L'IRE
Passagers clandestins
Il aura fallu une épidémie pour ébranler enfin le socle détestable de l’Économie toute puissante.
Comme si l’on s’apercevait enfin que le discours, tous les discours ne s’occupaient que de santé de l’économie et non de celle de l’humain, de celle de l’environnement, puisque l’on ne peut plus nier aujourd’hui que les deux sont liées.
On pousse aujourd’hui de hauts cris sur l’imprévoyance des pouvoirs publics sur le stock de masques, le nombre de personnels hospitaliers ? Quelle hypocrisie !
Alors qu’hier jusqu’aux personnes au pouvoir, même celles à qui étaient confiées la gestion des finances publiques, s’interrogeaient sur l’utilité des impôts, se grattaient la tête pour mettre en place des solutions d’évitement, rechercher des niches cela au nom de l’attractivité ou du risque d’évasion fiscale.
L’impôt était devenu un mot ordurier, le monde idéal était un monde sans impôts.
Le riche devait voyager léger, en passager clandestin, avec tapis rouge à la sortie de l’avion, congratulations et photos dans les journaux. Le reste de l’humanité en serait immanquablement bénéficiaire à la fin.
Quelle blague !
A quoi pensait-on en vilipendant l’impôt ? De quoi rêvait-on ? D’une vie où l’école, la santé et même la sécurité ne servent à rien ? On serait plus efficace et mieux servi en ne comptant que sur la capacité du seul individu à veiller sur soi ?
Depuis 30 ans les hôpitaux, comme l’école, comme la police manquent de moyens et le crient à qui ne veut pas les entendre.
Aujourd’hui, à vingt heures on applaudit, gratuitement, les braves soldats hospitaliers.
J’aimerais que ceux qui, d’une manière ou d’une autre, en pratiquant la recherche des niches fiscales ont contribué à l’appauvrissement des hôpitaux, aient la pudeur de retenir ce geste de solidarité.
De même, si dans l’urgence, l’argent d’où qu’il vienne sera utile et accepté, il faut se rappeler que c’est une insulte de faire des dons aux services publics si ces dons sont défiscalisés.
C’est des impôts qu’il faut payer, les services publics n’ont pas à dépendre de soi-disant mécènes ou de l’aumône privée.
Le service public c’est notre bien public.
Il justifie un effort commun.
Les Hospitaliers n’auront pas qu’une simple crise à passer, la crise hospitalière a commencé il y a trente ans.
La crise hospitalière comme celle de l’école et de la police doivent être résolues dans la durée.
Vive l’impôt !