C'est bizarre, mais selon l'heure de la journée à laquelle l'affaire Nicolas Hulot parvient à mes yeux et à mes oreilles, je me sens tantôt avocat, tantôt procureur. Sans doute parce qu'il ne peut pas y avoir une seule façon d'appréhender ce débat. Ou alors, on bascule inévitablement, soit dans un angélisme béat, soit dans une diabolisation indécente. Comme le font d'ailleurs aujourd'hui, de nombreux commentateurs, et ce, pour des raisons plus ou moins sincères, honnêtes et objectives.
La parole est d'abord à la défense. Qui a raison de rappeler que, dans un État de droit digne de ce nom, des faits pénalement répréhensibles doivent être dénoncés devant des autorités ayant compétence pénale, et non devant les caméras d'une émission en quête de sensations, diffusée de surcroît sur une chaîne dite "de service public", et donc financée par nos redevances. Pour ma part, je ne souhaite pas qu'avec mon argent, des piloris médiatiques presque plus cruels que les piloris médiévaux, soient érigés pour soumettre à la vindicte populaire, des individus non jugés et donc présumés innocents.
La parole est ensuite à l'accusation. Qui a raison de s'indigner devant ce besoin de domination psychologique, puis même physique, que semblent éprouver certains types à l'égard de certaines femmes, dès lors qu'ils bénéficient d'une once de notoriété artistique, politique ou médiatique. Non mais allô, quoi ! Le mec est physiquement insignifiant, humainement imbuvable, et il se permet des gestes déplacés, sous prétexte que quelques ménagères de plus de 50 ans le trouvent charmant et sympa ??? Faut arrêter de fantasmer, les gars ! Et surtout, il va falloir réviser d'urgence votre code de la séduction !
Bref. Un jour, la parole sera enfin donnée aux juges. Aux vrais juges. Ceux que les institutions ont désigné pour réguler notre vie quotidienne. Et qui ont pour mission, après des enquêtes approfondies placées sous le secret de l'instruction, de faire objectivement la part entre le vrai et le faux. De condamner les véritables coupables et de restaurer dans leur dignité, les véritables victimes. D'ici-là, tout le reste ne sera que supposition, suspicion et gesticulation. Mais aussi et surtout, incitation au respect absolu de la volonté de l'Autre. Quel qu'il soit et qui que nous soyons.