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13 juillet 2024

Venu d’ailleurs

Bernard Rodenstein

13/7/2024 - Lors des obsèques, hier, de l’ami Bernard Wemaere, ancien avocat et tête de file du PS colmarien, je n’ai pu m’empêcher de repenser à l’épithète de « Hargaloffener » « venu d’ailleurs » dont il s’est vu affublé par le maire de l’époque, Joseph Rey.
Venu du Nord de la France, Bernard a été perçu comme un agitateur qui se permettait de déranger le doux ronronnement de notre cité tranquillement assise sur son glorieux passé.
« Mit uns », le fameux mot d’ordre de l’empire de Guillaume II (Gott mit uns) était le slogan favori de Bernard, dès la création, sous sa conduite, de l’un des premiers GAM en France, (groupe d’action municipale) en 1971.
Avec humour et culot, il avait détourné au profit de la gauche renaissante le fondement du conservatisme local, la tranquille assurance de détenir le pouvoir de droit quasi divin.
Qui était-il, ce trublion qui n’était même pas de « chez nous », pour oser remettre en question notre système bien rodé et pour prétendre le remplacer par « autre chose » ?
Il fallait avoir son audace, son intelligence et son bagout pour se lancer à la manière d’un chien fou au milieu du jeu de quilles traditionnel auquel tout le monde semblait s’être habitué.
Un vent venu du large s’est engouffré dans la cité.
Il a d’abord soufflé sur nos églises et y a fait pénétrer peu ou prou l’esprit de Vatican II et celui de l’œcuménisme à la mode.
Il s’est ensuite introduit dans le monde de la culture très sclérosé, lui aussi. Le « théâtre d’aujourd’hui » a révolutionné l’offre de spectacles et drainé de nouveaux publics.
Puis, cerise sur le gâteau, c’est le champ politique qui a été revisité et qui a bénéficié de l’apport des idées et des engagements imprégnés de l’idéologie contestatrice et solidaire de Mai 68.
Nous devons incontestablement à de nombreux amis arrivés à Colmar pour des raisons d’ordre professionnel surtout, dans les années 70, d’avoir connu des changements significatifs et heureux pour notre cité.
Nous ne sommes pas dupes : la ville n’est pas passée à gauche et ses vieilles structures sociologiques n’ont guère bougé.
Les acteurs les plus déterminés ont tous appartenus à la même génération militante qui a été le fer de lance en 68. Ils se sont, pour partie, embourgeoisés, pour partie fatigués et ils ont vieilli. La relève attendue n’est pas arrivée.
« La belle au bois dormant » comme nous aimions désigner notre cité, a été secouée, certes, mais elle est vite retournée à ses vieilles habitudes.
Les nouveaux quartiers construits à la hâte, au début des années 60, n’ont pas été réellement intégrés à la vieille ville et ont connu le sort des banlieues, la mise au ban.
Ils n’ont guère influencé le fonctionnement de la ville centre qui garde la maîtrise des structures collectives.
Les gens venus d’ailleurs ne manquent pas à Colmar.
Ils sont légions au cours des saisons touristiques. Leur apport est principalement économique. Mais le surtourisme pose de sérieux problèmes.
Dans les quartiers où la population d’origine étrangère est plus dense, de nombreuses tentatives d’intégration ont été ratées pour diverses raisons liées à la méconnaissance des personnes qui y ont été logées. Elles ont été fortement instrumentalisés aussi par un parti politique qui a réussi à faire sien un électorat littéralement « acheté ». Mais, sur le fond de ce qui sépare les deux villes, rien ou pas grand chose n’a changé.
Ce qui pourrait nous venir d’ailleurs et qui nous ferait du bien, assurément, nous devrions être disposés à aller le regarder dans les régions voisines, en Allemagne notamment, mais aussi en Europe plus largement.
Les problématiques auxquelles nous sommes confrontés sont connues ailleurs aussi et sont diversement appréhendées en maints endroits. Des missions d’études seraient utiles pour s’inspirer d’exemples qui donnent de plus grandes satisfactions.
Tout est question d’ouverture d’esprit. Le repli de l’Alsace sur elle-même, prôné par les partisans de la sortie du Grand Est, est un très mauvais signal à cet égard.
Nous n’avons pas la science infuse face aux bouleversements que connaît notre époque. Nous devons apprendre les uns des autres. Pour notre plus grand bien. Malgré nos différences et nos divergences.
C’est principalement ce que les « Hargaloffini » des années 70 nous ont fait découvrir, à nous autres, Colmariens.
Bernard Wemaere en a été l’un des acteurs majeurs.
Notre reconnaissance est grande envers lui et envers celles et ceux qui ont fait cause commune avec lui.

12 juillet 2024

Accalmie

Bernard Rodenstein

12/7/2024 - Les esprits se sont beaucoup échauffés au cours des dernières semaines. Notre pays était face à une menace qui n’a pas laissé grand monde indifférent et c’est tant mieux si les réactions ont été rapides et fortes.
Les passions ont souvent pris le dessus sur les raisonnements froids, mais elles s’expliquent aisément par le contexte peu rassurant dans lequel nous nous trouvons et c’est le propre aussi de la chose politique que d’être une affaire de tripes autant qu’elle est cérébrale.
La tension a déjà baissé de quelques crans.
Nous sommes dans l’expectative de décisions qui ne nous appartiennent plus, puisque seuls les élus ont la charge d’interpréter les messages assez contradictoires que nous leur avons envoyés.
Comment vont-ils configurer la gouvernance avec nos choix contrastés ?
Il semble évident que les propos tenus avant les élections et dans les heures qui ont suivi la proclamation des résultats devront être révisés.
Les affirmations péremptoires des uns et des autres sont largement contrecarrées par nos votes.
Des alliances, des compromis, des coalitions doivent être envisagés. Il ne peut pas y avoir d’autre issue. Pourvu que cela se fasse dans la plus grande transparence et sans magouilles infâmes.
Dans notre vie quotidienne nous devons tous composer aussi, les uns avec les autres. Les oppositions d’idées qui se sont manifestées au cours de la séquence électorale vont perdre en intensité pour permettre la vie en commun.
La complexité de l’humain est notre chance. Il faut nous accorder mutuellement le bénéfice de l’histoire singulière de chaque être. Je ne comprends pas ce qui conduit l’autre à être ce qu’il est et à ce qu’il fait, mais je peux admettre qu’il ne peut pas être et faire autrement. Je ne suis pas juge de ses peurs et de ses désirs.
L’été sera-t-il propice au travail auquel nous devons consentir pour trouver l’apaisement indispensable ?
L’autre est rarement un ennemi. Il est autre, tout simplement. Son altérité lui appartient comme la mienne m’appartient.
Nous sommes collectivement intelligents si nous parvenons à nous accepter ainsi. Et bien plus, nous serons même heureux, si nous y trouvons des motifs de nous entr’aimer.

[POLITIQUE]
Pour en savoir plus : liberteresistance.fr