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15 avril 2024

Michel Spitz

"L'enfant qui mesurait le monde"

Takis Candilis a présenté samedi "L’enfant qui mesurait le monde". Tout part du roman éponyme de Metin Arditi, publié en 2016 par le romancier suisse d’origine turque. Après avoir lu le roman d’Arditi, Takis Candilis est troublé par la multitude de thèmes qu’il aborde, dont certains s’avèrent très personnels. Il relate que, comme lui, le personnage principal est un grec de deuxième génération. Il en tire une touchante histoire de famille où un homme d’affaires se découvre sur le tard grand-père d’un enfant autiste.
La vie d’Alexandre Varda, puissant promoteur immobilier, bascule soudainement. Licencié par ses actionnaires il apprend, le même jour, le décès de sa fille qu’il n’avait pas vu depuis 12 ans. Il décide alors de partir en Grèce pour rapatrier le corps. Le lendemain, il arrive sur l’île de Kalamaki. Une île que l’on découvre déchirée par la crise qui secoue la Grèce depuis des années. Sur le quai, Andreas, le maire, l’attend. Il l’emmène au petit dispensaire de l’île où Alexandre découvre le corps de sa fille. Le choc est violent. Il lui annonce aussi qu’il ne pourra pas rapatrier le corps tant qu’une autopsie n’aura pas été effectuée. Et surtout, il lui demande ce qu’il compte faire de Yannis, le fils de Sophia. Alexandre est désemparé. En à peine 36 heures, on lui a spolié son entreprise, sa fille est décédée et il se découvre grand-père d’un petit garçon d'une dizaine d'années dont il ne soupçonnait même pas l’existence. À Kalamaki, c’est Maraki qui s’occupe du jeune homme depuis plusieurs années. L’évolution des relations entre ce trio, vivant l'un près de l'autre, chacun perdu au fond de sa solitude, va structurer la trame de l’histoire. Progressivement, d'autres rapports se dessinent entre ces trois personnages, grâce à l'amitié bouleversante qui s'installe entre l'enfant autiste et le grand-père.
Autre sujet fort du film, une intrigue immobilière sur l’avenir de la maison et du terrain de Sophie, donnant accès à la mer et à un théâtre antique, qui intéresse fortement un promoteur désirant y installer un complexe hôtelier. Ce projet d'hôtel va mettre la population en émoi. Doit-on accepter de dénaturer un paysage du patrimoine antique si ça amène des emplois ? Plusieurs personnages, tous très bien interprétés, vont apporter leur vérité à cette épineuse question…
La justesse d’interprétation des acteurs (un Bernard Campan exceptionnel dans le rôle d’Alexandre Varda), l’authenticité des paysages helléniques, l’enchevêtrement riche des ressorts de la narration font de ce film un moment rare d’émotion. Courez-y, lors de sa sortie officielle prévue le 26 juin 2024. Merci à l’équipe de Colmar Festival du film pour ce magnifique cadeau.