Michel Spitz
- 3/2/2025 - Pour clôturer en beauté les commémorations du 80e anniversaire de la Libération et rendre hommage aux libérateurs français et américains, l’Orchestre National de Mulhouse, sous la direction de Arie van Beek, a réuni le Nouveau monde et la vieille Europe à travers trois tableaux à la croisée des continents.
Une introduction méditative par l'Adagio de Samuel Barber, pièce incontournable des grands événements qui nous baigne dans l'ambiance de certaines musiques religieuses. Le Concerto en sol majeur de Maurice Ravel marque la rencontre de la tradition européenne et l'énergie du nouveau monde. Il est composé en 1932, quelque temps après la tournée de Ravel aux USA, au cours de laquelle il rencontre Georges Gershwin et découvre les clubs de jazz. Le soliste, François Dumont, nous offre un grand moment d'émotion dans le merveilleux mouvement lent, dépouillé et intime. Les deux mouvements vifs qui suivent, gais et brillants, puisent leur matière dans les rythmes et les harmonies de Harlem et révèlent un orchestre riche en couleur. En bis, François Dumont interprète « La plus que lente » de Claude Debussy tout en délicatesse, transparence et fluidité de son jeu, sur le STEINWEY de 1940 du théâtre, en écho à Ravel. Pour conclure, Anton Dvorak traduit ses impressions musicales du Nouveau Monde dans sa 9ème Symphonie. L’œuvre propose une puissante vision des grands espaces naturels et du bouillonnement d’un Manhattan, tout en conservant le lyrisme et la nostalgie de sa chère Europe natale. Créée en 1893 à New York, elle remporta immédiatement un immense succès. C’est la neuvième et dernière symphonie du compositeur. La Symphonie du Nouveau Monde implique, par son intitulé même, bien davantage qu’une œuvre de musique classique. Elle renvoie à ces temps héroïques, à la fin d’un siècle où déjà s’annonce le prochain, plein de force mécanique, de gloire et de drames, d’un monde qui, pour moderne qu'il soit, sera toujours assombri par d'inquiétantes ténèbres. Son imaginaire nous « parle », le public est ravi, chaque mouvement s’accompagne d’applaudissements nourris. Bel hommage conclusif de ces journées, un concert qui restera longtemps gravé dans la mémoire des auditeurs présents.
[photos ©Michel Spitz]