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7 juillet 2021

Cumul et parachute


En Alsace, de nombreux conseillers régionaux et départementaux cumulent ces deux fonctions, ou l’une d’entre elles avec un mandat municipal ou parlementaire. Il ne s’agit pas ici de critiquer l’empilement des indemnités, mais de s’interroger sur l’exercice de ces responsabilités et sur la plus-value d’un élu « multicartes » pour les citoyens.

Don d’ubiquité 

L’Esprit souffle où il veut et on peut être – grâce á un bon iPhone – à Paris, à Strasbourg et à Colmar en même temps… Du moins, par visio-conférence ! Il est peu probable que la personnalité qui prétend gérer plusieurs dossiers à la fois soit en mesure de les étudier à fond, ce qui laisse évidemment le pouvoir réel aux mains des fonctionnaires ou de ceux qui assument la direction exécutive de la collectivité concernée. En résumé, quand vous êtes « cumulard » dans la majorité, vous êtes un simple pion, et quand vous l’êtes dans l’opposition, c’est la même chose.

Assurance vie

Des incertitudes de 2021 ont conduit nombre de députés à se chercher un « matelas d’atterrissage » en cas d’échec au printemps prochain. C’est notamment le cas du côté LREM/MoDem, mais plusieurs LR ont également fait ce choix. Les arguments de soi-disant « complémentarité » sont de la roupie de sansonnet : en fait, l’ancrage local vise à légitimer un siège dans des enceintes qui manquent de crédibilité démocratique (en particulier le Grand Est). L’introduction de la proportionnelle mettrait un terme à ce « jeu de bonneteau » orchestré par les parties et les circonstances.

Pour l’opinion, déjà très critique envers un système institutionnel archaïque, la défense du cumul des mandats est une forme « complémentaire » du mépris des élites pour le peuple. Ce n’est pas en additionnant les votes dans différents scrutins que des élus « au rabais » (du fait de l’abstentionnisme) retrouveront la confiance de la population.

JEANNE FISCHER / HEB'DI