotion du pays à l’étranger. « La France n’est pas encore dans le surtourisme, mais, si on ne bouge pas, on y sera dans trois ou quatre ans. Le sujet est très grave : 80 % des touristes visitent les sites culturels parisiens le long de la Seine, et on est proche de la saturation. La question concerne aussi Versailles ou le Mont-Saint-Michel, mais elle touche également nombre de villages et des sites naturels. »

Christian Mantei s’inquiète, parce que le surtourisme va s’amplifier partout. Il y avait 525 millions de touristes en 1995, il devrait y en avoir près de 2 milliards en 2030. La France, qui est déjà la première destination touristique dans le monde, a accueilli 88 millions de visiteurs en 2017 et en attend 100 millions en 2020. L’équation à Paris est complexe : sa population devrait très légèrement baisser autour de 2 millions d’habitants d’ici à 2050, alors que le nombre de touristes devrait passer de 36 millions à 54 millions.

La question est cruciale pour la culture, car la première motivation des voyageurs, et de très loin, est culturelle. Les réduire ? Plutôt les dompter. Leur ouvrir d’autres horizons. Lors du colloque du 20 novembre, on a parlé de tourisme « vertueux », « durable », « solidaire », « raisonné ». On rêve d’un touriste de proximité, qui tisse des liens avec la population.

C’est louable, utile, mais marginal, face à un tourisme de masse porté par une classe moyenne mondialisée qui ne cesse de croître, des compagnies low cost, des tour-opérateurs, des ferrys qui s’apparentent à des immeubles sur l’eau, et l’explosion du phénomène Airbnb. Dérisoire, quand on sait que 95 % des voyageurs mondiaux se rendent aux mêmes endroits, sur moins de 5 % de la planète. Dérisoire, aussi, par rapport à l’hostilité des habitants qui grandit depuis deux ans dans les villes les plus fréquentées – on l’a vu à Barcelone –, au motif que le surtourisme les dénature, vide les centres de leurs habitants, appauvrit les commerces, menace le patrimoine. Mais aussi l’« hostilité des touristes », ajoute Christian Mantei.

Souvent, les mesures prises restent modestes – on ne tue pas la poule aux œufs d’or. On essaie de fluidifier les foules, de mieux les étaler sur l’année, d’inciter à découvrir d’autres sites. Florence traduit l’impuissance, quand la ville fait arroser les parvis d’église pour éviter les pique-niques sur les marches, ou Rome qui régule tant bien que mal la fontaine de Trevi.

Venise (30 millions de touristes par an, quatre visiteurs par jour pour un résident) a expérimenté, en mai, des portiques d’accès aux endroits-clés, qui se ferment s’il y a trop de monde. Mais on retient surtout que l’Unesco lui a donné jusqu’à la fin de 2019 pour agir en conséquence, sinon la cité des Doges sera classée parmi les sites en péril. Quatre lieux ont vraiment pris cette année des mesures visant à réduire les visiteurs : la citadelle de Dubrovnik (Croatie), le Taj Mahal (Inde), Santorin (Grèce) et l’île de Pâques.

Même embarras pour les grands musées, qui savent que leur parcours est devenu pénible. Que le visiteur consomme les tableaux comme s’il était dans un centre commercial. Pas bon pour les œuvres. De plus, les amateurs d’art et le public local les désertent. Le 12 octobre, les directeurs de grands musées du monde (Louvre, Versailles, National Gallery à Londres, Prado à Madrid, Ermitage à Saint-Pétersbourg…) se sont réunis à Rome pour débattre des grands défis. En bonne place, il y avait le tourisme de masse. Les réponses visent plus à encourager la demande qu’à la réduire : horaires plus larges, nouveaux bâtiments, espaces d’accueil et de circulation plus amples. Le Rijksmuseum, à Amsterdam, choie ses touristes en annonçant que la restauration de son tableau-phare, La Ronde de nuit, de Rembrandt, se fera à partir de juillet 2019 sous le regard du public.

Notons ici le choix détonnant du Metropolitan Museum, jusqu’ici gratuit pour tous et qui, depuis le début de l’année, fait payer 25 dollars (22 euros) les non-résidents de l’Etat de New York. Ce choix vise surtout à nourrir ses caisses. Mais imaginons que tous les sites saturés de monde adoptent une mesure similaire. Cette discrimination ouvre nombre de questions. Mais elle a l’avantage d’apporter une réponse quand, pour l’instant, on n’en voit pas.

25 novembre 2018

Tristan Denéchaud
Conseiller municipal à la Ville de Colmar

Tourisme à Colmar : transformer les risques en atouts (par une gestion intelligente)

À Colmar, la place du tourisme devient un sujet clivant, comme dans beaucoup de villes très visitées – on voit les proportions extrêmes que cela peut prendre à Venise, Barcelone ou même dans certains quartiers de Paris.

Dans notre ville, pour résumer, ceux qui profitent du tourisme – essentiellement, les hôteliers et restaurateurs – pensent qu’il faut continuer dans la voie actuelle, donc promouvoir un tourisme de plus en plus massif pour faire de Colmar une destination presque aussi courue et incontournable que Venise, justement. Beaucoup d’habitants, eux ne voient au contraire cette popularité croissante de leur ville que comme une nuisance, et voudraient revenir au moins 30 ans en arrière, dans un Colmar aussi nostalgique qu’illusoire. L’époque de la RMC et du magasin « Villes de France » est révolue…

À mon sens, les deux approches nous mènent dans une impasse. Le tourisme est un atout, et beaucoup de villes, qui se battent pour attirer les visiteurs, aimeraient avoir les mêmes problèmes que nous. Mais c’est un atout qu’il faut savoir canaliser et mettre à profit intelligemment, avec une meilleure cohabitation entre touristes, habitants et travailleurs. Faute de quoi, cela deviendra effectivement une nuisance pour la plupart des gens, à l’image du paroxysme que constituent les week-ends de décembre !

Les avantages tout d’abord. Le tourisme apporte de la notoriété et des visiteurs, une visibilité médiatique, qui remplace un bon paquet de campagnes de communication. Une clientèle à de nombreux magasins, qui peuvent aussi davantage se spécialiser et avoir une offre qu’une ville de 70 000 habitants n’aurait pas normalement. Il fait vivre, bien sûr, une hôtellerie-restauration plutôt bien portante. Il rapporte aussi aux propriétaires colmariens, notamment beaucoup de petits propriétaires qui n’habitent plus forcément sur place ou ont investi dans un appartement secondaire, de bons compléments de revenus par les locations touristiques qu’ils proposent aux voyageurs. S’ajoute à cela, pour la Ville, des recettes de stationnement payant et de la taxe de séjour. Nos visiteurs nous apportent de la richesse et du dynamisme.

Cela étant dit, pour de nombreuses raisons, Colmar ne doit pas se laisser enfermer dans le tout-tourisme.

Lorsque cet apport touristique est mal géré comme actuellement, il nous apporte aussi de nombreux inconvénients :

une notoriété à double tranchant : Colmar est connue comme une sorte d’écomusée ; une ville en couvre-feu dès 19 h, faite surtout pour les retraités aisés, avec ses rues pittoresques et ses restos. Dit comme cela, c’est une caricature. Nous savons bien que c’est en grande partie faux. Mais c’est l’image que dont notre ville souffre trop souvent à l’extérieur. Véhiculée en grande partie par les touristes eux-mêmes, qui même dans leurs compliments nous enferment dans ce cliché. Et attirent donc des touristes similaires.
un tourisme trop saisonnier, concentré sur la période de l’Avent, pendant laquelle réserver dans un restaurant devient compliqué, et la moindre chambre d’hôtel peut coûter 150 € !
un stationnement payant qui permet d’avoir encore des places disponibles, mais coûte trop cher aux habitants, et aux personnes qui travaillent à Colmar !
une taxe de séjour limitée qui rapporte assez pour faire un peu de promotion et des actions ciblées, mais toujours trop peu pour financer des infrastructures de grande ampleur au service de tous.
une évolution du tissu commercial vers davantage de produits soit typiquement touristiques (souvenirs, etc.), soit qui ne sont pas vraiment à la portée de la majorité des bourses colmariennes (Colmar n’étant pas une ville si « bourgeoise », contrairement à ce qu’affirment ceux qui la connaissent mal). Idem pour la restauration, où il devient difficile de bien manger en soirée ou le week-end pour moins de 15 euros…

Enfin, quand les limites se transforment en véritables nuisances, voilà notamment ce dont on parle tout le temps, donc inutile d’y revenir en détail : des problèmes de circulation, y compris à pied, un stationnement saturé en centre-ville, surtout le week-end, et une certaine difficulté à louer un appartement à l’année, les Colmariens faisant de plus en plus souvent de leurs locations des appartements de tourisme.

À mon sens, la première manière de rendre le tourisme intéressant pour les habitants d’une ville, c’est de susciter grâce au tourisme une offre de services et commerciale variée, en diversifiant l’origine géographique, sociologique et générationnelle des visiteurs. Avoir parmi eux davantage de jeunes, pas forcément aisés mais à la recherche de petits restos et magasins bon marché, amateurs de bars, de concerts dans des salles comme le Grillen, ce qui vient augmenter la clientèle potentielle, et donc renforcer une offre qui bénéficie également aux Colmariens ! Pour cela, on a besoin d’une politique plus accueillante pour les jeunes, les backpackers, les cyclotouristes, avec une auberge de jeunesse mieux située, des hôtels « zéro étoile », une meilleure offre bon marché, etc. Et bien entendu de savoir accueillir des gens de toutes origines, avec bienveillance, sans utiliser la naïveté de certains pour les arnaquer (on entend beaucoup d’étrangers se plaindre à ce sujet). Sans oublier de diversifier les concepts culturels. Par exemple, pourquoi ne pas délocaliser quelques concerts de la Foire aux vins, le temps d’un week-end, en centre-ville ou à proximité (Manufacture, etc.), en s’inspirant par exemple des Francofolies à La Rochelle, qui animent toute la ville ? La « Summer night » de la fin août, lancée par les bars colmariens, pourrait elle aussi être déclinée, et avoir lieu plusieurs fois dans l’année. Les rues et places colmariennes sont propices aux animations – artistes de rue, expositions à ciel ouvert, « braderies » thématiques… nous aurions bien plus à offrir que nos jolis colombages. À propos, quelqu’un se souvient-il avoir vu quelque chose se passer sur la place du 2 Février !?

Ensuite, il faut pouvoir faire du tourisme une source importante de revenus pour la municipalité et l’agglomération. Non pas pour « faire du fric », comme disent ceux qui pensent que les services publics tombent du ciel et que les impôts ne servent qu’à enrichir des élus millionnaires. Mais justement pour pouvoir financer ces services publics « en prenant le moins possible dans la poche du Colmarien », selon la formule préférée de Gilbert Meyer. Ceux qui bénéficient aux touristes (musées, parkings…), comme ceux qui sont faits pour les Colmariens uniquement (comme les écoles). Chaque euro versé par les touristes pour des services publics et des animations gérés par la Ville, est un euro de moins à demander au contribuable colmarien.

Pour cela, le premier levier auquel on pense est bien entendu la taxe de séjour. Collectée par les hôteliers pour chaque nuitée passée par une personne majeure au profit de la commune (et du département), il s’agit en quelque sorte d’une mini taxe d’habitation, qui pourrait être un peu augmentée, notamment sur les nuitées en 4 étoiles.

Un autre vecteur important de redistribution entre les touristes et les habitants d’une ville est le stationnement payant. À Riquewihr, Éguisheim ou Kaysersberg, on l’a bien compris depuis longtemps. Un stationnement gratuit partout – premier arrivé, premier servi – ne ferait que pénaliser encore davantage les Colmariens. On évoquera plus en détail le stationnement, car il s’agit typiquement d’un service public partagé entre les touristes, les régionaux et les Colmariens.

Plus précisément pour les marchés de Noël, ce n’est pas forcément aux commerçants de payer pour la sécurité. Certains paient déjà pour les cabanes, et beaucoup pâtissent même du marché de Noël, perdant leurs clients habituels qui ne sont pas forcément compensés par les visiteurs. Si quelqu’un doit payer une contribution pour les marchés de Noël, outre les touristes, ce sont avant tout les hôteliers (et restaurateurs, dans une moindre mesure), qui sont les principaux bénéficiaires de ces marchés. Avec des hôtels et restaurants qui ne désemplissent pas pendant un mois, et des chambres dont les prix doublent, voire triplent le week-end, ils font un chiffre d’affaires record, qui vient bel et bien de la poche des touristes qui sont là grâce à ces animations de Noël. Une contribution spéciale en faveur de la Ville – et donc autant de frais en moins pour le contribuable colmarien – semble être la moindre des choses. Encore faut-il savoir l’organiser et la négocier intelligemment, avec des contreparties de la part de la Ville.

La deuxième façon de faire profiter les Colmariens du tourisme comprend également une dimension financière. Elle consiste à proposer davantage de services publics et culturels, mais à des tarifs différenciés : plein tarif pour les visiteurs, prix réduit pour les gens de la région ou qui ont une activité à Colmar, et prix encore plus réduit, voire gratuité pour les Colmariens. Deux exemples pour commencer, sachant que cette logique peut s’étendre bien davantage.

Les loisirs et la culture : on vient de mettre en place à Colmar un « City Pass ». Très bonne idée, que j’avais d’ailleurs proposée en 2013 sous le nom de « Carte culture Colmar » ! (autant lui donner un nom français ou alsacien…). Mais il faudrait au moins que les jeunes qui étudient à Colmar puissent en bénéficier à prix réduit. Et que les Colmariens puissent en bénéficier gratuitement ou presque. Ainsi, les touristes profitent du nouveau « pass » à un prix encore abordable et viennent contribuer à remplir les musées, les salles, etc., tout en permettant aux locaux d’en profiter aussi, au moindre coût.

Même logique pour le stationnement. Un tarif standard pour les usagers occasionnels, et des abonnements mensuels ou annuels beaucoup moins chers pour les réguliers, qu’ils soient Colmariens ou voisins ! Actuellement, dans les parkings en ouvrage (silos et souterrains), les locaux n’ont pas de prix préférentiel. Bien sûr, ils peuvent prendre un abonnement mensuel, mais celui-ci coûte de 50 à plus de 80 € selon les parkings. Résultat : la majorité n’en profite pas, et essaie de se garer tant bien que mal autour… voire plus loin, gênant les habitants des autres quartiers. Les habitants peuvent encore prendre un abonnement résident pour se garer dans la rue, mais celui-ci ne leur donne pas accès aux parkings en ouvrage (alors qu’on cherche à limiter le stationnement sur la voirie !), et il est aussi trop cher. Enfin, pour les gens qui travaillent en ville, il n’y a aucune solution adéquate.

Pour les résidents, les abonnements aux silos et les « macarons » pour le stationnement dans la rue devraient être interopérables et coûter au maximum 1 € par jour dans le centre historique, et 0,50 € en zone verte. Et pour les gens qui travaillent en ville, une solution à 20-25 € (soit environ 1 € par jour de travail) dans les parkings en ouvrage. Le tout financé en grande partie par les touristes qui, eux, paient le prix « grand public » standard, avec un forfait journée à au moins 5 €. Alors, les Colmariens et salariés du centre-ville pourraient profiter au meilleur prix d’infrastructures rendues rentables par le tourisme.

Tout cela, comme toujours, ne peut avoir du succès que dans le cadre d’une vision globale et à long terme, et avec pédagogie, dans le respect des besoins des uns et des autres. On en est toujours aussi loin…

16 novembre 2018

Isabelle Kieffer

Le concept du ressenti

Voilà, il fait +3° sous abri mais il souffle une bise glaciale et ça tombe à -7°. Et vous grelottez pour de bon. C’est « un ressenti » qui ne relève ni de l’imaginaire, ni du fantasme ni de la grogne systématique.

La période des marchés de Noël à Colmar c’est un sacré ressenti qui aggrave encore celui de tous ces mois où les Colmariens subissent le flux touristique du centre-ville avec un vague répit de plus en plus rétréci en Janvier-Février.
Si on peut décider de ne plus se rendre au centre on survit tristement, dépossédé de sa ville, ça fait le bonheur des commerces de la périphérie. Si on y travaille, c’est une autre chanson, car s’ajoutent les mesures de sécurité bloquant tous les accès.

Alors quel est le ressenti de l’infirmier qui annonce à ses patients âgés du Quai de la Poissonnerie que pour les soins ce ne sera plus 10h mais 7h puis fait une grande partie de sa tournée à pied, accumulant les retards et la fatigue, quel est le ressenti du professeur de gymnastique à domicile qui laisse sa voiture chez des amis près du Grillenbreit, enfourche un vélo, y fixe son énorme sac rempli de matériel et le pousse en fendant la foule (pas question de rouler) tout en priant qu’il ne soit pas volé, quel est le ressenti du responsable d’une petite agence bancaire qui chaque soir doit remonter vers l’avenue de la République avec des sacoches que le fourgon habituel ne vient plus chercher faute de pouvoir stationner, quel est le ressenti des médecins chez qui certains patients lourds ne peuvent plus se rendre, quel est le ressenti du conducteur de VSL perdant les clients qu’il amenait régulièrement ici ou là, celui du livreur qui ne sait plus à quel saint se vouer, celui de l’agent immobilier qui ne peut plus faire visiter des biens, celui du résident du centre qui possède ou loue (cher) un garage et ne peut y accéder ? La liste pourrait être longue, je me fais l’écho de ce que j’entends.

Mesures de sécurité incontournables certes.

Mais alors pourquoi ne pas limiter l’étendue de ces marchés dans l’espace et le temps : faut-il vraiment que pour des raisons commerciales autant de places, carrefours, rues soient voués aux chalets, manèges et stands divers de 10h à 19h ? Faut-il vraiment que cela s’étale sur une période si longue ? De la Saint-Nicolas à la Saint-Étienne ça suffirait largement, non ?

« La magie de Noël » : comme ressenti pour le Colmarien, c’est plutôt un chemin de croix.

15 novembre 2018

Airbnb + 120% en 2 ans


Bonjour,

Voici une petite réflexion d’une de vos lectrices habitant Colmar, qui vous intéressera, j’en suis sûre.

Pas besoin d’un complexe et coûteux rapport pour évaluer le (sur)tourisme de masse grandissant à Colmar depuis quelques années ; le service public audiovisuel le fait pour nous dans un article datant d’aujourd’hui !

⇒  france3

« À Colmar, la hausse [des logements Airbnb] est particulièrement importante : plus 120 % entre avril 2016 et avril 2018 », soit plus d’un doublement en seulement 2 ans !!! Renchérissement des loyers, baisse du nombre d’habitants permanents, transformation des commerces en alignements de magasins de nougats, caramels, et autres fruits confits… sont les tributs que les résidents paient au quotidien.

Or les municipalités ont du pouvoir : législations et restrictions sur les meublés de tourisme, droit de regard sur le nouveaux commerces ouvrant…

Tandis que les grandes métropoles mondiales et européennes encadrent désormais le tourisme de masse, et que des communes alsaciennes comme Obernai s’y attellent sérieusement (voir le même article), la ville de Colmar a un immense train de retard et songe uniquement à un vague rapport. Quand adoptera-t-elle enfin une vision de développement de long terme ?

Pour d'autres municipalités, par exemple espagnoles :

⇒  bfmtv

13 novembre 2018

C'est ça que vous voulez à Colmar ?

Edouard Dabrowski

Personne n'y trouve son compte : ni les touristes, ni les habitants, ni la planète.
Photo Edouard Dabrowski

« Tout un symbole : l'intitulé initial du rapport soumis jeudi soir aux élus de Colmar Agglomération a été corrigé un peu plus tôt dans la semaine. Il n'est plus question d'étudier "l'impact du surtourisme à Colmar" mais seulement du "tourisme". » L'ALSACE/DNA du 10/11/2018. Surtout ne pas appeler un chat un chat. Et de rendre présentable quelque chose qui ne l'est pas. Chez BAYER/MONSANTO, les "pesticides" sont renommés pudiquement "produits phyto-sanitaires".

Le constat est pourtant clair : « L’activité touristique s’est largement accrue à Colmar et ses environs ces dernières années. La période des marchés de Noël devient de plus en plus difficile à vivre pour les habitants, surtout dans le centre-ville de Colmar. » C'est l'Office de Tourisme qui le dit. Le terme "surtourisme" aurait été tout à fait de circonstance.

25.000 euros, c'est ce que va coûter l'étude confiée à un cabinet spécialisé. Son objectif : « Dissocier la réalité objective des nuisances de la perception subjective ressentie », afin d’élaborer « des actions concrètes », notamment « un plan de communication efficace ».
Traduction : Comment faire passer la pilule aux Colmariens subissant les nuisances liées au tourisme de masse. Quel mépris envers les concitoyens ! Surtout quand la communication s'apparente à de la manipulation.

L'Office de Tourisme ne veut pas freiner le flux de touristes, qui constitue « un atout économique indispensable », mais le rendre plus « acceptable ». Oui, acceptable ! Il faudra que les Colmariens acceptent que des commerçants cupides s'approprient la ville, avec la bénédiction de la municipalité, imposent leur loi et se gavent sans le moindre scrupule. Et pour les récalcitrants est-il prévu une thérapie de groupe ?

L'Office de Tourisme ne s'en cache pas, il redoute que l'exaspération croissante des habitants du centre-ville, s'exprimant sur la page Facebook et sur le blog ne finisse par se manifester dans la rue. Des panneaux "Tourist go home" qui commencent à fleurir dans d'autres villes feraient mauvais genre. « Une moindre acceptation des touristes par la population locale pourrait, à terme, dégrader l’image et la qualité de l’accueil. » Ben voyons. On ne saurait être plus clair. Le bien-être des habitants, l'Office de Tourisme s'en tape.

10 novembre 2018

Clément Tonnot
L'ALSACE/DNA du 10/11/2018

Trop de tourisme tue le tourisme ?

Colmar souffre-t-elle du « surtourisme » ? L’agglomération lance une étude pour mesurer les impacts positifs et négatifs de la manne touristique, que d’aucuns jugent biaisée…
Photo Archives L’Alsace / Thierry Gachon

À l’origine de cette étude commandée par l’office de tourisme de Colmar et sa région, pourtant, un constat : « L’activité touristique s’est largement accrue à Colmar et ses environs ces dernières années. La période des marchés de Noël devient de plus en plus difficile à vivre pour les habitants, surtout dans le centre-ville de Colmar. »

« La perception de la population »

Le rapport pointe notamment « les nouvelles exigences en matière de sécurité » qui ont eu « un impact négatif sur le ressenti des habitants » : « Certains ont le sentiment que les projets sont principalement consacrés au tourisme, le tout amplifié par les réseaux sociaux. »

La formulation du rapport est claire. Il ne s’agit pas de freiner le flux de touristes, qui constitue « un atout économique indispensable », mais de le rendre plus « acceptable » : « Une moindre acceptation des touristes par la population locale pourrait, à terme, dégrader l’image et la qualité de l’accueil », craint l’office de tourisme, pour qui l’étude doit se concentrer sur « la perception de la population ». Objectif : « Dissocier la réalité objective des nuisances de la perception subjective ressentie », afin d’élaborer « des actions concrètes », notamment « un plan de communication efficace ».

L’étude, incluse dans le plan Action Cœur de Ville, sera confiée à un cabinet spécialisé, pour un montant de 25 000 €. Elle sera menée en partenariat avec Atout France, l’Agence d’attractivité d’Alsace et l’IUT Tourisme de Colmar. Il s’agira d’évaluer les retombées économiques, « afin de produire des ratios à visée de communication », mais aussi « l’impact sociétal, pour connaître l’opinion réelle des habitants ».

À la lecture du rapport, jeudi soir, la socialiste Victorine Valentin craint que l’étude ne soit biaisée : « J’ai l’impression que la commande implique de dire que s’il y a gêne, il s’agit seulement de ressenti, et que les retombées économiques sont telles qu’elles justifient la politique du tout tourisme… », anticipe l’élue, qui aimerait que l’étude porte sur « tous les impacts, pas seulement les retombées pour l’hôtellerie-restauration ». Elle évoque les commerces « qui subissent les marchés de Noël, car les Colmariens fuient le centre-ville à cette période », ou les associations « qui ne peuvent plus tenir leurs réunions ».

Yves Hemedinger promet pour sa part que l’étude sera objective : « On voit les critiques des gens sur les réseaux sociaux ou dans la presse. C’est notre responsabilité d’élus que de chercher à connaître l’impact réel du tourisme, positif mais aussi négatif. Cette étude est une bonne nouvelle », assure le premier adjoint colmarien.

« On boucle le centre-ville ? »

Dans les communes environnantes, le principe de cette étude laisse circonspect. Christian Rebert, le maire d’Andolsheim, sera le seul à voter contre, se demandant pourquoi l’agglomération se préoccupe d’un « problème purement colmaro-colmarien ». Une vision immédiatement battue en brèche par l’adjointe colmarienne Claudine Ganter : « L’étude portera sur toute l’agglomération car les retombées, notamment dans l’hôtellerie-restauration, profitent aux communes tout autour de Colmar. Et il ne faut pas oublier que les habitants de Colmar Agglomération sont des usagers à part entière du centre-ville de Colmar. »

« Et si l’étude dit qu’il y a trop de tourisme à Colmar, qu’est ce qu’on fait, on boucle le centre-ville ? », ironise Serge Nicole, le maire de Wintzenheim. Daniel Bernard, de Niedermorschwihr, suggère pour sa part de faire « jouer les vases communicants » et « d’envoyer les touristes en trop aux Trois-Épis, où on en manque ». Ce serait un bel exemple de solidarité intercommunale.