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16 juillet 2019

Isabelle Kieffer
désespérée


Que cela se dise en termes choisis ou pas (tant la colère et la tristesse sont grandes), vivre normalement, agréablement, à Colmar tient du défi.
Habitués que sont les Colmariens à rester claquemurés chez eux lors de tous les événements dits festifs, ils n’ont pas répondu « présent » lors du passage du Tour : une ville morte, des avenues désertes. Les professionnels ayant à travailler au centre ont annulé, reporté, décalé leur activité ; d’autres n’ont vu ni patients ni clients et ont fait un chiffre d’affaire nul.

Réfléchir longtemps avant de prendre un rendez-vous, de prévoir quelques courses : stationner, où, à quel prix, quand, éviter les heures d’affluence des touristes, les rues barrées ou en travaux.
Ceux qui peuvent aller et venir à vélo ou à pied ont bien de la chance. Il faut être en bonne forme, ne pas avoir de jeunes enfants, de parents âgés, un handicap.

Devoir renoncer à ses commerçants de longue date avec lesquels on a tissé une relation de confiance, est-ce normal ? Se faire livrer plutôt que de risquer de ne pas trouver un stationnement et se priver ainsi d’un lien social et d’une sortie, est-ce normal ? Qu’un commerçant désespéré vous appelle pour dire « je viens vous chercher et vous ramènerai » est-ce normal ? On ose à peine avouer que l’on s’est résigné à aller hors-centre.

Pourquoi ne pas mettre la place Scheurer-Kestner en zone bleue ? Ce système fait ses preuves ailleurs, là où l’habitant n’est pas considéré comme une tirelire.
Quel bilan pour les navettes ? Quelles améliorations pour TRACE ?

La propreté : au point où on en est, il s’agit plutôt de salubrité. Corbeilles, poubelles, containers débordant pendant des jours et des jours sauf appel patient au service concerné débordé lui-aussi et en sous-effectif, puanteur, mouches, voire rats. Et pas qu’au centre où les repas et boissons pris dehors sont la règle. On sait bien que les déchets accumulés attirent d’autres déchets. Un coup de vent et ça atterrit sur les trottoirs, la chaussée, dans les jardins et recoins, sur les balcons.

La vie culturelle : quid du Colisée ? Rien ?
Ce n’est même plus la peine de consulter la liste des films programmés au CGR. Munster et Guebwiller, plus modestes, font mieux.

Le musée Unterlinden a des difficultés ? Rien d’étonnant, prix d’entrée prohibitif. Il serait temps de réfléchir aux tarifs. Il est loin le temps où j’y entrais plusieurs fois dans l’année pour revoir le retable et autres œuvres majeures. La société Schongauer : des notables fermés sur eux-mêmes, le prix de ses manifestations montre que l’ouverture à un public plus large, moins argenté, n’est pas une priorité. Et qu’elle est sinistre cette place, côté entrée et « Bains ». Aucune tentation d’y flâner.
Les touristes qui photographient à l’envi le « Bistrot des Lavandières » et la façade du « Vieux Pignon » consacrent-ils, ne serait-ce qu’une heure à ce musée ? Est-ce même prévu par les organisateurs de leur séjour ?

Le conservatoire : la cour du roi Pétaud. Consternant.

Désespérant, désespérés : on tourne en boucle, rien ne bouge, à moins d’un an des municipales, à part le triumvirat aux sobriquets variés qui entend-on ? Qui se détache ? Quelles propositions concrètes, modestes, réalistes, tenant vraiment compte de la vie quotidienne à Colmar pour ses habitants et ceux qui viennent y travailler ?