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19 juillet 2022

Benoît Legrand

Clap d’entracte pour les manifs de Colmar

Les manifestations du samedi contre le pass sanitaire et l’obligation vaccinale ont un an. Beaucoup d’eau à coulé sous les ponts, entre le moment où il fallait présenter un test PCR négatif pour se livrer à des activités, et ce moment où les députés parlent de supprimer le pass en tant que mesure sanitaire.
Cette année a été intense et trois revendications nous paraissent importantes :
Nous voulons que le pass sanitaire ne puisse plus être un outil de contrôle du peuple par le gouvernement. Nous suivons avec intérêt les évolutions des débats sur le pass depuis qu’Emmanuel Macron a perdu sa majorité parlementaire. Peut-être allons-nous assister à sa disparition !
Nous voulons que le peuple puisse avoir un moyen d’action direct sur les lois et les gouvernants. Avec un référendum d’initiative citoyenne législatif, abrogatif et révocatoire. En un an de manifestation, nous n’avons jamais été écouté par une autorité politique censée nous représenter.
Nous voulons un droit au travail pour les personnels suspendus. En effet, s’ils sont inaptes au travail pour cause de non vaccination, ils auraient dû être déclarés inaptes et reclassés ou licenciés (avec indemnités). Mais ils auraient dû avoir droit à tous les dispositifs de lutte contre le chômage et la précarisation, comme tous les travailleurs.
Nous maintenons nos "terrasses de la liberté" tous les vendredis à 19h sur la place Rapp (tout le monde peut venir), mais ne reprendrons les manifestations du samedi qu’à la rentrée. À partir de septembre, nous reviendrons plus frais que jamais pour poursuivre la résistance, sur ces revendications comme sur d’autres. Nous appelons d'ores et déjà tous les citoyens, associations, collectifs et syndicats à s’organiser et à nous rejoindre du moment qu’ils partagent nos revendications et veuillent ajouter les leurs aux nôtres.

18 juin 2019

Benoît LEGRAND

Faire de la politique autrement

Suite à la renonciation de Benoît Nicolas, je lis les réactions qui sont partagées entre colère et déception. Mais personne ne fait la critique systémique de ce qui s'est passé, parce que tout le monde voit et vit au premier degré. Alors je me propose de faire un peu de réflexion théorique et d'apporter ma contribution comme une interprétation possible.

Pour rappeler, Benoît Nicolas s'est engagé il y a un an sur le chemin de croix qu'est une campagne municipale. Deux ans avant l'échéance sur Colmar, ce qui peut paraître tôt, mais qui peut paraître long aussi quand on vient de loin. Il commençait de zéro car sans parti et sans expérience. Son credo était de faire de la politique autrement, des gens y ont cru et se sont ralliés à lui, et il a commencé à faire une campagne traditionnelle avec l'inauguration d'un local et la recherche de fonds.

Faire de la politique autrement, ce message est porteur. Car au niveau de la ville de Colmar, nous avons tous en tête la manière dont le maire actuel gère la municipalité, de manière très verticale et autoritaire. Ses décisions étant souvent incontestables, ce que Gilbert Meyer veut, Gilbert Meyer obtient. C'est là qu'on arrive à la structuration politique qui permet ces dérives.

Dans tout collectif, la façon dont se prennent les décisions du groupe sont représentatives de la façon de penser des membres de ce collectif. Si chacun délègue sa voix à la même personne, alors nous avons un chef, et tout le monde le suit et c'est la verticalité. Si chacun exprime sa voix équitablement, alors la décision est prise avec du temps et c'est l'horizontalité. La verticalité est plus réactive et concurrentielle. L'horizontalité est plus inclusive et coopérative. C'est donc ce degré de verticalité (et accessoirement d'horizontalité puisque ces deux angles sont "complémentaires") qu'il faut étudier pour avoir un aperçu de la valeur d'une structure. Sachant que dans une structure verticale, l'élite aura toujours tendance à un moment ou à un autre à s'autonomiser des membres dont il tire la légitimité. Le pouvoir corrompt et l'hybris prend toujours le dessus.

N'oublions pas qu'en 1993, Gilbert Meyer était ce porteur de renouveau face à Edmond Gerrer pour la députation. Alors qu'il avait été son suppléant peu de temps avant. Pour éviter que ce genre de scénario se reproduise encore et encore, il ne faut pas donner les pleins pouvoirs de manière inconditionnelle à une personne. Sinon, à un moment, elle imposera elle aussi ses décisions comme si elles étaient immuables. Dans le système actuel où les élections consacrent une personne pour une durée déterminée, c'est compliqué de lutter contre les dérives autoritaires, mais rien que d'en prendre conscience permet de réfléchir à la situation.

Je fais donc un appel à ceux qui veulent vraiment changer les choses. Ceux qui ne veulent plus que le destin de la société soit pris entre quelques-uns. Ne donnez plus votre avis, faites de la politique. Ne déléguez plus votre voix à un représentant, faites de la politique. N'attendez plus sagement que les choses se passent, faites de la politique. Votre opinion est aussi importante que celle de tout autre.

Alors, quand vous vous engagerez à voter ou à militer pour un ou une candidate. Ne regardez pas uniquement qui il est, cela reste trop superficiel. Regardez quel est son programme et demandez-vous comment il a été construit. Car si vous voulez faire de la politique autrement, c'est à quoi vous devez vous responsabiliser.