Translate

24 janvier 2020

Tristan DENÉCHAUD

Ça y est. Comme tous les 6 ans, l’article de publi-information à la gloire du Maire est sorti, vous savez ce genre d’article où les soi-disant opposants qu’on interroge sont en fait des partisans et où l’on s’abstient de parler de la réalité du terrain. En tout cas, une sortie quasi simultanée au premier tract A3 de campagne de « passionnément Gilbert Meyer » qui a pour but de marteler, en gros, très GROS, qu’il est le Meilleur, qu’il est le Meilleur, qu’il est le Meyer, incontestablement puisque c’est lui qui l’dit. Mais que nous dit ce classement de l’Ifrap pour le Point, qui, soit dit au passage, est un faux institut de recherche mais un vrai lobby ultra-libéral [1] ? Qu’une approche purement comptable restreint largement l’appréciation réelle de l’action municipale. L’Ifrap, qui classe d’ailleurs Colmar dans les « petites villes » (sans tenir compte de l’agglomération), ce qui permet d’améliorer ses scores, oublie de préciser que la dette par habitant n’arrête quasiment pas d’augmenter depuis 2010, et qu’elle est dorénavant supérieure à la moyenne nationale, sans même parler du chômage (infographies ci-dessous – sources Ministère de l’Economie et Insee).

Bref, on en parle, du nouveau Parking de la Montagne Verte qui prend l’eau ? On en parle, des incivilités du quotidien qui s’intensifient ? On en parle, des horaires des bibliothèques, de la médiathèque, des centres socio-culturels, des piscines, de la patinoire, … ? On en parle, de la gestion du stationnement désastreuse (y compris pour les commerçants, les infirmières, les médecins, …) ? On en parle, de la gestion calamiteuse du Conservatoire de musique ? On en parle, des effectifs de la police municipale ? On en parle, de la gestion des déchets dans certains quartiers ? On en parle, du soutien tellement hétéroclite aux associations ? NON, on n’en parle pas, dans ce type de classement.

Une gestion rigoureuse, OUI, mais une gestion trop serrée avec des services qui sont sans arrêt comprimés, NON ! On investit des millions dans des équipements, mais derrière on ne met pas le budget nécessaire pour bien faire fonctionner ces équipements, au détriment de ce qu’on appelle le service public.

Ainsi, nous pensons que la gestion de Colmar ne doit pas se faire au détriment de son bien-vivre et de son attractivité. Or, que disent d’autres classements récents dont le Maire, bizarrement, ne parle pas ? Colmar n’apparaît pas dans le top 50 des « villes où il fait bon vivre » du Journal du Dimanche du 18 janvier 2020. Et Colmar est 83ème dans le dernier classement du Figaro Economie, mesurant la vitalité économique de 113 villes métropolitaines de plus de 50.000 habitants, au moyen de nombreux indicateurs socio-économiques : dynamisme démographique, santé des entreprises et du marché du travail local, niveau d’infrastructures et de services proposés, niveau de vie moyen de la population. Or, déjà en 2014, l’agglomération de Colmar arrivait loin derrière des agglomérations de taille comparable comme Béziers, Blois, Chalon-sur-Saône, Laval, Montbéliard ou Saint-Brieuc en termes d’attractivité (27ème sur 39, étude L’Expansion – Coface Services). C’est le triste constat des chiffres, c’est le triste constat de la réalité, c’est la face cachée d’un bilan, d’une gestion purement comptable.

Alors, OUI, comme écrit au verso du 1er tract de campagne de Gilbert Meyer, il est temps de « FAIRE DE COLMAR une VILLE qui offre à ses habitants un cadre de vie agréable, des équipements et des services adaptés aux exigences de notre temps… ». Et ce n’est pas le comptable Meyer qui s’en chargera !

Dans le détail, la politique fiscale de la municipalité sortante a un contrecoup : à Colmar, les services sont soit déficients soit bien plus chers que dans d’autres villes comparables (exemple : Quimper, Belfort…). C’est, par exemple, le cas des transports en commun. Les ménages les plus aisés n’en souffrent pas. Mais ceux qui gagneraient à pouvoir bénéficier d’un service performant perdent aujourd’hui jusqu’à plusieurs centaines d’euros par mois.

Pour un ménage qui vit dans un appartement spacieux, a choisi d’avoir deux voitures (ou plus), et n’a plus d’enfants à charge, la politique mise en œuvre est intéressante. Mais pour un couple de jeunes actifs, à quoi bon économiser une trentaine d’euros chaque mois si c’est pour perdre en moyenne 500 € pour une deuxième voiture car le réseau de bus n’est pas au point, et au moins 300 € pour la prise en charge de ses enfants (crèches, périscolaire, fournitures, loisirs…) ?

Depuis 2013, le budget municipal a atteint un record emblématique : un niveau d’investissement qui dépasse le fonctionnement. Un tel niveau de dépenses «pour le béton», cela signifie que les dépenses de fonctionnement (donc ce que la Ville consacre notamment au facteur humain) sont complètement atrophiées. Pas de médiateurs dans les quartiers, des agents municipaux à qui on demande de tout faire, beaucoup d’économies de bouts de chandelle…

Le résultat : une Ville en mode «service minimum» toute l’année !

La mauvaise gestion de Gilbert Meyer en 5 exemples

• 15 adjoints et une dizaine de conseillers municipaux délégués, dont la plupart ne sont même pas identifiés du grand public et ne disposent d’aucune autonomie pour travailler correctement, puisque tout est concentré autour du maire.

• un management pyramidal complètement obsolète, avec des services dotés de peu d’autonomie (avec une réponse systématique : « il faut demander à M. le Maire »)

• encore en 2020, des télé-procédures défaillantes et un manque de transparence (ex. : impossible de se procurer les délibérations municipales sur le site de la Ville…)

• le découragement d’entrepreneurs motivés (ex. : Vélotaxi…) et des associations qui souhaiteraient proposer des animations gratuites (par exemple sur la place Rapp, refus presque systématique, ou dans des salles municipales soi-disant mises à disposition gratuitement mais avec le chauffage payant, des attestations d’assurance impossibles à obtenir, …), alors qu’on pourrait bénéficier de beaucoup de prestations qui ne coûteraient quasi rien à la Ville.

• les mauvaises relations avec de nombreux partenaires (Région, Département, CCI, certaines communes…), qui privent Colmar d’un certain nombre de projets, alors que cela fait partie des compétences de base d’un bon maire de savoir discuter, négocier, et ne pas se fâcher avec tout le monde en essayant d’emblée d’imposer son point de vue !

EN RESUMÉ :

Une fiscalité et un budget sous pression, avec pour conséquence : des services publics soit trop chers, soit déficients !

LE COLMAR DE GILBERT MEYER :

UNE VILLE OÙ LE « CHACUN POUR SOI » ET LE « PREMIER ARRIVÉ, PREMIER SERVI » SONT DEVENUS UNE PHILOSOPHIE !

Références

[1] https://www.marianne.net/economie/l-ifrap-d-agnes-verdier-molinie-faux-institut-de-recherche-et-vrai-lobby-ultra-liberal?fbclid=IwAR2t58KLCnyPf2I-urZqaBcfwaZt6yQWE1i4-l9ZY_a-eEhrQe79kC89IhE

[2] https://www.lejdd.fr/Societe/le-palmares-des-villes-ou-il-fait-bon-vivre-3943833

[3] https://www.villesetvillagesouilfaitbonvivre.com/