Les élus alsaciens donnent de la voix… enfin !
Riche séquence politique pour l’Alsace depuis un mois. Rappelons cette suite d’évènements que nous vous détaillons par ailleurs dans les articles listés dans cette newsletter. Début juin, publication d’un sondage Ifop commandé par les associations alsaciennes MPA, CPA et ICA, et dans lequel 72% des Alsaciennes et Alsaciens déclarent voter pour le retour d’une région Alsace en cas de référendum sur le sujet.
L’économiste Jean-Philippe Atzenhoffer démontre à l’appui que, si la Collectivité européenne d’Alsace devenait également région, on économiserait 100 millions d’euros par an rien qu’en supprimant les doublons, sans porter atteinte aux services publics.
La première réaction de Franck Leroy, président du Grand Est, a été comme d’habitude méprisante et insultante pour la volonté du peuple alsacien. Il a balayé le résultat du sondage car, selon ses dires, personne n’évoque jamais le sujet devant lui lors de ses visites sur le terrain depuis deux ans et demi, et qu’il y a d’autres sujets bien plus importants. En bref, si ses affidés subventionnés ne lui en parlent pas, c’est que ça n’existe pas. Bonjour la démocratie…
Conscient que cet argument ne suffisait plus, Franck Leroy a publié fin juin son propre sondage où 83% des « grandestiens » se déclarent satisfaits de l’action de la région Grand Est. Apparemment, nous sommes le seul média à relever que ce sondage a été effectué en rémunérant les sondés, ce qui en relativise le résultat (euphémisme).
Et, pour une fois, nos élus alsaciens ont saisi la balle au bond. Les 3 anciens ministres alsaciens Olivier Becht, Patrick Hetzel et Brigitte Klinkert ont publié le 3 juillet une tribune intitulée « Il est temps de faire de l’Alsace une région à part entière » dans le journal Le Figaro, en demandant expressément au gouvernement de déposer un projet de loi en ce sens. On vous en conseille la lecture, ce texte est à la fois clair et complet. Juste avant, Frédéric Bierry et 12 parlementaires alsaciens centristes ont signé et envoyé fin juin au Président de la République une lettre exprimant la même demande.
So what ? diront les sceptiques, le gouvernement et le Parlement, empêtrés dans leurs impuissances respectives, vont-ils agir ? Même s’ils restent inertes, cette séquence aura produit deux résultats positifs. D’abord, prouver que la question alsacienne reste d’actualité, n’en déplaise à Franck Leroy et aux partisans du Grand Est. Ensuite et surtout, des élus alsaciens se sont mobilisés – enfin - pour interpeler à voix haute les Pouvoirs publics à Paris. Se faire entendre jusqu’à Paris, c’est la clé d’un futur succès.
Benoît Kuhn
Éditeur
PS : les députés de la majorité n’ayant pas signé la lettre de Frédéric Bierry : Françoise Buffet, Louise Morel, Vincent Thiébaut dans le Bas-Rhin, Didier Lemaire dans le Haut-Rhin. Gardons-les en mémoire pour les prochaines élections.