''Moderne ou réac ? Quel président de la République les Français ont-ils élu en 2017 ? Après avoir incarné le renouveau, Emmanuel Macron semble à tel point à court d’idées que, sur certains sujets, le chef de l’État recycle les vieilles ficelles. C’est flagrant s’agissant d’information et de liberté de la presse. Devant quelques journalistes, le président a ainsi évoqué, la semaine dernière, la création d’une instance de régulation tierce qui, selon lui, devrait trancher entre la bonne et la mauvaise information. Brillante idée que de vouloir ressusciter l’ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française) élargie aux médias privés afin de promouvoir le discours officiel !
Que le chef de l’État s’inquiète de la propagation des fausses nouvelles pouvant porter atteinte à la démocratie est légitime. Qu’il envisage d’instaurer un contrôle de la presse à l’instar de ce qui existe en Turquie ou en Russie a de quoi inquiéter. Emmanuel Macron peut s’agacer que la parole spontanée des gilets jaunes porte autant que celle des sociologues et autres spécialistes. Il fait aussi le même raccourci que nombre de Français qui confondent les choix éditoriaux – consistant à traiter un sujet selon un angle précis en présentant tous les points de vue – et l’exercice éditorial, lequel est une analyse personnelle qui relève du journalisme d’opinion.
Emmanuel Macron rêve d’un contrôle des médias qui existe à travers l’institution judiciaire. Diffamation, accusations mensongères… À la différence des réseaux sociaux, tout ce qui est publié par la presse peut être contesté devant la justice. C’est heureux, pour les citoyens comme pour les journalistes. À condition, bien sûr, que la justice ne tente pas de faire pression sur les médias. C’est à cela que ressemble la perquisition tentée hier chez Mediapart dans le cadre d’une enquête préliminaire pour « violation de la vie privée » d’Alexandre Benalla. Est-ce l’ancien conseiller du président Macron ou l’Élysée qui s’inquiète de développements à venir ? Ce dossier-là ne relève d’ailleurs plus de la vie privée. Il s’agit d’une affaire d’État.