Nicolas Roquejeoffre
L'ALSACE/DNA du 14 janvier 2021
Pollution au lindane : les élus interpellent le gouvernement
Le maire et le député de Colmar ont décidé de s’emparer du dossier de dépollution du terrain où se trouvent quelque 750 tonnes de résidus de lindane. Un produit cancérigène qui pollue la nappe phréatique à Colmar.
Le maire de Colmar, Eric Straumann, avait espéré rencontrer la ministre de la Transition Ecologique, Barbara Pompili, lors de son passage en Alsace la semaine dernière. Sans succès. Celle qui venait sonder Stocamine à Wittelsheim a, depuis, reçu le courrier du président de l’Agglo colmarienne portant sur le dossier tout aussi polluant du lindane.
Rappelant l’historique de ce dépôt, né au cours des années 60 et 70, et renfermant aujourd’hui de 700 à 750 tonnes de résidus de cet insecticide peu biodégradable et classé comme substance cancérogène depuis 1987, Eric Straumann plaide pour une résolution rapide de ce dossier, « sujet permanent d’inquiétude ».
Relevant l’absence de communication « depuis plus d’un an » sur l’état de cette pollution qui touche la nappe phréatique (un arrêté préfectoral de 2015 interdit la consommation de l’eau pompée, le remplissage des piscines, l’arrosage, l’irrigation ou l’abreuvage dans la zone correspondant au panache de pollution), le maire demande à la ministre la mise en place de « solutions durables, le cas échéant, l’extraction des produits stockés sur le site ».
A lire aussi :
Pollution au Lindane à Wintzenheim : la question du financement
« Il s’agit bien d’une atteinte à l’environnement »
Il n’est pas le seul élu à monter au créneau. Yves Hemedinger a également décidé de s’emparer de ce dossier. Après avoir reçu l’association Tiefenbach environnement (ATE) fin décembre et posé une question écrite à la ministre Pompili (sans réponse pour l’instant), il a interpellé mardi la ministre déléguée Emmanuelle Wargon, lui demandant instamment d’agir. « Cette pollution concerne la nappe phréatique la plus importante d’Europe qui alimente deux millions de personnes, sa ressource en eau est un enjeu majeur pour nos territoires et sa qualité une question de sécurité sanitaire primordiale », a-t-il rappelé. « La dépollution de ce site est donc primordiale. Il s’agit bien d’une atteinte à l’environnement que certains d’entre vous appelleront un écocide ».
Emmanuelle Wargon lui a répondu dans la foulée que le gouvernement n’était pas resté bras croisés et avait mandaté l’Ademe (agence de l‘environnement et de la maîtrise de l’énergie) pour « la surveillance des eaux souterraines, l’élaboration d’études d’impact et de comportement des polluants […] avec un budget d’1,4 million d’euros ». Une nouvelle campagne d’analyses a en effet démarré fin 2019 et devrait durer quatre années.
« La pollution va jusqu’à la place Jeanne-d’Arc »
Au niveau local, l’Etat, par l’intermédiaire de son représentant, a reçu Eric Straumann et Serge Nicole, maire de Wintzenheim, sur le ban duquel se trouve ce terrain. « Je pense que notre dossier va avancer, assure ce dernier. On ne va pas se contenter d’un grillage autour de la pollution. On veut sortir ce lindane de terre. On sait qu’il y a une pollution qui va jusqu’à la place Jeanne-d’Arc » à Colmar. Serge Nicole ajoute que les premières analyses de la nouvelle campagne pourraient être connues « d’ici février ». Et surtout disponible pour des habitants en attente de ces nouvelles données.
Si tout le monde semble d’accord pour éradiquer cette pollution, reste à savoir quand, comment et avec quel argent. Eric Straumann indique que l’Agglo, dont le prochain conseil aura lieu début février, abordera ce dossier et décidera « d’entamer une procédure judiciaire » contre l’Etat. Une façon de faire pression sur l’actionnaire majoritaire de PCUK (*).
Le maire avance, par ailleurs, une piste de réflexion sur le financement de cette dépollution. « Il y a aujourd’hui potentiellement des possibilités de financement dans le cadre de la fermeture de Fessenheim, souligne-t-il. Je vais essayer d’avoir accès à ces crédits pour financer l’extraction du lindane qui est techniquement bien plus simple que ce qui est éventuellement envisagé du côté de Stocamine. »
Si la préfecture du Haut-Rhin a demandé une étude sur la faisabilité de l’extraction de ce dépôt de lindane, aucun chiffre sur le coût n’a été communiqué. Le seul, repris par les élus, est celui énoncé par Claude Muller, directeur du projet de dépollution du site de Huningue (chantier titanesque qui a duré près de 8 ans, de 2012 à 2019 et a permis sur un terrain de 55 000 m2 d’extraire 445 000 m2 de terre polluée), qui évaluait en février 2020 le coût du chantier de Wintzenheim à « 30 à 35 millions d’euros ».
(*) C’est l’entreprise Produits chimiques Ugine-Kuhlmann (PCUK), installée à Huningue, qui a déchargé ces fûts dans l’ancienne gravière de Wintzenheim au cours des années 60 et 70. PCUK était à l’époque détenue par l’État, actionnaire majoritaire (51,7 %) et Pechiney (48,3 %). Elle a été placée en liquidation judiciaire fin 1996.
Le terrain où se trouve le dépôt de résidus de lindane appartient à un propriétaire privé. Il se trouve sur le ban de Wintzenheim, à proximité de celui de Colmar. Photo archives DNA
Le maire de Colmar, Eric Straumann, avait espéré rencontrer la ministre de la Transition Ecologique, Barbara Pompili, lors de son passage en Alsace la semaine dernière. Sans succès. Celle qui venait sonder Stocamine à Wittelsheim a, depuis, reçu le courrier du président de l’Agglo colmarienne portant sur le dossier tout aussi polluant du lindane.
Rappelant l’historique de ce dépôt, né au cours des années 60 et 70, et renfermant aujourd’hui de 700 à 750 tonnes de résidus de cet insecticide peu biodégradable et classé comme substance cancérogène depuis 1987, Eric Straumann plaide pour une résolution rapide de ce dossier, « sujet permanent d’inquiétude ».
Relevant l’absence de communication « depuis plus d’un an » sur l’état de cette pollution qui touche la nappe phréatique (un arrêté préfectoral de 2015 interdit la consommation de l’eau pompée, le remplissage des piscines, l’arrosage, l’irrigation ou l’abreuvage dans la zone correspondant au panache de pollution), le maire demande à la ministre la mise en place de « solutions durables, le cas échéant, l’extraction des produits stockés sur le site ».
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Il n’est pas le seul élu à monter au créneau. Yves Hemedinger a également décidé de s’emparer de ce dossier. Après avoir reçu l’association Tiefenbach environnement (ATE) fin décembre et posé une question écrite à la ministre Pompili (sans réponse pour l’instant), il a interpellé mardi la ministre déléguée Emmanuelle Wargon, lui demandant instamment d’agir. « Cette pollution concerne la nappe phréatique la plus importante d’Europe qui alimente deux millions de personnes, sa ressource en eau est un enjeu majeur pour nos territoires et sa qualité une question de sécurité sanitaire primordiale », a-t-il rappelé. « La dépollution de ce site est donc primordiale. Il s’agit bien d’une atteinte à l’environnement que certains d’entre vous appelleront un écocide ».
Emmanuelle Wargon lui a répondu dans la foulée que le gouvernement n’était pas resté bras croisés et avait mandaté l’Ademe (agence de l‘environnement et de la maîtrise de l’énergie) pour « la surveillance des eaux souterraines, l’élaboration d’études d’impact et de comportement des polluants […] avec un budget d’1,4 million d’euros ». Une nouvelle campagne d’analyses a en effet démarré fin 2019 et devrait durer quatre années.
« La pollution va jusqu’à la place Jeanne-d’Arc »
Au niveau local, l’Etat, par l’intermédiaire de son représentant, a reçu Eric Straumann et Serge Nicole, maire de Wintzenheim, sur le ban duquel se trouve ce terrain. « Je pense que notre dossier va avancer, assure ce dernier. On ne va pas se contenter d’un grillage autour de la pollution. On veut sortir ce lindane de terre. On sait qu’il y a une pollution qui va jusqu’à la place Jeanne-d’Arc » à Colmar. Serge Nicole ajoute que les premières analyses de la nouvelle campagne pourraient être connues « d’ici février ». Et surtout disponible pour des habitants en attente de ces nouvelles données.
Si tout le monde semble d’accord pour éradiquer cette pollution, reste à savoir quand, comment et avec quel argent. Eric Straumann indique que l’Agglo, dont le prochain conseil aura lieu début février, abordera ce dossier et décidera « d’entamer une procédure judiciaire » contre l’Etat. Une façon de faire pression sur l’actionnaire majoritaire de PCUK (*).
Le maire avance, par ailleurs, une piste de réflexion sur le financement de cette dépollution. « Il y a aujourd’hui potentiellement des possibilités de financement dans le cadre de la fermeture de Fessenheim, souligne-t-il. Je vais essayer d’avoir accès à ces crédits pour financer l’extraction du lindane qui est techniquement bien plus simple que ce qui est éventuellement envisagé du côté de Stocamine. »
Si la préfecture du Haut-Rhin a demandé une étude sur la faisabilité de l’extraction de ce dépôt de lindane, aucun chiffre sur le coût n’a été communiqué. Le seul, repris par les élus, est celui énoncé par Claude Muller, directeur du projet de dépollution du site de Huningue (chantier titanesque qui a duré près de 8 ans, de 2012 à 2019 et a permis sur un terrain de 55 000 m2 d’extraire 445 000 m2 de terre polluée), qui évaluait en février 2020 le coût du chantier de Wintzenheim à « 30 à 35 millions d’euros ».
(*) C’est l’entreprise Produits chimiques Ugine-Kuhlmann (PCUK), installée à Huningue, qui a déchargé ces fûts dans l’ancienne gravière de Wintzenheim au cours des années 60 et 70. PCUK était à l’époque détenue par l’État, actionnaire majoritaire (51,7 %) et Pechiney (48,3 %). Elle a été placée en liquidation judiciaire fin 1996.