Fabien Nierengarten
Nous sommes en l'An I après Jacobus Chiracus. Astérix et Obélix ont mis un terminus à leur carrière de super héros gaulois et coulent des jours heureux du côté de Fréjus. Pendant ce temps, hélas, un mal mystérieux s'est emparé de leur village de naissance. Le Covidivici XIX est venu et a vaincu certains de ses habitants pourtant réputés irréductibles.
Un confinum a immédiatement été ordonné en concertation avec les représentants de Rome, le vieux consul Diplodocus et son conseiller Papyrus. Les arènes, les théâtres, les tavernes et tous les commerces superflus sont fermés. Plus de jeux du cirque, plus de cervoise sur les terrasses, plus de déplacement sans dérogatium, Ici, on ne rigaule pas avec le virus !
Le chef du village, Jeancastix, accompagné de ses fidèles chefs-adjoints en charge de la santé, Epidemix et Pandemix, a immédiatement reçu une délégation des professionnels sinistrés. Parmi eux, le comédien Prolix, la chanteuse Zazix, le barde électro Remix, et comme représentant des taverniers, Etchebix, le célèbre cuistot aux trois écuelles.
Mais dans le journal du matin, les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent. Coté romain, on vient d'apprendre le suicide du centurion Roulètrus, chef du Fort Ciori, en pleine salle de reanimationem. Les Gaulois, quant à eux, pleurent le décès brutal d'Ecrevix, le poissonnier connu de tous pour sa recette de la carpe diem. Les ennemis d'autrefois décident donc d'enterrer le glaive de guerre et d'unir leurs forces pour affronter cet inconnus malus.
Un comité médical se réunit d'urgence autour de Jeancastix et du général Antivirus, envoyé spécial de l'Empereur. On y retrouve le druide Alambix, le professeur Bistourix, responsable du sanatorium local, et le docteur Infarctus, son alter ego de l'hôpital romain Yapamordum, ainsi que les pharmaciennes du village, Cloroquine, Solutricine et Vaseline.
Tous ces éminents spécialistes sont unanimes : seule une potion magique pourra sauver les villageois. C'est donc avec cette idée fixe qu'ils partent en quête d'un vaccinum. Dès le lendemain, Rhésus, le facteur de la garnison, leur apporte une missive en provenance du labo Mea Culpa. Son médicament, le Vaderetro, aurait été testé sur des centaines d'esclaves et serait fiable à XCVIII%.
Après de rapides négociations menées avec Prospectus, le commercial du labo, l'affaire est dans la besace et le contrat conclu au meilleur tarif, à la grande satisfaction du chef-adjoint chargé des finances, le vénérable Fraudix. Les premières doses du précieux vaccinum pourront ainsi être administrées, dès la semaine suivante, aux résidents de l'EHPADUM "Le Crucifix", évidemment tous volontaires selon Neurotoxine, l'ambitieuse directrice de l'établissement.
Mais la colère gronde parmi les villageois. Déjà échaudés par les loupés de l'ancienne chef-adjointe à la santé, Aniessebusine, les voilà remontés comme des cadrans solaires contre les mesures de confinum prises par ses successeurs.
Les meneurs de La Gaule Insoumise, principal parti d'opposition, demandent avec insistance l'organisation d'un référendum pour ou contre la campagne de vaccinationem, tandis que la passionaria Pulmarine n'en finit plus de sonder le fond de la piscine, afin d'y trouver quelques gilets (jaunes) de sauvetage.
Et puis, il y a les adeptes d’un certain Complotix. Ils se réunissent à l’abri des regards, dans une hutte du village tenue par Coccix et par son complice, l’obscur Petitanus. Une rumeur insistante dit qu’à l’étage, on trouverait des femmes de petites vertus, exploitées par le souteneur Bonusfalus et parfois même filmées à leur insus par Stanlélubrix, le célèbre producteur de filmix, accompagné de sa peu farouche assistante Viceversa.
Leur vision du monde est tellement sombre, qu’ils en arrivent à se méfier de leur propre ombre. Ne sachant apporter aucune solution à aucun problème, ils brillent surtout par leur capacité à opposer leur véto à toute initiative constructive. C’est dans un pays très lointain, situé bien au-delà de la Mare Nostrum, qu’on trouve la tribu des Yakafokon, celle dont les rituels ancestraux inspirent les nombreux fanatix du sinistre Complotix.
Mais revenons à nos brebix ! Face à la pression populaire, Jeancastix s’est vu contraint d’organiser une réunion publix…pardon, publique. D’autant plus que deux nouveaux décès sont venus, coup sur coup, endeuiller la population : d’abord, celui de Sinusine, la charmante épouse du parfumeur Nasix, victime d’une grave insuffisance respiratoire, puis celui de Bombix, le grand amoureux de la nature, sans doute victime de l'effet papillon.
Sur la droite de la tribune se trouve un énergique trio pro-vaccinum composé de Testantigenix, d’Asymptomatix et d’Idroalcolix. Une immense banderole déployée au-dessus d’eux proclame haut et fort leur soutien au chef du village : "Plutôt fichés que fichus !!!". Sur la gauche, il y a les partisans anti-vaccinum : Rictus, le candidat malheureux et inconsolable des dernières élections, puis Cactus, l’infirmier qui n’en peut plus de piquer à longueur de journée, et enfin, Eucalyptus, le doyen du village, qui n’y comprend que dalle car il est dur de la feuille, et qui répète sans cesse "c’est quoi là ?". Belle brochette ! Le nec plus ultra, assurément.
Cette réunion passionnante s’est évidemment terminée dans un climat passionné. Comment pouvait-il en être autrement ? A l’heure qu’il est, aucune décision n’a cependant été prise par Jeancastix. Son nouveau conseiller Pragmatix lui recommande beaucoup de prudence. En effet, aux dernières nouvelles, le virus semble ne pas se développer à l’Ouest, là où se trouve notre célèbre village. Ce qui a d’ailleurs permis à son chef, en toute fin de réunion, d’avoir ce bon mot un peu facile à destination de ses opposants : "Et maintenant, allez jacter à l’Est !".
Bon, allez, sur ce coup-là, j’ai vraiment honte. Promis, je vous raconterai la suite de l’histoire dès que j’en saurai plus. A plus !!
Le chef du village, Jeancastix, accompagné de ses fidèles chefs-adjoints en charge de la santé, Epidemix et Pandemix, a immédiatement reçu une délégation des professionnels sinistrés. Parmi eux, le comédien Prolix, la chanteuse Zazix, le barde électro Remix, et comme représentant des taverniers, Etchebix, le célèbre cuistot aux trois écuelles.
Mais dans le journal du matin, les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent. Coté romain, on vient d'apprendre le suicide du centurion Roulètrus, chef du Fort Ciori, en pleine salle de reanimationem. Les Gaulois, quant à eux, pleurent le décès brutal d'Ecrevix, le poissonnier connu de tous pour sa recette de la carpe diem. Les ennemis d'autrefois décident donc d'enterrer le glaive de guerre et d'unir leurs forces pour affronter cet inconnus malus.
Un comité médical se réunit d'urgence autour de Jeancastix et du général Antivirus, envoyé spécial de l'Empereur. On y retrouve le druide Alambix, le professeur Bistourix, responsable du sanatorium local, et le docteur Infarctus, son alter ego de l'hôpital romain Yapamordum, ainsi que les pharmaciennes du village, Cloroquine, Solutricine et Vaseline.
Tous ces éminents spécialistes sont unanimes : seule une potion magique pourra sauver les villageois. C'est donc avec cette idée fixe qu'ils partent en quête d'un vaccinum. Dès le lendemain, Rhésus, le facteur de la garnison, leur apporte une missive en provenance du labo Mea Culpa. Son médicament, le Vaderetro, aurait été testé sur des centaines d'esclaves et serait fiable à XCVIII%.
Après de rapides négociations menées avec Prospectus, le commercial du labo, l'affaire est dans la besace et le contrat conclu au meilleur tarif, à la grande satisfaction du chef-adjoint chargé des finances, le vénérable Fraudix. Les premières doses du précieux vaccinum pourront ainsi être administrées, dès la semaine suivante, aux résidents de l'EHPADUM "Le Crucifix", évidemment tous volontaires selon Neurotoxine, l'ambitieuse directrice de l'établissement.
Mais la colère gronde parmi les villageois. Déjà échaudés par les loupés de l'ancienne chef-adjointe à la santé, Aniessebusine, les voilà remontés comme des cadrans solaires contre les mesures de confinum prises par ses successeurs.
Les meneurs de La Gaule Insoumise, principal parti d'opposition, demandent avec insistance l'organisation d'un référendum pour ou contre la campagne de vaccinationem, tandis que la passionaria Pulmarine n'en finit plus de sonder le fond de la piscine, afin d'y trouver quelques gilets (jaunes) de sauvetage.
Et puis, il y a les adeptes d’un certain Complotix. Ils se réunissent à l’abri des regards, dans une hutte du village tenue par Coccix et par son complice, l’obscur Petitanus. Une rumeur insistante dit qu’à l’étage, on trouverait des femmes de petites vertus, exploitées par le souteneur Bonusfalus et parfois même filmées à leur insus par Stanlélubrix, le célèbre producteur de filmix, accompagné de sa peu farouche assistante Viceversa.
Leur vision du monde est tellement sombre, qu’ils en arrivent à se méfier de leur propre ombre. Ne sachant apporter aucune solution à aucun problème, ils brillent surtout par leur capacité à opposer leur véto à toute initiative constructive. C’est dans un pays très lointain, situé bien au-delà de la Mare Nostrum, qu’on trouve la tribu des Yakafokon, celle dont les rituels ancestraux inspirent les nombreux fanatix du sinistre Complotix.
Mais revenons à nos brebix ! Face à la pression populaire, Jeancastix s’est vu contraint d’organiser une réunion publix…pardon, publique. D’autant plus que deux nouveaux décès sont venus, coup sur coup, endeuiller la population : d’abord, celui de Sinusine, la charmante épouse du parfumeur Nasix, victime d’une grave insuffisance respiratoire, puis celui de Bombix, le grand amoureux de la nature, sans doute victime de l'effet papillon.
Sur la droite de la tribune se trouve un énergique trio pro-vaccinum composé de Testantigenix, d’Asymptomatix et d’Idroalcolix. Une immense banderole déployée au-dessus d’eux proclame haut et fort leur soutien au chef du village : "Plutôt fichés que fichus !!!". Sur la gauche, il y a les partisans anti-vaccinum : Rictus, le candidat malheureux et inconsolable des dernières élections, puis Cactus, l’infirmier qui n’en peut plus de piquer à longueur de journée, et enfin, Eucalyptus, le doyen du village, qui n’y comprend que dalle car il est dur de la feuille, et qui répète sans cesse "c’est quoi là ?". Belle brochette ! Le nec plus ultra, assurément.
Cette réunion passionnante s’est évidemment terminée dans un climat passionné. Comment pouvait-il en être autrement ? A l’heure qu’il est, aucune décision n’a cependant été prise par Jeancastix. Son nouveau conseiller Pragmatix lui recommande beaucoup de prudence. En effet, aux dernières nouvelles, le virus semble ne pas se développer à l’Ouest, là où se trouve notre célèbre village. Ce qui a d’ailleurs permis à son chef, en toute fin de réunion, d’avoir ce bon mot un peu facile à destination de ses opposants : "Et maintenant, allez jacter à l’Est !".
Bon, allez, sur ce coup-là, j’ai vraiment honte. Promis, je vous raconterai la suite de l’histoire dès que j’en saurai plus. A plus !!