Janine Erny
« Qu’as-tu fait, ô toi que voilà, qu’as-tu fait de la beauté de notre cité ? Nos anciennes façades harmonieuses, classées au titre du patrimoine culturel et qui, autrefois, ont ravi nos yeux, sont à présent cachées par des auvents disgracieux. Les rues étroites sinueuses merveilleusement patinées par le temps sont désormais encombrées d’objets hétéroclites avec lesquels nous n’avons aucune accointance. Bourrage, étalage et étalement ; bruits denses et continus jusque tard dans la nuit ; surabondance, surconsommation ne conduisent-ils pas justement à faire échec à l’équilibre et à l’harmonie de notre cité ?
Toi que voilà, dis-moi, quand reviendra le temps de la sagesse, de la quiétude (qui n’est pas à confondre avec ennui) afin que nous puissions à nouveau avoir vue sur ces charmants détails gravés dans la pierre et le bois que nous partagerions volontiers avec les gens de passage (fussent-ils des touristes !) ; car ne nous trompons pas, ils sont, eux aussi, en quête de trouvailles inédites qui comblent le regard et ravissent le cœur. Ces trésors-là, à l’abri dans des endroits discrets et sacrés, ne se découvrent pas à une foule pressée qui n’a pas d’yeux pour voir. Pourtant, ces trésors-là firent autrefois la renommée d’une France bien-aimée ! Dis-moi, qu’as-tu fait, ô toi que voilà… » DNA 27/4/2024