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30 décembre 2022

Eric Vial

L’Alsace. Elle attend.
 
C’est le titre de la peinture de Jean-Jacques Henner (1871).
Elle attend, cette Alsacienne, qu’on arrête de vouloir la marier de force avec des prétendants d’autres régions ou d’autres pays.
Elle attend qu’on respecte son histoire, sa culture et sa langue. Elle reste désormais stoïque face aux attaques et aux insultes.
Elle attend la première occasion de flirter avec qui elle veut, comme elle veut. Elle ne veut pas être attachée.
Si on lui impose un empereur de l’Est, elle tombera dans les bras d’un bleu de l’Ouest, et inversement.
Pourtant elle sait dans quel camp elle est. Sa cocarde sur sa coiffe marque la résistance courageuse de toutes les femmes face aux oppresseurs. Française, oui bien sûr mais pas que, Alsacienne et Européenne aussi.
Regardez ses grands yeux. Ils marquent son ouverture d’esprit. Elle sait que son identité n’est pas unique mais multiple. Ces mélanges la rendent belle.
Et pourquoi elle attend avec ce visage d’ange, cette Alsacienne ? Parce que l’humanisme rhénan dans lequel elle baigne depuis des générations lui a appris que patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. Sa victoire sur les rageurs et les fauteurs de troubles, qu’ils viennent de Charleville ou d’ailleurs, sera totale.
Alors, formulons tous le vœu qu’on la laisse enfin à ses désirs et à son destin. Car elle n’a besoin de personne pour les construire.
Libérée, son sourire sera recouvré.
Décidément, Jean-Jacques Henner, quel talent ! Cette toile n’a pas pris une ride.