11 Novembre 2014 / Monument National de la Grande Guerre 1924-1932 / Robert Danis architecte / Antoine Bourdelle sculpture / Michel Spitz architecte de la restauration 2014.
Le mémorial de l’Hartmannswillerkopf est un monument à la fois militaire et patriotique, religieux et funéraire. Dès 1920, un comité se constitue à Mulhouse pour construire sur le champ de bataille du Hartmannswillerkopf, le Monument National de la Grande Guerre en Alsace. Il est conçu par Robert Danis architecte avec le concours d’Antoine Bourdelle, sculpteur. Le monument se décline sous la forme de trois éléments implantés sur un même axe : une crypte-ossuaire avec chapelles, une esplanade avec autel de la patrie et un cimetière militaire avec mât aux couleurs françaises. Le comité engage également la construction d’une croix sommitale lumineuse, visible depuis la plaine d’Alsace et au-delà du Rhin. La crypte, dont le plan dessine une croix grecque, est creusée dans le rocher et se glisse sous l’Autel de la Patrie. Le volume ainsi formé, inspiré des temples anciens, s’inscrit dans la géométrie d’un cube parfait. Une voûte, supportée par quatre colonnes cannelées disposées en carré, forme au centre une lanterne, autour de laquelle se déploie un plénum, éclairé de pavés de verre, sertis dans la dalle en béton. Ce dispositif permet d’envelopper l’espace d’une douce lumière naturelle. Sous la crypte, un ossuaire est ménagé pour recueillir les restes des soldats français. L’ossuaire est fermé par un bouclier en bronze, posé à même le sol. Il comporte sur son pourtour, les dates de 1914 et 1918 en chiffres romains, et les vers de L’Hymne de Victor Hugo : « Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie, Ont droit qu’à leur cercueil la foule vienne et prie » (Les chants du crépuscule, 1835). Sur trois faces de la crypte, des niches, naturellement éclairées par le haut, contiennent les monuments des trois cultes concordataires auxquels ont appartenu les soldats morts pour la Patrie. En face de l’entrée, la chapelle catholique contient une table d’autel derrière laquelle doit s’élever la Vierge à l’offrande de Bourdelle. A gauche, le monument protestant est un tombeau en forme d’autel marqué d’une croix qui se détache d’une plaque portant la Bible ouverte, encadrée par deux pilastres supportant un linteau orné « rappelant l’art de l’époque de la Réforme ». À droite, le monument israélite comprend également un tombeau en forme d’autel, orné de l’étoile à six branches du bouclier de David. Les inscriptions du monument israélite et du monument protestant soulignent la force commune de l’Ancien et du Nouveau Testament. Une frise sculptée en bronze devait courir en haut des murs. Robert Danis avait prévu de confier l’exécution de la frise à Bourdelle, mais le début de la Seconde Guerre mondiale empêche sa réalisation.
L’architecture du monument de l’Hartmannswillerkopf puise aux sources de l’architecture classique française tout en revendiquant sa modernité et sa rationalité. Comme son contemporain, l’architecte Auguste Perret, Robert Danis se passe des ornements superflus. Le monument est entièrement construit en béton. Après décoffrage, les surfaces en béton ne sont couvertes d’aucun parement en pierre et revêtues d’un mortier de finition appelé « granito », finement bouchardé. Les colonnes de la crypte n’ont ni base ni chapiteau. Pour l’abbé Bourgeois, Danis « a su résoudre au mieux les problèmes difficiles de l’adaptation au terrain, de l’éclairage, de la division des plans, et qui a réussi une œuvre pleine de dignité religieuse, capable d’émouvoir, par la simplicité grandiose de son tracé et de sa décoration, les visiteurs qui feront l’ascension de cette montagne à jamais sacrée. »